Il y en a qui ne manquent pas d'air…

C’est certain que si vous ne connaissez pas la France profonde vous n’avez jamais mis le nez à Montcuq. Le village lotois a pourtant eu son heure de gloire il y a plusieurs décennies car il a été popularisé dans les années 70 grâce à un sketch de Pierre Bonte avec Daniel Prévost pour l’émission satirique « Le Petit rapporteur ». Sous la houlette de Jacques Martin la télé avait dévoilé tous les mystères de Montcuq pour en faire une véritable curiosité qui n’avait vraiment pas besoin d’être cryptée. A une heure de grande écoute les reportages s’étaient succédé sans que personne porte le pet auprès du CSA qui n’existait pas encore.

On avait vite oublié ce patelin, les Montcuquois et les Montcuquoises pour passer à… Condom. Le bonheur n’étant pas toujours dans le pré, les visiteurs anglo-saxons préféraient une photo avec le panneau d’entrée plus évocateur de cette cité gersoise à l’arrêt de Montcuq. La blague est toujours d’actualité et il a fallu préserver l’identité de Condom en déposant comme le permet désormais la loi une marque au nom de la ville. Pour être sûre de bénéficier d’une disponibilité pleine et entière de son nom, une commune doit en effet déposer son nom à titre de marque. Dans le cas contraire, un particulier ayant déposé comme marque de son exploitation commerciale le nom d’une commune dispose d’un véritable monopole sur le nom de cette commune qu’il peut légitimement opposer à cette dernière et à ses administrés pour empêcher son utilisation. C’est malheureusement le cas de certaines communes dans notre pays comme n’ont pas su le faire Laguiole et bien d’autres.

En fait, une affaire est révélatrice de l’exploitation que l’on peut obtenir de cette partie de la géographie française. Un jeune étudiant a eu l’idée lumineuse de proposer de « l’air de Montcuq » mis en boites. Il est en passe de se constituer un beau coussin moelleux de billets grâce à la vente de ce qui constitue une bouffée d’oxygène en cette période où la pollution envahit le cieux urbains. On décapsule le récipient et immédiatement on prend son pied avec la fraîcheur du contenu de ce produit miracle. On s’envoie en l’air !

Au début quelques dizaines de clients ont été attirées par Montcuq afin de s’offrir une belle tranche de rigolade. Lentement via internet, le racolage s’est accru et des milliers de clients ont aspiré à autre chose que leur souffle quotidien. Malin, l’étudiant a vite pris soin de déposer le nom de son produit. Sans faire de bruit, ses ventes par correspondance lui ont permis d’amasser 15 000 euros de chiffre d’affaires avec 60 % de marge sur chaque boîte. « Je viens de recevoir l’air de Montcuq », commente un fan sur la page facebook de la marque, « ça change de Paris, je vais m’en faire une boîte ce soir. » Une édition limitée de 50 exemplaires, « version or », vient d’être commercialisée. D’autres « surprises » devraient suivre. On parle même « d’air de Montcuq » bordé de médailles et le créateur espère un coup de main bien placé pour l’aider à montre les degrés vers les sommets. Incroyable : la moitié des commandes hors de France sont d’origine belge mais Américains, Canadiens et, de façon plus inattendue, Tchèques, Danois et Singapouriens ont également émis le souhait de humer « Montcuq ». La notoriété internationale ne marquera pas de temps d’arrêt !

Cette initiative insolite mais ingénieuse va certainement ouvrir des vocations. Il y a des maires qui ont intérêt à vite déposer la marque de leur village. Ainsi il paraît possible de se lancer dans la fabrication de bâtons ou de prothèses auditives à Aureille (13) mais il est impossible de prévoir ce que donnerait un jumelage entre Condom (32) et Belle Verge (53)…ou de Gland (02) avec Chatte (38). Il est certain que de l’air venant de Froidcul (57) aurait un impact certain en période de canicule surtout s’il est utilisé à Haleine (51). Mais dans le fond tout finirait en arrivant en prenant son pied à Seix (09) où tout le monde le sait il est désormais interdit de faire commerce !

En cette période où la balance commerciale hexagonale est en difficulté, on peut trouver des produits dérivés haut de gamme afin de diffuser la culture française sur toute la planète. L’idée de cet étudiant qui ne manque pas d’air et qui n’est pas si évaporé que ça lui permettra de faire fortune avec Montcuq. A l’époque où le gouvernement vient de décider, pour brasser de l’air, qu’il est interdit de faire commerce de son corps cet exploiteur joue les maquereaux en utilisant les avantages naturels des autres.

Le maire de Montcuq devrait donc exiger des royalties pour, avec cette manne, refaire tous les trottoirs de sa charmante ville ! L’initiative serait au poil pour son budget.

Cet article a 6 commentaires

  1. REIX J-P

    Très bon!
    Mais il y en a quand même qui ont de l’argent à foutre en l’air (de Moncquc ou d’ailleurs) !

  2. Christian Coulais

    Bons baisers de Monteton…
    (commune du Sud-Ouest de la France, située dans le département de Lot-et-Garonne, région Aquitaine). Intime et chaleureux, c’est écrit sur le site communal ! http://www.monteton.fr

  3. François

    Bonjour !
    De visu, on peut constater que l’exploitation de la bêtise humaine est TOUJOURS libre et aussi sans limite … qu’elle-même !
    En plus, cela rapporte de la TVA et autres taxes.
    Question: quel taux doit-on appliquer ? Normal, intermédiaire ou réduit ?
    Désolé, Monsieur Hollande, le 33,3 % (produits de luxe) a été aboli ! Sinon, c’était le pactole pour combler ce sacré déficit qui hante vos nuits blanches ! ! ! ! !
    Cordialement

  4. J.J.

    Pendant que nous y sommes, pourquoi pas un comité de jumelage entre les communes de Montéton et La Réole ?

  5. rosière1938

    Et moi qui croyait que l’Anus(Yonne) se trouvait près de Montcuq.
    Mais cet étudiant est prêt pour de haute fonction politique. Il brasse déjà de l’air (de Montcuq) pour le bien des autres

Laisser un commentaire