CANTONALES.- Préparez vous à passer aux péages !

Il y a plusieurs manière d’aborder la contribution des citoyens à la vie collective : les impôts (très impopulaires), les taxes (méconnues et donc admises) et les redevances (services publics toujours trop chers). Cette trilogie constitue le socle des finances locales. Depuis des décennies la droite est hostile aux impôts mais favorable à l’utilisation des taxes… Elle sait que les premiers visibles et officialisés par l’envoi d’une feuille détestée avant même d’être ouverte sont forcément détestés. Alors qu’en sortant de la caisse du supermarché personne ne songe à vérifier le montant de la TVA qu’il vient d’acquitter ! L’injustice fiscale a toujours en revanche préoccupé la Gauche sans qu’elle parvienne à mettre ses actes en accord avec sa volonté affichée de mieux répartir les efforts. Alors la tentation est grande au sein des libéraux de taper sur la Gauche dès qu’apparaît la moindre velléité de modifier tant soit peu le niveau des impôts directs. En fait il faut se rappeler que le duo Fillon-Sarkozy s’il a effectué de fausses réductions du niveau d’imposition a créé ou augmenté la bagatelle de 40 taxes diverses que bien évidemment les successeurs n’ont pas éliminées. L’essentiel reste de pouvoir effectuer des effets d’annonce !
Pour la campagne des élections cantonales on sent bien que la tentation est grande pour la droite d’annoncer qu’elle fera beaucoup mieux en diminuant la faible pression fiscale exercée par le Conseil général. Or il faut être attentif au jeu de rôle actuellement en cours. De partout monte le fameux principe : « il ne faut pas augmenter les impôts ! » et donc on cherche une autre réponse moins impopulaire mais plus douloureuse au final parmi les têtes pensantes girondines. Ainsi on vient de trouver le mot magique du « péage ». Quand on lit attentivement les propositions UMP elles reposent en effet que sur cette source de financement ! Les 500 ou 600 millions d’un pont de franchissement sur l’estuaire annoncé à grand renfort d’effets de manches par l’ex-futur Président seront trouvés avec un nouveau PPP avec péage ! Lisez : « En Gironde, le Conseil général (en) serait le maître d’œuvre. Il serait financé de la même manière, avec… un péage sur une période de cinquante ans par exemple. Ce n’est pas les fonds qui manquent, mais une volonté politique » affirme à Blaye (1) du haut de la Citadelle le regard fixé sur l’horizon, le leader de la Gironde qui positive avec l’argent des automobilistes… Les Blayais et les Médocains ont-ils conscience qu’ils vont en deux ou trois passages sur cet ouvrage sans queue ni tête ( sauf à ressusciter le grand contournement… à péage ) payer 50 % de ce qu’ils règlent au conseil général via le Foncier bâti !
Il manque singulièrement de coordination au sein de la Droite puisque Alain Juppé en panne sur l’élargissement de la rocade a lui-aussi déniché une solution miracle pour les Girondines et les Girondins ! Il avait lancé, l’idée d’un adossement aux sociétés autoroutières pour financer le bouclage à 2×3 voies de cet axe de transit mais aussi de desserte des grandes communes employeuses de la Métropole. Il a été écartée par la Commission européenne. Le président de la Métropole propose donc un plan B. « Bruxelles exige une mise en concurrence sur ce dossier. Je propose donc d’explorer la piste d’une concession autoroutière, via un appel d’offres. » (2) Les travaux d’élargissement du dernier tronçon, chiffrés à environ 160 millions d’euros, pourraient alors être financés par les revenus… d’un péage mis en place sur une portion de l’A 63. Soit sur une quarantaine de kilomètres, de la sortie de Bordeaux jusqu’à Salles. » Les gens du Sud ou du Sud-Est de la Gironde vont apprécier cette proposition, eux qui viennent bosser chaque jour sur la Métropole ! En plus imaginons un instant un péage installé au bas du Pont d’Aquitaine ce qui faciliterait considérablement la circulation ! On sait aussi que les concessions signées par la Droite pour les autoroutes sont actuellement un boulet pour tous les utilisateurs mais une mine d’or pour le privé !
Un péage pour aller du Médoc dans le Blayais… et ensuite un autre péage pour aller de Bordeaux vers Arcachon ! On peut imaginer que l’autre proposition consistant à traverser l’Entre Deux Mers par une liaison spécifique entre Langon et Libourne serait elle-aussi financée par un péage et on arriverait à une bien belle opération de racket !
Certes on parle sur les estrades de la fiscalité départementale qui, rappelons le une fois encore est très peu élevée par rapport aux services de proximité financés par le CG mais on oublie ce type d’annonces relevant de la supercherie financière. Avec aussi un oubli (ou un autre tour de passe-passe) relatif à la compétence routes et donc ouvrages d’art… dont on sait de manière quasi-certaine qu’elle n’incombera plus aux départements mais ira aux métropoles et aux régions début mars. Les péages eux seront bien… de la compétence des Girondins !

Cet article a 3 commentaires

  1. Bernard Gilleron

    L’histoire avance à reculons!
    La grande réforme des impôts locaux de 1972, avait pour objectif de supprimer les multiples taxes qui étaient alors prélevées et de s’en tenir aux « 4 vieilles » avec révision générale des valeurs locatives. On voit ce que ça devient…
    D’ici peu de temps, on fera comme à Londres: on établira un péage à l’entrée qui rappelle furieusement les « octrois »

  2. Bernard Gilleron

    Extrait d’une étude que j’ai réalisée d’abord en réaction au rapport Balladur, puis sommairement actualisée en 2012 lors de la publication des premiers projets Lebranchu (addendum sur la fiscalité locale)
    « ADDENDUM : Observations complémentaires : la question de laFISCALITE pour les collectivités locales et territoriales(source: La Documentation Française)
    « Il faut que la Gauche se place radicalement sur un objectif de refonte totale du système fiscal français.Une publication de la documentation française décrit ainsi l’histoire du système fiscal actuel :
    « Le partage a commencé à être mis en place en France dès le début du siècle dernier,lorsque furent attribués à l’État les impôts les plus rentables et abandonnées auxcollectivités territoriales les anciennes contributions.Autrement dit, l’autonomie fiscale locale est née lorsque l’État a transféré auxcollectivités locales des prélèvements obligatoires qui dataient de la périoderévolutionnaire (contributions foncières, mobilière, des patentes) et qu’il considéraitcomme insuffisamment rentables pour faire face à ses dépenses. Une condition premièrede l’autonomie, on veut dire l’attribution d’une fiscalité propre, a pu ainsi être rendue progressivement effective tout au long du XXe siècle.« Toutefois, face aux insuffisances de cette fiscalité, les propositions de réformes semultiplièrent »
    … et, plus loin :
    «L’ordonnance du 7 janvier 1959
    Cette ordonnance constitue la première grande étape d’une réforme de la fiscalité locale.Non suivi d’application immédiate, ce texte est cependant très important dans la mesureoù il définit l’architecture d’ensemble d’une refonte qui sera mise en œuvre par destextes ultérieurs.

    Plusieurs hypothèses de travail étaient possibles pour cette refonte
    .

    Plutôt que de maintenir en le rénovant le système reposant sur les quatre vieillescontributions, on aurait pu opter pour sa suppression totale et son remplacement par l’attribution aux collectivités locales d’une fraction des impôts d’État à grand rendement (taxe sur la valeur ajoutée, impôt sur le revenu).
    Cette seconde hypothèse a été rejetée […]

    Finalement, la solution qui a prévalu a été de maintenir le système existant en le modernisant […] »

    Ce texte à lui seul démontre ce que la gauche dénonce depuis toujours : l’insuffisance et l’iniquité dela fiscalité locale, qui pourraient parfaitement être corrigées par un système fondamentalementdifférent de collecte centralisée par l’Etat central, d’impôts progressifs prenant en compte le revenu, le patrimoine, et la Valeur ajoutée, au profit d’une répartition de l’impôt à tous les échelons décentralisés de pouvoir »

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