La dépression s'installe sur la France avant la tempête

Rien n’a changé depuis l’origine du monde sauf que les évolutions continuent et conduisent à une sophistication particulière des comportements. La question éternelle tentant de savoir qui est arrivé le premier sur la terre de l’œuf ou de la poule reste d’actualité. Et désormais il faudrait pouvoir répondre à cette interrogation en tous points similaires  : les sondages façonnent-ils l’opinion dominante ou l’opinion dominante se reflète-t-il dans les sondages ? Connaître l’issue de ces deux options permettraient aux politiques de mieux appréhender la situation dans laquelle se trouve le pays. Sauf que, selon la solution ils deviendraient totalement impuissants puisque quoi qu’ils fassent ce serait voué à l’échec ! Par exemple la confiance des ménages est restée stable, à un niveau faible, en France au mois de septembre, les craintes sur l’évolution du chômage progressant. Autant écrire que rien n’a véritablement changé et que rien ne changera avant belle lurette puisque sans renversement de cette tendance toute réforme est vouée à l’échec.
Le véritable déficit est dans ce constat ! L’indicateur qui synthétise cette confiance ressort à 86 points pour le troisième mois consécutif… et la France s’enfonce très lentement dans la super dépression ! L’indicateur continue d’évoluer bien en deçà de sa moyenne de long terme, calée à 100. Il était à 100 pour la dernière fois en… septembre 2007 (arrivée de Sarkozy) et il n’a cessé de sombrer sous l’ère UMP mais il semble, au vu de l’enthousiasme frénétique de ses partisans, que ce soit oublié. Ils vivent dans l’espérance du retour de celui qui a carrément enfoncé le pays dans la mouise la plus complète. Et rappelons le, dès 2007 François Fillon annonçait avec franchise qu’il avait déjà trouvé une France « ruinée » par le Ministre de l’économie et des Finances en poste antérieurement dont le nom a été pourtant ovationné lors de son premier meeting de campagne présidentielle de 2017 ! Mais comme le peuple de France a la mémoire courte et peu de suite dans les idées il lutte contre son pessimisme avec du Lexomil labellisé Front national ! Ce palliatif endort l’intelligence et surtout la volonté de se battre soi-même contre la dépression en rendant l’autre responsable de son malheur réel ou supposé.
L’opinion des Français sur leur situation financière personnelle future a reculé d’un point, tandis que celle sur leur situation personnelle passée s’est améliorée de deux points (sic). Dans le même temps, la proportion de ménages considérant comme opportun de faire des achats importants a reculé d’un point. C’est la meilleure réponse à la « politique de l’offre » prônée par les conseillers de Bercy ! A quoi servira-t-elle quand personne ne veut répondre à l’offre ? Ces trois soldes demeurant nettement sous leur moyenne de longue période il n’y aucune perspective crédible de relance dans les prochains mois.
L’opinion des ménages sur leur capacité d’épargne actuelle a également reculé d’un point, tandis que celle sur leur capacité d’épargne future a baissé de trois points. La proportion de ménages considérant qu’il est opportun d’épargner est stable et reste légèrement inférieure à sa moyenne de long terme. Dans le même temps ils retirent en masse et continuellement leurs dépôts antérieurs sur les livrets de la Caisse d’Epargne ! Comprenne qui pourra ! L’opinion des ménages sur le niveau de vie futur en France recule de deux points, de même que celle sur le niveau de vie passé. S’agissant du chômage, les craintes concernant son évolution sont en hausse, la proportion de ménages qui pensent qu’il va augmenter augmentant de trois points, après une baisse équivalente en août. Là encore est-ce le « sondage » qui façonne l’opinion ou l’inverse ? Plus on ressasse que rien ne va dans ce pays et plus les gens en sont persuadés.
Enfin alors que tous les gouvernements craignent les ravages de la déflation (qui sait d’ailleurs vraiment ce que veut dire ce terme?) les ménages sont de nouveau moins nombreux à penser que les prix ont augmenté (-5 points), ce solde étant à son plus faible niveau depuis décembre 1999. Ils sont en revanche plus nombreux à anticiper une augmentation des prix (+3 points, après -5 points en août), ce solde repassant au-dessus de sa moyenne de long terme. Donc en résumé ils constatent que les prix baissent et on mesure ensuite le fait qu’ils ont la trouille de les voir remonter ! Est-ce vraiment une révélation ? J’en doute !
Le moral de la France est donc plus en berne que ses drapeaux. C’est une certitude. Le phénomène est très inquiétant car pour croître un pays a besoin d’optimisme, de foi en l’avenir personnel, de confiance dans son destin collectif. Or nous prenons le chemin inverse et quels que soient les gouvernements il faudra une bonne décennie pour redonner un sens positif à la vie collective et rassurer sur les destins individuels… Et ça ce ne sont ni des lois, ni des réformes (bien au contraire) comme celles qui vont touché le paysage institutionnel qui vont le provoquer. Au contraire il faudrait un pallier de stabilisation afin de relancer un brin de confiance. Mais Bruxelles veille et on s’évertue à tout déstabiliser.

Cette publication a un commentaire

  1. Eric Batistin

    Tant que les banques tireront leurs bénéfices des intérêts des dettes nationales, au lieu de les tirer d’une croissance _ raisonnée et raisonnable_ , tout sera toujours mis en oeuvre vers la dépression.

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