CANTONALES.- La dure loi du marché…

Durant des décennies les campagnes électorales avaient leur terrain de jeu préféré : les marchés, les vrais ceux dans lesquels on trouve toutes les couches sociales car ils offrent une diversité des stands permettant à toutes les générations, à tous les budgets de trouver les produits recherchés ! Les militants communistes le samedi et le dimanche y vendaient « l’Huma » avec un dévouement et une abnégation qui s’est perdue. Pour ma part le mercredi matin depuis des décennies je fais un tour pour écouter, échanger, apprendre des autres mais il faut bien admettre que la situation est bien différente en période électorale et que les chalands n’ont plus la même attitude. Ils ne me voient plus de la même manière. Le constat est inquiétant puisqu’il existe une sorte de paroi de verre en ce moment entre le citoyen et l’élu et entre le militant et celui qui le représente. Elle est invisible mais palpable et elle ressemble à celle qui existe dans les voiture d’autre fois entre celui qui pilote et celui qui observe le paysage à l’arrière !
D’abord il y a le mépris. Il éclate quand après vous avoir demandé votre « étiquette » ou votre « parti » on vous refuse le moindre échange et votre document avec un mouvement du bras abrégeant toute éventuelle discussion. Révélateur de l’état de la société française crispée, imperméable, enkystée dans la gangue médiatique porteuse d’images toutes faites, de clichés idéologiques, de prêts à penser… Que savent-ils ces gens des raisons devant guider leur choix. Une élection départementale devrait se jouer sur un bilan du sortant et ensuite sur des propositions réalistes précises. Or quasiment personne ne connaît ce qu’a fait la majorité du Conseil général en sa faveur ou en faveur de ses proches… Pour eux, de droite comme de gauche, tout ce que peut faire un « socialiste » qui s’assume est nul et ne compte pas ! Et donc ils ne veulent surtout pas être convaincus du contraire ! La généralisation est ancrée dans les esprits. Elle est rassurante car elle évite à bien de ces gens méprisants de se poser des questions pouvant ébrécher leurs certitudes ! Attention ne pas croire surtout que ce mépris est l’apanage des extrémistes de Droite car on trouve exactement le même à gauche !
« Vous êtes socialistes ? Et bien je ne veux pas vous parler… car vous êtes un traître comme ceux là-haut qui font le contraire de ce qu’ils ont promis ? » Quel rapport avec les élections départementales ? Quel rapport avec ce que j’avais proposé en 2008 et ce que j’ai réalisé ? Que sait-il des valeurs et des positions que j’ai prises ? Il est entré, comme d’autres dans « l’anti-socialisme primaire ». « D’ailleurs je suis certain que vous ne mettez pas les logos? » Perdu ! Même si le logo n’a jamais été pour moi un brevet d’homme de gauche ! Il votera de toutes les manières contre moi bien que j’ai le courage et l’honnêteté d’afficher que j’appartiens à la majorité départementale composé des socialistes certes mais aussi des… communistes au plan départemental ! Rien. Tout glisse sur sa carapace de certitudes ! Il me faut donc admettre que je porte la responsabilité de la loi Macron, de la loi compétitivité, des effectifs dans une classe ou une autre, des difficultés des entreprises et peut être aussi de l’arthrose de la hanche de sa belle-mère ! En fait personne ne semble reprocher à des sans étiquette qui distribue à quelques mètres de n’avoir eux ni les signes distinctifs de l’UMP ni ceux des autres partis d’opposition. Au contraire leur dissimulation leur donne une respectabilité putative puisque eux ne sont ni de gauche… ni de gauche ! La démocratie des apparences n’a jamais été aussi présente !
L’autre constat c’est que l’on refuse beaucoup moins les prospectus tendus par une main féminine. Il y a une certaine gêne à le faire. Ce qui ne veut pas dire que le dialogue est plus facile… car les porteurs de poncifs sont les mêmes mais le mépris est plus mitigé. Dans le fond les jeunes acceptent davantage l’échange que les retraités engoncés dans leurs certitudes télévisuelles. C’est plutôt rassurant ! Bien des gens acceptent cependant d’échanger surtout si je les connais et que je ne leur parle pas élections. Une dame après avoir refusé tout échange finit par m’inviter à passer boire le café dans sa caravane après l’avoir écoutée et avoir tenté de résoudre ses problèmes spécifiques aux gens du voyage ! Elle aussi m’avait assimilé à tous ces « politiques, menteurs qui promettent ais ne tiennent pas leurs promesses ! » C’est une vraie victoire !
Enfin à chaque bout du marché des couples font le pied de grue devant des stands formatés des témoins de Jéhovah. Du prosélytisme de ce type sur un espace public ne suscite aucune remarque, aucune interrogation de ces gens à cheval sur l’appartenance à un parti politique en cette période où la laïcité est invoquée comme la mère de la démocratie. Il est vrai que eux, comme ceux qui refusent le dialogue, sont inféodés à une bible définissant le bien et le mal et donnant une poids supérieur aux dieux (religieux ou politiques) sur les Hommes ! Dans le fond le secret de la loi du marché c’est qu’il faut croire que l’on finira avec le temps par convaincre que l’on est un accident de la vie politique !

Cette publication a un commentaire

  1. Gege31

    « Toqua la mano » ne fait donc plus d’effet ? L’électeur deviendrait donc insensible à la sollicitude des élites ? Voilà ou vous en êtes, vous payez pour tous ceux qui se sont moques du peuple entre deux elections. Je suis votre blog depuis des années, j’ai même fait un crochet par Créon et j’ai ainsi pu mesurer on situ votre engagement dans vos choix budgétaires. Non vous ne méritez certainement pas d’être battu, je pense que vous avez bien rempli votre mission, que vous êtes digne de ce mandat que le Peuple vous a si souvent donne. Mais, hélas, vous portez dignement la mauvaise casaque. Rien n’est perdu, vous n’avez pas le droit de baisser les bras , mais exigez de vos petits camarades la même sincerite dans leur engagement, le même gout pour le travail bien fait. Ils ont beaucoup
    de travail, qu’ils fasse preuve de plus de « courage politique », qu’ils ne soient plus les obligés de la rue Solférino, qu’ils soient moins arrogants sous prétexte de détenir LA majorité.
    Une seule question reste posée : le socialisme exite t il encore ?

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