L'exemple vient-il toujours d'Allemagne ?

L’Allemagne…Toujours l’Allemagne ! L’UMP répète à qui veut encore l’entendre que l’Allemagne est le paradis du libéralisme européen efficace et compatible avec le redressement d’un pays. Il n’y a que l’Allemagne conduite par une femme inflexible qui inflige à tous les pays de l’UE une cure d’austérité destinée essentiellement à protéger les intérêts de son électorat. Le seul problème c’est que malgré ce que ses partisans français appellent la « réussite de sa politique » elle n’a pas obtenu une confiance suffisante de son électorat pour poursuivre seule l’aventure.

On oublie trop souvent qu’elle n’est pas à la tête d’un parti unique mais d’une coalition regroupant les Unions chrétiennes (CDU/CSU, Union chrétienne-démocrate, Union chrétienne-sociale), qui sont certes arrivées largement en tête des législatives du 22 septembre avec 41,5% des voix mais ne peuvent pas gouverner seul. Il existait donc deux possibilités : revenir aux urnes avec un résultat encore plus aléatoire ou se rabibocher avec le SPD le parti d’opposition afin d’être réélue chancelière pour 4 ans. Bizarre mais il y a silence radio, télé et presse écrite sur cet accord. Plus d’éloges sur Merkel dont la décision n’a plus désormais valeur d’exemple. Qu’en pensent les Sarkozistes ? Que pensent de ce pragmatisme politique les bouffeurs permanents de socialistes à droite certes mais aussi à gauche ? Qu’en pensent les militants du PS hexagonal quand on sait qu’après des semaines de négociations parfois tendues, l’accord de coalition entre conservateurs et sociaux-démocrates, conclu fin novembre, a été approuvés par les adhérents du SPD à une très large majorité (76%) au cours d’un référendum interne ?

Le pari est très osé car le quotidien conservateur Die Welt fustige déjà un « gouvernement dirigé par la droite qui mène une politique de gauche et qui va coûter cher à l’Allemagne », les milieux d’affaires allemands et une grande partie de la presse ont aussitôt critiqué les dépenses et investissements évalués à 23 milliards d’euros d’ici à 2017. Et il est certain qu’à gauche on critiquera « vertement » un gouvernement avec des ministres réputés de gauche qui mènent une politique de droite qui va socialement affaiblir l’Allemagne ». L’ouverture n’a jamais débouché sur des jours paisibles car le grand écart permanent finit par causer des dégâts aux adducteurs !

Dans le fond Merkel aura tout de même le dernier mot sur tous les sujets essentiels et elle a préservé le cœur de sa politique précédente laissant à ses « adversaires-partenaires » les sujets de société qui, on le sait, ne provoquent que des réactions hostiles. Ainsi la chancelière conserve son ministre des Finances Wolfgang Schäuble (CDU) et une position dominante dans son nouveau gouvernement de coalition. Il est associé à la stabilité de l’euro et à la politique qui l’accompagne et à tout ce qui est important en Europe. Il sera en fait le vrai « vice-chancelier » et tiendra le cap face à ses collègues européens. En résumé l’Europe n’a rien à espérer de cette coalition tant que Schäuble en poste depuis 2009 est en place. La gestion de la crise de l’euro, se fait d’abord à la chancellerie et ensuite elle se fait aux Finances et donc rien de nouveau à espérer. L’Allemagne a été abondamment critiquée pour s’être trop serré la ceinture ces dernières années au détriment des exportations de ses partenaires… et l’appauvrissement général du pays a eu eds conséquences graves pour la France elle-même. 

Le chef du SPD, Sigmar Gabriel,  hérite du titre honorifique de vice-chancelier et a annoncé qu’il prenait la tête d’un grand ministère de l’Economie et de l’Energie. Les sociaux- démocrates ont également obtenu la nomination de Frank-Walter Steinmeier aux Affaires étrangères, un poste qu’il occupait pendant le premier mandat de Mme Merkel (2005-2009), déjà dans une grande coalition. La seule nouveauté concerne le ministère du Travail, où la secrétaire générale du SPD, Andrea Nahles, devra concrétiser la principale avancée sociale du contrat de coalition : la mise en place d’un salaire minimum universel, fixé à…. 8,50 euros de l’heure.

Le SPD prend un risque en choisissant d’endosser la responsabilité de la transition énergétique, l’un des plus gros chantiers de l’Allemagne pour les années à venir, et l’un des plus délicats. Cette transition à marche forcée est une conséquence de l’abandon du nucléaire décidé en 2011 par la chancelière Angela Merkel après la catastrophe de Fukushima. Il devra oeuvrer pour l’essor des énergies renouvelables tout en maintenant des prix de l’énergie raisonnables pour les ménages et les entreprises. Il aura également la rude tâche de développer les infrastructures manquantes pour le transport de l’électricité et endiguer la hausse des émissions de gaz à effet de serre constatée depuis deux ans. Autant écrire qu’il n’a pas fini d’être sur le devant de la scène et de se faire « lapider » alors qu’on prétend qu’il pourrait être candidat contre Merkel en 2017 ! Plus symboliquement, le SPD a choisi Mme Aydan Özuguz pour être secrétaire d’Etat auprès de la chancellerie chargée des Migrations, des Réfugiés et de l’Intégration. Elle devient la première femme d’origine turque à faire partie d’un gouvernement allemand… tiens donc on serait moins raciste Outre-Rhin que nous le sommes en France ? J’attends avec une grande impatience les commentaires de la Droite Française sur ce gouvernement… et surtout une prise de conscience que la situation chez nous nécessite une autre attitude que celle ses leaders actuels. 

Cette publication a un commentaire

  1. Eric Batistin

    « Rien de plus inconséquent qu’une logique conséquente. »
    de Johann Wolfgang von Goethe

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