Des mots volés pour les maux populaires

Tout le monde a ses marottes et ses faiblesses ! Je n’échappe pas à la règle et j’avoue penaud que les miennes ne sont pas glorieuses ! J’adore écouter ! Simplement écouter en tentant de capter les conversations banales entre les gens dans un restaurant dont les tables ne sont pas trop distantes, à la terrasse d’un café sur laquelle les client(e)s se lâchent plus facilement qu’ailleurs ou tout simplement depuis un banc public en interceptant les dialogues éphémères des gens qui passent ! C’est souvent totalement inutile mais je capte au vol la réalité des vies et surtout des expressions ou des positions illustrant à merveille l’époque ! Rien à voir bien entendu (sic) avec les grands sujets du présent évoqués prétentieusement par les médias. On ne voit les existences que par le petit bout de la lorgnette mais ces micros prises de position partielles reflètent bien mieux l’état d’esprit du Peuple que les propos entendus des éditorialistes !
Ainsi dans un restaurant espagnol surpeuplé en retraités venus « bien manger pour pas cher  » sous entendu passés pour  » bouffer copieusement pour moins de 15 euros, apéritif, cava et rosé acide compris », un couple se chamaille à portée de fourchette. La dame a le verbe haut face à son compagnon placide et certainement blasé !  » Tu sais lance-t-elle le locataire du second m’a expliqué qu’il ne fallait pas voter Juppé ! Il est pour Le Pen et il m’a dit que Juppé était pour le mariage pour tous et qu’il avait acheté un terrain pour construire une mosquée à Bordeaux.
– Ah ! Bon ! Tu crois ?
– Oui je t’assure ! Il ne faut pas voter pour lui !  » Elle change de sujet et le tance sur son refus de la voir l’accompagner dans une fête de village qu’elle qualifie de simple « foire »! La lenteur bien espagnole du service va lui permettre de décliner la querelle entre les plats commentés en niveau de cholestérol ! Marine réapparaît de temps à autres dans la confrontation comme si dans le fond elle constituait le sujet essentiel de la conversation des retraités pas vraiment malmenés par la crise !  » On n’achète pas d’essence ici car elle est moins chère au Leclerc chez nous  » lance la mégère qui ne voit donc plus l’intérêt de venir en Espagne « où tout est plus cher que chez nous! » ! Les temps changent !
Ailleurs ce sont d’autres bribes saisies au vol comme cette affirmation venant d’un groupe de salariées en pause dans un restaurant baba cool :  » On ne va durer longtemps car il n’y a plus rien à faire ! Tu crois que le chef ne le sait pas ? «  On baisse la tête sur la salade et le cauchemar du chômage passe ! Le soleil tente bien de réchauffer l’atmosphère mais le froid reste. Â rapprocher du :  » t’as vu comment je lui ai fait baisser le prix à la vendeuse!  » entendu devant un magasin de la rue commerçante de Pau qui à lui seul résume la société du discount obsessionnel !
Les clients arrivent dans ce bout de restaurant palois oublié dans une ruelle! Accueil peu rassurant : « je vais vous expliquer la carte : voyez ces 3 salades on ne les a plus et je ne vous conseille pas la morue sauf si vous l’aimez très salée ! » On se croirait dans un sketch de Roumanoff. Dois-je repartir en prétextant un rendez-vous urgent ?  » Du cidre ajoute la patronne ? On n’en a plus ! Vous savez on le fait venir au fur et à mesure de Normandie alors on n’a pas refait de commande ! » La situation s’aggrave pour le groupe de touristes qui eux, ne sont pas allés manger en Espagne ! Tous prendront ce qu’il teste un samedi à midi ! La scène est cocasse mais bien réelle : rappelons que la France est uns grand pays d’accueil touristique.
Les Ferrari du rallye Opticien 2000 traverse Saint Béat devant quelques curieux photographes amateurs de bagnoles de luxe qui guettent des pilotes célèbres sur le pont enjambant la Garonne apaisée ! L’une d’entre elles s’arrête quelques instants au cœur du village. Le couple occupant descend en tenue blanche de Formule 1 du plus bel effet devant un « autochtone » n’ayant pas, malgré l’heure encore matinale sucé que de la glace encore présente sur les sommets voisins !
 » Belle bagnole ! Petite bite ! Oui ! Belle bagnole ! petite bite !  » clame façon Audiard et le plus fort possible le vengeur des petites gens condamnées au vélo ou à la 4 l par la vitre ouverte de la voiture de milliardaire par excellence  » Tu as vu ce que je lui ai mis à ce pauvre con ! » confie en souriant et en me prenant à témoin de son audace le vengeur des montagnes ! Ce gars là ne sait pas encore que la lutte des classes n’existe plus ! J’ai ma brève rencontre de la journée !

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