CANTONALES – Le populisme et les approches présidentielles font campagne

Comment arriver à persuader les électrices et les électeurs de la nécessité de tourner le dos aux analyses fantasmagoriques distillées en boucle sur les médias nationaux ? Le temps presse et je n’ai pas la solution malgré la multiplicité des supports que nous utilisons dans cette campagne électorale. Défendre des valeurs, des idéaux au plan local n’a plus aucune sens tant l’imperméabilité des esprits est forte. Le porte à porte ressemble à une tournée des témoins de Jéhovah voulant vendre leur royaume. La distribution dans les boites aux lettres n’a qu’une productivité faible tant les documents sont assimilés à cette pub que désormais une majorité de gens ne veulent plus recevoir. Les réunions publiques de tous les partis ne rassemblent que des gens convaincus ou suffisamment lucides pour apprécier l’importance du scrutin. Sur les marchés les apparitions de CDNI (candidats distributeurs non identifiés) totalement inconnus discréditent la venue pourtant quotidienne des autres ! La France est en état de catastrophe citoyenne n’ayant absolument rien de naturel ! La démocratie sombre inexorablement dans la négation absolue des principes ayant permis sa construction républicaine.

Jamais en 40 ans cette année, d’engagement ininterrompu quel que soit le contexte, dans la vie politique je n’ai connu une telle situation bloquée et impénétrable (sauf peut-être pour le référendum Rocard sur la Nouvelle Calédonie). On est loin, très loin de l’élan du 11 janvier quand, au coude à coude, des citoyennes et des citoyens sur des places des villages ou dans les rues des grandes villes se réunissaient pour résister.

La seule vraie résistance face aux idées barbares ou à celles qui ont toujours annoncé la haine c’est pourtant maintenant le vote ! En passant dans l’isoloir, en mettant un bulletin anti-FN dans l’urne, en ne suivant pas les mots d’ordre de division ou d’une bêtise ostentatoire on se positionne de manière claire en faveur de… la liberté d’expression ! C’est vrai que c’est moins flamboyant que d’exhiber un Charlie Hebdo arraché à un kiosque de haute lutte ! J’étais de ces moments indispensables contre la cruauté sanguinaire de certains mais je suis chaque soir sur le terrain pour poursuivre le combat ! Le problème vient du fait que notre société est devenue celle de l’engagement éphémère, du zapping idéologique, de la superficialité médiatique. Et que les départementales s’évaporent dans un tel contexte : « vous vous êtes fait voler votre bilan et vos propositions par le national » expliquait Naïma Charraï dans une réunion !

Prenons l’exemple du vote FN présenté en pourcentage comme un raz-de-marée alors qu’avec une participation de 45 % et un nombre de voix en baisse il est possible d’atteindre 33 % des voix exprimées annoncées ! Toute la journée les télés perroquets répètent des chiffres sans aucun sens puisque le tsunami bleu Marine se résumera à moins de 13 % du nombre d’électrices et d’électeurs français! Moins d’un sur 10 ! Quand aujourd’hui un grand quotidien régional contraint à rivaliser dans le populisme titre sur… le salaire des conseillers généraux il faut admettre que le scrutin est perdu d’avance car il renforce le poujadisme berceau du FN. Encore une fois la volonté manifeste de présenter les élus comme des nantis repose sur le montant brut de l’indemnité ce qui ne se fait jamais pour n’importe quel journaliste qui oserait publier son salaire brut en regard de celui d’un élu  !

En fait l’indemnité brute de vice-président du Conseil général de la Gironde (1,5 millions d’habitants et la responsabilité d’un budget principal de 1,5 milliard) est exactement de 3 725,43 € qui devient net : 2 329 € (preuves à l’appui) puisqu’il faut enlever 1 395,43 € de retenues ou de versements divers bien évidemment oubliées dans les publications ! Je tiens le bulletin à la disposition de qui le veut ! Mais bien entendu ce genre d’articles à sensation va favoriser la non-participation comme celle qui consiste à parler des absences des élus sur le terrain alors qu’on donne comme consigne de ne pas les filmer, ne pas les photographier et ne pas les citer quand ils y sont ! Comment persuader les électrices et les sélecteurs d’aller voter pour des « trop-payés » car ne foutant rien, « incapables » de régler un problème en 30 secondes comme sur Internet ?

C’est l’enjeu des élections départementales qui risquent de faire sombrer le niveau politique local, celui qui jusque là s’affaiblit à chaque consultation davantage et qui finira par être remplacé par le tirage au sort comme au loto. La Vème République montre ainsi ses limites depuis que le quinquennat est arrivé ! Plus aucune autre échéance n’existe : la présidentielle règle la vie française. Le reste est subalterne! Le quotidien est banal et sans intérêt ! Une campagne présidentielle s’achève et un an plus tard le « monarque » est déjà obligé d’oublier ses promesses pour préparer sa réélection ! Toutes celles et ceux qui accompagnent le Président font désormais de cette hypothèse leur seul axe de travail. Les « stratèges » ont amputé le PS et une partie de la Gauche de multiples villes et en bons chirurgien de guerre ils se préparent à sacrifier les départements et même les régions ! On est à 26 mois de la seul échéance qui vaille…et le peuple n’attend que celle-là et règle leur compte aux premiers qui se présentent au nom des présidentielles !
Jean-Marie Darmian

Cet article a 3 commentaires

  1. Gege31

    Désespéré ? Non pas vous … Faites comprendre à vos amis responsables politiques que les français sont déboussolés et capables des pires réactions. Courage, seuls des gens comme vous peuvent renverser la vapeur.

  2. DESBORDES Jacques

    Brillante démonstration, preuves à l’appui.
    Sans doute est-il grand temps (je ne veux pas croire qu’il soit trop tard) que nos stratèges technocrates et nos décideurs parisiens -qui regardent la France et ses habitants avec une regrettable verticalité descendante et condescendante- entendent l’inquiétude et l’incompréhension des millions de futurs votants et la « voix silencieuse » des millions de futurs abstentionnistes qui s’agacent de ne pas être pris accompagnés pour comprendre et maîtriser les enjeux majeurs du scrutin départemental du 22 mars prochain.

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