Plus d'éclaireur sur la route des idées !

Les élections passées la France se frotte les yeux. Enfin une infime partie du peuple de France… qui a tenté de réveiller quelques consciences pour arpenter les rues. Une tentative qui n’a fait que refléter le climat d’indifférence majoritaire constituant la vraie chape de plomb pesant sur le pays. Bien plus qu’une manifestation, aussi louable soit-elle contre le FN (doit-on la limiter au FN?) il faudrait surtout secouer la résignation ambiante. Et ce n’est pas un lycéen marseillais louabale et courageux  qui peut renverser cette tendance malgré son enthousiasme. Le mot d’ordre est en effet parti de Facebook dès dimanche soir. Lucas, assistant au sacre médiatique du Front National sur France 2 veut prouver que les jeunes sont prêts à envahir les rues et il a créé une page appelant à la mobilisation le 29 mai. Les revendications affichées? Montrer « au FN, aux partis politiques, aux journalistes, au monde, que nous dénonçons le racisme, la xénophobie, la haine, le repli sur soi de ce parti, et que les Français ne partagent pas ces valeurs Français ne partagent pas ces valeurs ». C’est remarquable car il a parlé de « valeurs » mais ce n’est pas selon moi le bon mot d’ordre car il ne met rien derrière ces mots pour un autre avenir ! On ne combattra pas le FN par des incantations ou des pancartes mais on ne pourra diminuer son influence que par la formation, l’éducation, la démocratie participative construite, une autre vision de la politique ! Encore une fois ce n’est qu’une réaction tardive à une situation créée par seulement 10 % de la population d’un pays ! En fait le problème est là : chaque fois que la catastrophe est arrivée les gens se déculpabilisent avec une manifestation mais avant… il ne vient jamais à l’idée de personne de se rassembler pour mettre en garde face au danger potentiel.

Ce qu’il manque fortement à la Gauche pour exister dans ce pays c’est une femme ou un homme se levant pour incarner la révolte. Il n’y a plus de révolté(e) pouvant prendre la tête d’une révolte civique forte. D’ailleurs les médias feront tout pour que ce leader n’émerge pas dans un monde façonné par une cinquantaine de gourous se nourrissant les uns les autres ! Il est pourtant indispensable pour un redressement du camp démocratique et progressiste. Depuis plus de 30 ans la France a basculé dans l’idôlatrerie gestionnaire, en oubliant qu’il ne peut y avoir d’action collective valable détachée de valeurs humanistes fortes. On les retrouve parfois quand des « philosophes » de bazar lancent des appels en faveur des sages démocratiques effectués dans d’autres pays ! Dans le passé on a connu de pleines pages dans Le Monde signées par tout ce que la France comptait comme « intellectuels », artistes, syndicalistes, politiques, éclaireurs de chemins citoyens pour s’élever contre des situations bien moins inquiétantes que celles que traverse la République. Que font-ils à part se chamailler ? Que font-ils à part cultiver leur notoriété personnelle ? Que font-ils à part se contenter de clamer que la faute incombe aux autres ? Le silence de cette catégorie de censeurs parisiens déçus par la « Hollandisme » devient pesant et douloureux pour celles et ceux qui croient dans l’exemplarité des élites.

La Gauche n’a plus de « phare » depuis trop longtemps. Les primaires ont tué la capacité politique de choix pour la remplacer par la valeur marchande du (de la) candidat(e). Il ne porte pas un espoir comme en 81 mais simplement une réussite potentielle pour se débarrasser de l’adversaire. Le résultat est inévitable. Les boutiquiers n’ont jamais trop aimé les barricades ! En général ils se contentent de protéger leur tiroir caisse et de tabler sur une prospérité paisible. La France et surtout sa jeunesse a toujours aimé les guides forts et emblématiques et la pénurie dans ce secteur s’aggrave de jour en jour. Homme de la synthèse et du compromis, Hollande a perdu toute espérance d’apparaître comme un « leader » d’opinion. Il est encore persuadé que retrouver l’estime par des mesures techniques, des décisions économiques, des avantages matériels alors que ce qu’il lui manque c’est enfin un projet autre que celui de la fameuse croissance salvatrice !

Les jeunes attendent autre chose. Comme les abstentionnistes ils veulent des mots forts, des décisions « politiques » signifiantes, des effets simples pour être plus nombreux dans les rues ! Il faut les sortir du marigot politique actuel. Il faut leur redonner un idéal social, les laisser parler, leur donner une part de ce pouvoir défaillant, les persuader que l’avenir dépend d’eux et pas à leurs parents ou leurs grands-parents afin que, eux au moins, redeviennent les citoyennes et les citoyens de 2017 ! Par quoi peuvent-ils remplacer ce « FHaine » qui les révolte ? Que leur proposons nous ?

Le 21 avril 2002 n’a pas été le 25 mai 2014. Il y a douze ans, des centaines de milliers de personnes étaient descendues dans les rues, plusieurs jours d’affilée, pour protester contre la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Cette fois, alors que le parti de Marine Le Pen a obtenu 25% des voix (exprimées) dimanche aux élections européennes, les « marches citoyennes contre le F-Haine » ont rameuté beaucoup moins de monde. C’est peut-être le plus inquiétant car c’est plus révélateur de l’état réel de la France !

 

Cet article a 2 commentaires

  1. Eric Batistin

    « Les boutiquiers n’ont jamais trop aimé les barricades ! »,
    dites-vous Monsieur Darmian.
    Oui, en effet, c’est historique, « les boutiquiers » ont d’ailleurs toujours fait leurs choux gras de toutes les révolutions, dans tous les pays du monde !
    Et ce depuis que la révolution a été inventée !

    Alors, on peut raisonnablement se poser cette question: pourquoi ?

    Peut-être à cause d’une idée partagée par toutes et tous, et ce depuis la nuit des temps:
    l’être humain ne sait pas autrement combler sa peur du vide qu’en se remplissant le ventre, et en accumulant des réserves pour les longs hivers…

    Pour preuve, la religion, les religions, ont meilleure presse et plus de pouvoir chez les morts de faim, il faut encore et toujours repousser le vide…

    Alors, imaginons ce que pense un être une dizaine d’années aujourd’hui.
    Qu’entend-t-il, que voit-il, à quoi rêve-t-il ?

    « C’est la fin du monde, les animaux sont tous en cage ou en voie de disparition, les rivières sont imbuvables… »

    De plus, ce petit être sait que la Planète est un vaisseau spatial perdu dans un grand vide, un vaisseau en train de faire eau, feu et sang de toutes parts…

    Et puis, l’argent, ce moyen inventé pour échanger des savoir faire, et qui maintenant se suffit à lui-même et enrichit outre mesure ceux qui savent ne rien faire, ne rien échanger.

    Alors, le petit être regarde ses mains devenues inutiles, ses pieds qui ne le porteront vers aucun chemin parfumé de printemps,
    puisque en point d’orgue, tout se joue, tout se vit en ondes électromagnétiques ou atomico-cyber-optique que sais-je…,

    Et puis, sa maman qui fut porteuse mais juste à moitié,
    les deux autres quarts de lui-même se trouvant découpés en micros particules génétiques
    utiles à la nano technologie dont est équipé son petit copain nounours qui parle et perd ses poils…

    Et puis, le respect, ce truc qui ne sert plus qu’à engager quelque bagarre de rue ou de cour d’école, au titre du respect que l’on doit au plus fort.

    Et bien, en me mettant une minute à la place d’un jeune être humain de dix ans, en plus de la peur ancestrale du vide, j’aurais comme une immense plaie au coeur.

    Il serait peut-être temps, que, nous admettions ceci:
    Si les puissants de ce monde sont si avides,
    c’est peut-être parce qu’ils ont encore plus peur que nous du vide.
    Plus peur que nous
    Plus peur que nous

    Plus peur que Nous !

  2. Eric Batistin

    Une chose à vérifier simplement par internet,
    faites une recherche d’image sur le mot « Mairie », en France,
    et vous verrez ceci:
    quasiment tous les nouveaux bâtiments, ou les anciens restaurés,
    ne portent plus que l’inscription « Mairie » ou « Hotel de Ville ».

    Pourquoi la mention Liberté Egalité Fraternité
    n’est plus admise par les grands architectes républicains ?
    Est-ce si ringard, …ou peut-être dangereux !!

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