La fiche des RG était parfaitement tenue par les flics gaullistes

Mathilde et Jean venaient découvrir à l’Assemblée nationale le grand spectacle hebdomadaire au gouvernement. Un moment particulier de la vie politique où l’on conjugue la corrida, le théâtre, le grand guignol, les dialogues de Audiard et certainement le maximum de mauvaise foi ! D’habitude on s’invective, on provoque, on éructe, on brave, on tance et souvent on déploie une énergie surprenante pour se trouver dans l’axe d’une caméra. Les spectateurs se pressaient à l’ouverture de la représentation habituelle. Déception : un après-midi nunuche pour retraités habitués à Derrick !

Las…l’UMP avait décidé avant la trêve des municipales de pratiquer la ne politique de la chaise vide pour protester contre la vive sortie de Manuel Valls, qui accusé la veille l’un des leurs, Claude Goasguen, de «venir de l’extrême droite». En fait il avait seulement fait que lire la vieille fiche des renseignements généraux récapitulant le parcours d’une élu de la République. “Je n’étais pas membre d’Occident je n’ai jamais appartenu à un mouvement d’extrême droite. Ce qui est grave c’est qu’un ministre de l’Intérieur soit si mal renseigné et perde ses nerfs”, avait clamé , dans les couloirs de l’Assemblée nationale, Claude Goasguen. Pourtant selon les Inrocks Frédéric Charpier, auteur de Génération Occident, ses liens avec le mouvement d’extrême droit sont manifestes. Contacté par Les Inrocks, Pierre Sidos, leader du mouvement, a confirmé que Claude Goasguen “traînait avec la bande estudiantine” d’Occident. “Il côtoyait souvent Gérard Longuet à cette époque”, ajoute t-il. Mais son passé à l’extrême-droite ne s’arrête pas là. Claude Goasguen a également fréquenté Ordre Nouveau. Lancé en 1969, ce mouvement d’activistes qui va prendre la relève d’Occident, sera à l’origine de la création du Front national. Le nom d’ON est une référence directe au mouvement néofasciste italien Ordine Nuovo. Comme pour Occident, l’emblème choisi est la croix celtique, chère à Pierre Sidos.

Pour trouver les traces du passé de Claude Goasguen à Ordre Nouveau, il faut se plonger dans la biographie de François Duprat (idéologue d’Ordre Nouveau puis du FN) signée par Nicolas Lebourg et Joseph Beauregard. Dans ce livre, une note des renseignements généraux concernant Claude Goasguen est exhumée.  Se méfiant des services de renseignement, Ordre Nouveau possédait une double direction. L’officielle était composée de prête-noms n’ayant pas véritablement de rôles actifs tandis que la véritable restait cachée. A la page 132 du livre de Nicolas Lebourg et Joseph Beauregard, une note des RG stipule qu’au début de l’année 1971, le véritable groupe de direction d’Ordre Nouveau est composé de François Brigneau, de François Duprat, de Grabriel Jeantet, d’Hugues Leclere, de Gérard Longuet, de Jean Picollec, d’Alain Robert et enfin de Claude Goasguen, alors assistant à l’université de Paris XIII. Une enquête très loin d’être aussi précise et argumentée que celles qu’effectuaient alors, sous le Droite les services des renseignements généraux très actifs. Manuel Vals n’a donc dit tout haut ce que tout le monde, dans le milieu politique savait tout bas. Avec bien des élus nationaux chevronnés de la Droite il a était formé dans le giron de ces mouvements extrémistes qui étaient souvent issus des combats de mai 68 autour des facs de Droit.

L’absence de l’UMP aujourd’hui sur les rangs de l’hémicycle donc à la mascarade et on voyait les députés hilares se répandre dans les couloirs et surtout dans la salle des quatre colonnes et se sont abondamment expliqués devant micros et caméras. La déclaration du ministre de l’Intérieur, «c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase», a justifié leur chef de file, Christian Jacob, déplorant que le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault n’ait ni «présenté les excuses de son gouvernement», ni «demandé à ses ministres d’arrêter d’être dans l’insulte, la provocation». Quelle insulte ? C’est donc insultant de dire devant un micro et une caméra qu’un élu à eu un parcours pour le moins atypique et dangereux ? C’est de la provocation de rappeler que certains ont appartenu à des mouvements pour le moins discutables ?

Dans le fond c’est le FN qui devrait protester car voici une personne lui volant la vedette par ses racines et surtout qui démontre que l’appartenance à Ordre Nouveau n’empêche pas de faire une belle carrière. Mieux le coup médiatique de la Droite masque mal la vérité donnée par l’interressé lui-même : En 2007, Claude Goasguen concédait « J’étais à la Corpo d’Assas, ce qui n’était guère mieux » que le mouvement Occident.

[ARCHIVES] Invité de « Où quand Comment l’Histoire » sur l’extrême droite française en novembre 2007, Claude Goasguen répondait aux questions de Jean-Pierre Gratien. « Vous avez flirté avec le mouvement Occident… » commence le journaliste, avant d’être interrompu par le député : « …dont je n’étais pas membre. J’étais membre de la Corpo d’Assas, ce qui n’était guère mieux je dois bien le reconnaître ». Le député UMP justifie alors cet engagement par « la fin de l’Algérie », « la décolonisation » et « la solitude d’un étudiant parisien à cette époque ». Il ajoute « mais j’aurais pu devenir trotskiste exactement de la même manière ! » A propos de ses « amis » Alain Madelin, Gérard Longuet « Ils sont tous devenus ministres, ce qui veut bien dire qu’on a réussi à se sortir de l’ornière que pouvait représenter ce nihilisme provisoire ». En plus il dénonce ses copains. Tiens moi je demande la publication de mon parcours recensé par les RG depuis 1963…et je ne transformerai pas des Députés en intermittents du spectacle !

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