On ne se décrète pas républicain… on agit en républicain !

Désormais il va falloir se poser une question essentielle : qu’est-ce qu’être républicain ? J’espère qu’avant que l’UMP s’approprie cette référence des débats seront organisés sur le service public pour expliquer que Sarkozy effectue de la publicité mensongère ou du détournement de patrimoine. Pour bien comprendre que c’est un usurpation abusive d’une référence historique il suffit de poser quelques principes clairs. L’un d’entre eux concerne par exemple, pour un vrai Républicain le refus absolu d’utilisation des fonds publics à des fins partisanes. C’est une référence que le RPR puis l’UMP n’ont jamais admise et le palmarès des affaires ayant vu le parti de Droite mouillé dans des processus internes de ce type est impressionnant. Mépris absolu des règles de gestion des collectivités (reparlera-t-on un jour des emplois fictifs parisiens?) allant de l’Élysée (l’affaire des sondages) au Sénat (primes illicites versées aux sénateurs UMP)  en passant par des dizaines d’autres entourloupes visant à utiliser indûment les finances publiques pour des actions ciblées au service de personnalités en vue !
Ainsi le nouveau Conseil départemental des Alpes Maritimes a eu le privilège d’accueillir tous frais payés évidemment, le Président de l’UMP. Imaginez un peu le déluge de critiques qui s’abattraient sur le Conseil départemental de la Gironde s’il recevait sous un prétexte ou un autre en grandes pompes… Cambadélis ! Reçu à Nice par le député UMP son supporteur Eric Ciotti, qui lui aurait présenté son dispositif de lutte contre la fraude sociale, Nicolas Sarkozy a prononcé par contre un court discours devant les élus du… Conseil départemental des Alpes-Maritimes. Il en a profité pour saluer l’action menée par le président du département et surtout évoquer les différences existant selon lui entre son mouvement et la majorité gouvernementale. On voit donc que ce n’était absolument pas un déplacement politicien pour deux sous ! Et en plus il est venu devant un parterre de partisans donner la leçon aux socialistes aux frais du contribuable des Alpes Maritimes. Il a en effet affirmé sans sourciller avec son mépris habituel que sa famille politique se composait (elle) de « républicains avant toute chose » (sic), au contraire de « socialistes (qui) sont d’abord socialistes » (sic).
C’est une injure grotesque émanant de celui qui n’a cessé durant sa carrière de démontrer son mépris pour les idéaux républicains. L’égalité ? La fraternité ? La liberté ? Quel est le bilan Sarko-UMP dans ces domaines ? Le magazine Challenges croit d’ailleurs savoir que Nicolas Sarkozy aurait déjà rodé cette « formule (qui) lui plaît (sic) » et qu’il répète en boucle depuis plusieurs jours : « les socialistes d’aujourd’hui ne sont plus républicains, ils sont socialistes et rien d’autre ».
Je vis personnellement cet effet de manche comme un outrage personnel. Considérer que, sous prétexte que je partage depuis toujours l’idéal historique des socialistes je ne serais pas républicain constitue une saloperie sans borne ! J’ai probablement plus fait pour la République qu’en a fait un Sarkozy dont la principale devise a toujours été « ne pas servir la République mais se servir de la République ! ». Rien n’est parfait au PS et jamais rien ne sera parfait mais comment supporter des leçons venant de la bande à Sarkozy ?
Même au sein de l’UMP on trouve ces propos infamants. « A l’UMP, nous sommes des républicains, sans aucun doute. Mais je ne considère pas que nous soyons « les Républicains ». Il me semble qu’un grand nombre d’élus et d’électeurs d’autres partis le sont tout autant » souligne Édouard Philippe de Député-Maire de Le Havre ce qui est tout à son honneur . Il est classé parmi les « juppéistes » autant dire que déjà il sera minoritaire tant le discours populiste, outrancier, manichéen de Sarkozy plaît aux futurs électeurs de la « primaire » qu’il va maîtriser de bout en bout. Sa nouvelle invention (une application gratuite pour tablettes) va lui permettre d’ailleurs de tester en permanence les axes essentiels de son programme. Le système lui offrira le privilège unique de tenir des propos en parfaite adéquation avec ce qu’attend son public de supporteurs et donc d’affirmer toute honte bue tout et son contraire.
Jules Renard caractérisait le « Républicain » comme celui qui a une « haute idée de la morale ». Il y a déjà un malaise concernant l’accusateur public numéro 1. Voltaire pensait lui qu’ « un républicain est toujours plus attaché à sa patrie qu’un sujet à la sienne, par la raison qu’on aime mieux son bien que celui de son maître. » pas certain que ce soit le cas de bien des gens qui entourent le Bonaparte de l’UMP !
Jean-Marie Darmian

Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    RES PUBLICA : la chose publique, le fait même de privatiser à tout va ce qui est le bien commun à la nation et aux citoyens (ça a commencé avec les avantages incongrus octroyés à l’enseignement confessionnel), ne permet pas à l’UMP et ses supporters de se qualifier de républicains.
    A cet égard, on peut appliquer la même restriction à certains aspects de la constitution de la cinquième république, qui n’a de république que le nom.

    Il en est de même pour la droite étasunienne qui s’est arrogé le droit de se désigner comme parti républicain.

    Si j’ai bien compris Monsieur Obama n’aurait sans doute pas lui non plus la fibre républicaine puisqu’il est démocrate, et donc rien d’autre.

    Il faut bien avouer que le terme « République » est un peu accommodé à toutes les sauces quand on voit que certains osent, pour désigner une théocratie, l’oxymore audacieux de « république islamique ».

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