Municipales : un constat concret sur un territoire !

1505397_224182944436513_112462854_nDernière réunion de l’amicale des maires du canton. Pratiquement tous les élus en poste étaient au rendez-vous pour évoquer les sujets d’actualité avant un moment de partage simple et convivial. L’occasion était belle d’un échange dénué de toute arrière-pensée politicienne et de connaître la situation à moins d’un mois de l’ouverture de la campagne officielle des municipales et de faire un état des lieux sur une fonction républicaine mal en point. Bien évidemment, vue sous l’angle partisan, la situation actuelle ne paraît pas préoccupante puisque les médias concentrent seulement leurs regards sur les grands enjeux nationaux. Une élection de proximité devient sans intérêt pour eux sauf si elle permet pour les « je-sais-tout » des radios et des télés de quantifier la popularité… du Président de la République et de jauger l’avenir du gouvernement ! Il n’y aurait rien d’autre de passionnant dans ce scrutin ne retenant l’attention que lorsque des personnalités « télévisables » sont en lice. Or les 550 000 élus locaux gestionnaires pour le compte de l’état républicain de la vie locale ne sont pas essentiellement « urbains » mais bel et bien « rurbains » ou « ruraux » et l’enjeu consiste à savoir comment en sortira la démocratie locale au soir du 23 mars.

Dans l’Amicale on trouve donc 28 maires qui représentent près de 45 000 habitants et qui sont les chefs de file plus de 450 élus en poste dont seulement 20 % repartent…pour un nouveau mandat (c’est une vraie hécatombe) Le panel est donc révélateur de la situation générale d’un pays en mal de citoyenneté active. L’hémorragie des bonnes volontés dans la vie publique (élus mais aussi responsables associatifs, coopératifs, syndicaux ou politiques) constitue un vrai danger pour le système social français.

Au moment du bilan hier soir il y avait donc 14 premiers magistrats se retirant purement et simplement de leur fonction dont 3 qui continuent sur une liste sans revendiquer leur ancien poste. On arrive donc pour la première fois depuis une trentaine d’années à 50 % de renoncement à poursuivre dans une fonction que tous estiment « usante », « ingrate », « dévalorisée », « exigeant », « marre du tous pourris », épuisement face aux contraintes croissantes », « déception face aux comportements individualistes » « refus de la caricature », « souci de préserver la famille »...Parmi ces « retraités » dont une grande majorité avaient plusieurs décennies de mandat local (1971 pour l’élection du plus ancien) on trouve…les 3 seules femmes en poste ! Un vrai signe car à ce jour elles ne seront que 3 à tenter leur chance pour obtenir une écharpe tricolore ce qui démontre que la « parité » effective ne se décrète pas forcément pour la prise de responsabilité.

La relève mobilise actuellement de manière officieuse sur les 28 communes seulement 45 listes se prétendant complètes (2 ou 3 n’ont toujours pas assez de candidates!) ce qui conduit à effectuer un constat qui va à l’encontre des objectifs initiaux du gouvernement ; il n’y aura pas en moyenne moins de 2 listes pour un choix possible. En introduisant la proportionnelle avec liste complète paritaire dans les communes à moins de 1 000 habitants on a complexifié le système électoral et c’est devenu un handicap. Ainsi il devrait y avoir, sauf surprise de dernière minute pas moins de 13 communes dans lesquelles il n’y aura qu’une seule liste et 1 dans laquelle il n’y a pas actuellement de tête de liste et de candidats ! Qui se préoccupe vraiment de ce phénomène contraire aux intérêts réels de la démocratie ? Quelles en sont vraiment les véritables causes ? La proportionnelle paritaire avec listes bloquées a-t-elle amélioré le débat démocratique?

Dans les autres communes la concurrence peut aller d’un duel (6 situations) à un trio de prétendants (6) et même une seule annonce (peu probable) de 4 ou 5 propositions différentes mais nulle part on ira vers des affrontements politiques clairs. L’UMP possédait officiellement un seul Maire adhérent sur 28 communes, le PS (5) et le Parti Communiste (2)…mais à l’heure actuelle pas une seule liste a été constituée sur des critères politiques. On a une commune où les militants socialistes sont sur 3 listes différentes et beaucoup sur lesquelles il n’y a aucun candidat(e) encarté dans un parti ou un autre. La proportionnelle n’a rien amélioré. Aucune revendication visible pour le Front national… malgré une tentative de constitution d’une liste actuellement incomplète (quasiment aucune femme n’accepterait de s’afficher derrière un militant FN dans un village).

La campagne est lancée dans 21 communes. Elle tourne,quand elle est vive, essentiellement autour de querelles de personnes puisque souvent des sortants ont quitté leur camp pour se lancer à la conquête du fauteuil de maire en créant leur propre liste (adjoints) et rares sont les nouveaux venus (une douzaine seulement) ce qui fausse l’appréciation qui circule sur le renouvellement de la vie politique puisque à ce jour le PS semble avoir 4 candidats et l’UMP toujours un seul ! Les oppositions ne reposent que la gouvernance (3 communes), sur des projets différents (4 communes) et pour le reste on s’affronte sur les taxes et les impôts locaux. En fait la seule certitude c’est que ce sera, en raison de la proportionnelle, un vrai drame pour l’intercommunalité qui va se retrouver avec des majorités fluctuantes et qui constituera le second round des municipales alors que jusqu’à présent on avançait de manière solidaire dans bien des cas. Le prochain mandat s’annonce complexe, hasardeux et contraint mais ne brisons pas les espoirs et le plaisir de celles et ceux qui croient en leur rôle ! Ils ont au moins le courage de briser une indifférence et ils se forcent à construire ce qui mérite le respect !

Cet article a 4 commentaires

  1. Norbert

    Bonjour,

    Ce seuil de 1.000 hab est tout de même, juridiquement, bien surprenant.

    Jusque là le seuil permettant de distinguer « grande » et « petite » commune était fixé à 3.500 hab tant dans le code électoral que dans le code général des collectivités locales et même dans le code pénal avec l’article 432-12 qui réprime les prises illégales d’intérêt mais admet des dérogations pour les maires des communes de moins de 3.500 hab.
    Bref, mais là il s’agit d’un point de vue personnel : le seuil de 3500 hab introduisait une sorte de démocratie à deux vitesses avec 33.826 communes de moins de 3.500 hab sur 36.567 qui sont placées dans un contexte juridique « allégé » ou dérogatoire ( délai de convocation du conseil 3 jours au lieu de 5, dispense de débat d’orientation budgétaire, de règlement intérieur, opposition non juridiquement reconnue et donc non protégée…. la liste ne s’arrête pas là).
    J’aimerai connaître le point de vue de Jean-Marie sur ce nouveau seuil et son avenir : est-il appelé à disparaître ou au contraire à être introduit dans le code général des collectivités locales, le code pénal, voire dans l’instruction comptable M14 qui distingue elle aussi entre communes de plus ou moins 3.500 hab.
    Très amicalement
    Norbert

    1. Jean-Marie Darmian

      Réponse : je pense qu’abaisser à 1 000 habitants les contraintes imposées aux communes de 3500 habitants ne peut s’envisager qu’avec des services financiers mutualisés. Vu les moyens actuels des communes de cette taille en personnel il me parait illusoire de penser qu’elles sont en mesure d’y faire face… Mais je partage l’objectif d’uniformisation par le haut de la gestion… Ce seuil doit être progressivement abaissé !

  2. christian

    Toujours beaucoup de lucidité d’analyse JMarie. Mais pourquoi cette situation? Les gouvernements de droite comme de gauche depuis 30 ans se sont acharnés à imposer aux communes l’intercommunalité forcée (et non librement choisie), les transferts de compétences, donc à en faire des coquilles vides, à dévaloriser la fonction d’élu local. Le seuil de 1000, le fléchage des élus communautaires fait partie de l’arsenal. 555 000 élus qui « coûtent cher » rabâchent les médias et nombre de crétins sur internet, alors qu’environ 10% seulement sont rémunérés, les autres sont bénévoles! C’est ce gouvernement qui a décidé de fusionner les cantons issus de la Révolution française. Dans le blayais le député PS Plisson veut fusionner les 5 CdC de l’arrondissement dans un ensemble de 80000 habitants, reprenant le schéma de la loi Sarkozy. Continuité totale. Et les départements vont être mangés par les métropoles (cf. Lyon, Marseille, Paris…) grâce l’acte III votée par la majorité Hollande. Le triptyque Union européenne/Régions/Métropoles va triompher. Rousset promet aux enseignants sous peu un statut territorial. Etc…

    1. Jean-Marie Darmian

      Tu sais Christian que je partage totalement ton avis…

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