Européennes : la victoire des maltraités !

10341617_1428980644034158_8793335697457008340_nAllez revenons un peu en arrière avant que ne déferle les commentaires des vainqueurs bavant et des vaincus penauds (il n’y en aura pas!) sur le résultat des élections européennes. Tout le monde va y aller de sa petite phrase clé et de ses « éléments de langage » qu’on lui aura envoyés par SMS ou par mail. C’est le jeu médiatique qui veut qu’il faille laisser l’objectivité aux vestiaires de l’histoire… pour que bien plus tard les universitaires puissent en tirer des conclusions radicalement différentes de celles du politique.

D’ailleurs il y a fort à parier que l’on ne reviendra encore une fois sur la « vérité du pourcentage » qui n’est qu’une baudruche jamais véritablement dégonflé par les mathématiciens susceptibles de donner un sens aux résultats bien différent de celui porté par les apparences. En effet ce n’est qu’en prenant du recul que l’on peut analyser et comprendre un scrutin. Le « triomphe du FN » sera donc une fois encore mis en rapport avec la « sévère défaite du PS »… et tous les exégètes UMP verront un « désaveu cinglant du président de la République » et du « gouvernement ». Disons que c’est de bonne guerre mais que c’est toujours démenti par des comparaisons plus paisible

Ces élections européennes se déroulent en effet exactement dans le même contexte qu’il y a 20 ans ! Le PS est au pouvoir et confronté à une crise économique et sociale et le résultat est largement plus défavorable à la Gauche en général que l’a été celui des dernières municipales. Le lendemain du second tour Renéé Rémond résuma la situation de manière on ne peut plus claire : « L’Assemblée élue était la plus à droite qu’ait connue la France depuis plus d’un siècle, plus que la Chambre bleu horizon élue en 1919 après la guerre et même que l’Assemblée sortie des urnes en juin 1968. » C’était incontestable ! Michel Rocard avait plaidé pour une rénovation du PS, en affirmant que la gauche française avait besoin d’un « big bang » : l’expression attire l’attention des médias, qui voient là l’émergence d’une possible alternance de gauche au mitterrandisme. Lors du scrutin législatif, au cours duquel les socialistes ont été lourdement défaits, Michel Rocard est lui-même a été battu dans sa circonscription des Yvelines par Pierre Cardo, maire UDF de Chanteloup-les-Vignes… Tout le monde lui conseille de rester à la maison. Mais malgré cet échec personnel, il devient en octobre de la même année premier secrétaire du PS — le premier à être élu par les délégués au congrès national ; Il remanie profondément les institutions dirigeantes du parti, donnant notamment son autonomie au MJS. Bref il tente tout ce qu’il est possible de tenter pour redresser une maison en ruines !

Il choisit d’être tête de liste aux élections européennes de juin 1994, lors desquelles il doit subir la concurrence de la liste radicale de Bernard Tapie, soutenue discrètement par François Mitterrand. En fait il existe déjà un éparpillement inquiétant des forces progressistes et il faut regarder les résultats en voix et pas nécessairement en pourcentages. D’abord on note 2 millions de votants de moins entre les législatives et les européennes ! Les 20 584 980 personnes qui sont allées voter (47,24 %) avaient le choix entre… 20 listes donc avec une situation guère différente de celle de ce dimanche 25 mai 2014. Il y avait une liste RPR-UDF qui totalise 4 985 574 voix qu’il sera intéressant de rapprocher du total UMP-MODEM de 2014 car les pourcentages sur un nombre faible de participants ne valent pas dire grand chose. Pour ce que l’on appelle la Gauche (Rocard-Tapie, Wurtz, Scharzenbreg-Isler) on arrive à un total objectif de voix de 12 376 636 voix dont bien évidemment 2 824 173 pour le seul PS ! Rappelons que le FN et les satellites (De Villiers) avaient cumulé pour les anti-européens de droite 4 394 543 voix. Attendons pour voir le total 2014 qui sera aux alentours de 4 500 000 bulletins ! Il faudra faire sérieusement la comparaison et ne pas en rester aux seuls pourcentages pour connaître la véritable évolution des positions des électrices et des électeurs. Les avancées ou les reculs en « points » sont relatifs mais ils vont être martelés tout au long des prochains jours. La Gauche s’effondre en raison de l’abstention et de l’échec total de ses représentants politiques à être pédagogues, francs, lucides et convaincants.

Entre temps arrive le référendum sur le traité constitutionnel exactement entre les deux dates. Il démontre un rejet de l’Europe telle qu’elle fonctionne mais une part du PS et les partis de droite parlementaire n’en tiennent aucun compte. C’était l’annonce du séisme actuel et du renoncement de bien des citoyens à participer à une élection comme celle de ce jour… D’autant que depuis le 29 mai 2005 rien ne s’est amélioré et que le rejet des contraintes imposées par Bruxelles a été croissant. Le PS a laissé la voix libre au FN en refusant

 Là encore rappelons que plus de 15 millions de Françaises et de Français avaient refusé l’Europe telle qu’elle est… Mais bizarrement plus personne n’en parle pour expliquer que le FN ait réussi à capitaliser la trahison politique du Congrès… du 4 février 2008 ! La révision a été adoptée par 560 voix contre 181, sur 893 votants. Le groupe UMP, à l’exception de quelques élus souverainistes, et les centristes ont voté pour. Les socialistes se sont divisés : une majorité s’est abstenue, mais plusieurs d’entre eux ont voté pour, d’autres contre. Les communistes et apparentés ont voté contre.. . Le résultat des européennes n’est que la présentation de la note de la trahison de l’UMP, du PS et à tous ceux qui ont détourné le vote du peuple !

(1) La une de Libé des européennes de 1984 !

Cette publication a un commentaire

  1. Eric Batistin

    Le mot sophisme dérive du latin sŏphisma, lui-même issu du grec σόφισμα (sóphisma) : « habileté », « invention ingénieuse », « raisonnement trompeur ». Ce mot grec est formé sur σοφία (sophía) : « sagesse », « savoir », et désigne dès l’Antiquité grecque le type de discours prononcés par les sophistes (littéralement « spécialistes du savoir »), orateurs prestigieux et professeurs d’éloquence (ou plus globalement de rhétorique), dont le but était surtout de persuader l’auditoire (dans les assemblées ou les tribunaux), bien souvent au mépris de la vérité elle-même.
    Socrate et Platon ont beaucoup débattu avec les sophistes pour essayer de démasquer leurs raisonnements trompeurs et bâtis sur une logique non-rigoureuse1, mais c’est Aristote surtout qui a inventé la science de la Logique pour classer les types de raisonnements (ou de syllogismes) et montrer rigoureusement quelle est la « logique » fallacieuse à l’œuvre dans un sophisme.

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