Il faut d'urgence un Grenelle de l'éducation

On a fait des Grenelle sur presque tous les sujets… on a tenté de régler des problèmes concrets en rassemblant sur un thème, la quasi-totalité des structures concernées afin de préparer ou même préserver l’avenir. Même si souvent ces grands « messes » ne débouchent pas sur une prise en compte totale des propositions retenues il est évident qu’elles génèrent au moins une prise de conscience collective des difficultés. Dans le contexte actuel il serait en effet particulièrement utile de rassembler le plus grand nombre de partenaires potentiels sur un sujet simple : « quelles sont les finalités de l’école ? » tant une évolution est indispensable. On se querelle sur des épiphénomènes (rythmes, voile, périscolaire, niveau…) sans jamais aborder le vrai problème. Or, chaque jour, un fossé se creuse de manière dramatique entre la société et son système public d’éducation. Durant les décennies précédentes, le seul principe qui a été posé : le manque de moyens alors que ces derniers ne doivent exister que pour mettre en œuvre des objectifs républicains concrets !

Pour Jules Ferry il n’y avait aucune ambiguïté sur le rôle de l’enseignement. Apprendre à lire, à compter, à vivre constituait la mission simple des « hussards » seuls détenteurs du savoir dans un monde non médiatique. Les difficultés sociales se gommaient par la réussite scolaire et le fameux ascenseur social qui en découlait automatiquement. Maintenant plus rien ne fonctionne et les professeurs ne sont que des « infirmiers » spécialisés tentant de dispenser des soins permanents à des épidémies sociales incontrôlables. On leur demande des « miracles » quand ils peinent déjà à assurer le suivi ordinaire quotidien des enfants qui leur sont confiés. Ils sont de plus en plus impuissants face à ces carences éducatives qui prennent le dessus sur tous les apprentissages. Enfants violents, préoccupés, inattentifs, soutenus en toutes circonstances par des parents avides de transférer leur responsabilité sur des fonctionnaires les accueillant 10 % de leur temps de vie dans une année ! Que font-ils durant les 90 % qu’il leur reste ? Peu importe puisque c’est à l’école de réaliser l’impossible : culture, morale, attention, solidarité, fraternité…. quand dès que le portail est franchi on leur inculque le contraire. Comment s’étonner que des générations deviennent racistes quand à la maison on l’est 24 heures sur 24 ? Comment l’école peut-elle échapper à la violence quand dans les couples, elle est à fois verbale et physique ou que des heures de télévision ou de jeux vidéo la banalisent ? Comment l’école peut-elle parler d’égalité quand la précarité est le lot quotidien d’un élève ? Comment prétendre avec une initiative culturelle redresser l’absence de références dans ce domaine quand plus de 50 % des familles françaises considèrent que c’est inutile ?

Huit enseignants de l’école primaire Cocteau à Petite Rosselle (Moselle) se sont récemment mis en arrêt maladie, invoquant un « choc psychologique » provoqué par l’ensemble de ces constats. En cause : un groupe d’écoliers de CM1-CM2 qui sème la terreur dans l’établissement. Selon eux, ils frappent leurs camarades, insultent et crachent sur leurs professeurs. Et les punitions à répétition ne semblent rien y faire. Les professeurs auraient même été pris à parti par les parents de ces élèves turbulents. Certains auraient été jusqu’à s’introduire dans la salle de classe pour les invectiver. L’école scolarise 12 enfants placés en foyer éducatif. Deux d’entre eux seront extraits de l’établissement prochainement. Mais bien évidemment rien ne sera réglé sur le fond ! Que peut l’école ?

C’est révélateur de cette société dans laquelle les adultes renoncent, capitulent, s’inclinent au nom du fait que leurs enfants ne peuvent pas être moins libres que ceux du voisin ! Le renoncement est réel et se répand à une allure phénoménale de manière visible (placement auprès d’institutions spécialisées dans le comportement en hausse constante…) ou invisible (réalité inquiétante). Il arrive que les élus interviennent pour des parents démunis face à l’agressivité de leur progéniture. Pas plus tard que la semaine dernière après de multiples entretiens et démarches nous avons été contraints de refuser l’accès aux services publics communaux d’un gamin violent, terrorisant les autres, insultant le personnel et refusant toute organisation collective ! L’école elle, devra lui transmettre un savoir et tenter de le ramener vers une réussite strictement scolaire dont il n’a rien à faire !

Jamais on admettra que le système éducatif ne peut plus être le déversoir des échecs de toutes sortes dans une société adepte du jeu de la « patate chaude » ! Le savoir n’est plus la clé de la réussite et il va falloir l’admettre vite car les technologies du futur permettront de compenser toutes les carences dans ce domaine. En revanche l’autonomie, la responsabilité, la capacité à gérer sa propre vie, l’éducation civique, l’esprit critique, la culture… resteront les fondements de l’intégration sociale réussie. Et de çà il faudrait un jour se décider à en parler ! Quand ? Je l’ignore ! 

Cette publication a un commentaire

  1. suzanne marvin

    notre député devrait intervenir à l’Assemblée Nationale…….qu »est ce qu’il ya de plus important à défendre dans notre République que la Laîcité ? et quand la Laîcité est attaquée….ce sont les fondations de ce pays qui se fragilisent……..le vivre ensemble en paix………..qu’est que l’on veut ? voir nos enfants s’égorger un jour?………..

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