Une République qui cède au chantage est une République en danger

Le fascisme prospère sur des événements réputés « ordinaires » de la vie mais qui pourtant ont un coté exemplaire. Toute violence « excusée », toute prise de position s’en prenant à la démocratie restant impunie, toute provocation uniquement destinée à inciter à la répression sont autant de racines du mal. Dans l’histoire toutes les dictatures ont été bâties sur le désordre non sanctionné par la démocratie apeurée . Il sert ensuite à justifier toutes les agressions. Et il arrive même très souvent qu’il suffise de créer l’incident pour faire condamner, par l’opinion dominante, la réaction des gens chargés de faire respecter les règles républicaines du vivre ensemble. Au nom de leur victimisation, les « extrémistes » ordinaires de tous bords s’arrogent le droit de casser, de blesser et même de plus en plus de tuer pour se « défendre » contre des agressions réputées institutionnelles. C’est ainsi depuis des décennies. Et ce fut le cas récemment en Bretagne !

Un portique écotaxe s’était effondré après avoir fait l’objet d’un début d’incendie lors d’un rassemblement de manifestants à « bonnets rouges » dans le cadre d’une journée de mobilisation en Bretagne. Le gouvernement avait pourtant annoncé la suspension de la mesure quelques jours auparavant. Il était situé sur la RN24, une route à quatre voies reliant Lorient à Rennes. Outre celui de Saint-Allouestre, trois autres portiques écotaxe ont été détruits depuis le début du mois d’août en Bretagne. De vrais « attentats » déconnectés comme le veut la tradition, des objectifs d’une manifestation réputée apolitique, paisible et organisée. On sait qu’il s’agit toujours « d’éléments incontrôlés »

 Un transporteur et un chauffeur routier du Morbihan ont été placés en garde à vue à la gendarmerie de Vannes où ils avaient été convoqués pour ces faits délictueux. Interrogé par une correspondante de l’AFP, Claude Rault, qui représente le « Collectif des transporteurs de Bretagne, avait laissé alors immédiatement laissé entendre que les transporteurs pourraient mener des actions pour protester contre ces gardes à vue. « Il y a des chances que la Bretagne soit bloquée si les gars restent en prison « , avait-il lancé. C’est intolérable d’entendre de pareils propos qui ne font que confirmer le caractère lamentable d’un mouvement fourre-tout ayant rassemblé, au nom de la défense de l’intérêt général, des corporatistes, des poujadistes et de braves gens pris en otages. Le transporteur de la société Ouest Sablage, et un chauffeur routier de Breizh Frigo ont finalement été… relâchés. Ils avaient été convoqués à la gendarmerie pour être entendus suite à l’incendie du portique de Saint Allouestre, pendant la manifestation des transporteurs du 2 novembre dernier. Devant le procureur, l’un a reconnu les faits et sera donc poursuivi pour incendie volontaire. L’autre est mis en cause pour complicité et pour avoir des pneus et des palettes qui ont servi à l’incendie. Ils comparaîtront le 9 janvier au tribunal correctionnel de Vannes…soutenus par évidemment leurs collègues outrés que l’on puisse les poursuivre.

Les menaces du « collectif » étaient révélatrices d’un comportement social désastreux : « soyez intransigeant, sévère, répressif avec les autres mais ne e touchez quand je me comporte de manière plus grave que ceux que vous devez sanctionner sans défaillance ». Le seul fait que des menaces de blocage de la Bretagne aient pu exister permet d’envisager la suite qui sera donnée au mouvement de l’alliance contre nature des « bonnets rouges » et des « bonnets bruns ». On aura droit à de nouveaux actes de vandalisme ou d’incivilités caractérisées pour lesquels tous les jours, dans les tribunaux jugeant les flagrants délits, des gens plongent pour plusieurs mois ! Pour eux la sanction réclamée par une société apeurée, angoissée, affolée par l’insécurité est logique et très insuffisante selon, certainement les dires quotidiens, des manifestants bretons ! Il faut faire monter la pression. Que leur dire, à ces « accusés » des « flags » après leur jugement quand deux manifestants couverts par aucune déclaration officielle, détruisent ou saccagent des équipements au seul prétexte qu’ils sont hostiles à une mesure fiscale votée à l’unanimité par le Parlement ? Comment protester contre des « casseurs de banlieue » ou des hooligans de stade » ayant détruit des halls d’immeubles ou arraché des fauteuils en bandes organisées quand un responsable syndical annonce des routes bloquées pour sauver deux dérangés qui confondent « manifester » et « se distinguer », « protester » et « saccager » ? Laisser faire, ne pas voir, ne pas sanctionner c’est forcément ouvrir la voie à tous les abus et légitimer des coups de force potentiels contre les lois. Chaque fois que la République fléchit elle s’affaiblit. Elle doit être juste, respectueuse, équitable mais intraitable sur les principes. On peut y croire c’est désormais un luxe.

Cet article a 2 commentaires

  1. Eric Batistin

    Ce qui est bien ennuyeux dans tout ça
    c’est que le port du bonnet est fort utile par grand froid.
    Or, je n’en ai pas trouvé encore d’incolore.
    Les contrôles d’identité et les jugements circonstanciels
    ont en commun une chose: le délit de bonnet .
    Il est fort désagréable de « porter le chapeau » pour un autre.
    A savoir si Novatrans a intérêt ou pas à coiffer ses hommes de main,
    d’un bonnet rouge ou d’un bonnet phrygien ?
    L’avenir du ferroutage est entre les mains des juges !
    Celui des juges dépendra du temps que mettrons les petits transporteurs à mourir !

  2. facon jean françois

    Bonjour,
    votre billet fait ressurgir de ma mémoire le dernier couplet de la chanson de B.Vian.
    Tonton devant ce résultat
    Ne se dégonfla pas
    Et joua les andouilles
    Au Tribunal on l´a traîné
    Et devant les jurés
    Le voilà qui bafouille
    Messieurs c´est un hasard affreux
    Mais je jur´ devant Dieu
    En mon âme et conscience
    Qu´en détruisant tous ces tordus
    Je suis bien convaincu
    D´avoir servi la France
    On était dans l´embarras
    Alors on l´condamna
    Et puis on l´amnistia
    Et l´pays reconnaissant
    L´élu immédiat´ment
    Chef du gouvernement

    Plus sérieusement, on constate souvent la lourde condamnation des agitateurs puis lorsque le soufflé est retombé il y a l’amnistie.
    Parfois, l’amnistie n’est pas acceptée comme dans le cas du tango législatif pour l’amnistie sociale qui s’est terminée par un enterrement en commission des lois.
    Pourtant la déclaration de M. Marc Dolez, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République était très convaincante . » Madame la présidente, monsieur le ministre, monsieur le président de la commission des lois, mes chers collègues, la proposition de loi que nous examinons ce matin a été adoptée par le Sénat le 27 février dernier, mais rejetée par la commission des lois de notre assemblée.

    L’amnistie qu’elle propose se justifie par un contexte de crise économique exceptionnelle, qui remet en cause notre modèle social et suscite dans la société angoisse et souffrance. Confrontés aux licenciements, aux fermetures d’entreprises ou à la dégradation de leurs conditions de travail, les salariés, avec leurs syndicats, dans des actions collectives et parfois dans des situations de désespoir, tentent de se faire entendre car ils n’ont que leur travail pour vivre. Cette mobilisation s’est parfois traduite par des manifestations ou des actions au cours desquelles des infractions ont pu être commises. C’est à cette souffrance et à cette angoisse, que ce texte portant amnistie entend répondre… »
    Il est vrai que les délinquants étaient des salariés (futurs chômeurs honteusement assistés), pas des agriculteurs ni des patrons!

    L’histoire nous livrera bientôt sa vérité sur la suite donnée à cette grenade dégoupillée de l’écotaxe.

    Bonne journée

Laisser un commentaire