La vérité risque bien d'être au fond du puits

La croissance française repose sur deux paramètres extérieurs essentiels : la baisse de l’euro et la diminution du prix du baril de pétrole. En fait une bonne part de la situation économique mondiale est liée aux variations du coût de l’énergie et on scrute davantage le cours de ces matières premières essentielles que sont le gaz et le pétrole. Le contexte évolue. Les producteurs ont absolument besoin de vendre et la demande a augmenté… Ils n’ont donc pas intérêt à voir descendre trop bas les cours et par ailleurs personne ne veut caler sur les quantités mises sur le marché. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a donc décidé de conserver son plafond inchangé lors de sa réunion ministérielle, malgré la surabondance d’offre qui plombe les cours et la perspective d’un retour massif de la production des ayatollahs sur les marchés. Toutes les manœuvres diplomatiques en cours avec Téhéran vise en effet à ramener la production iranienne dans le jeu de telle manière que les tarifs de vente soient tirés vers le bas par un surcroît de pétrole disponible .
Les ministres des douze pays de l’Opep ont donc débuté les discussions au siège du cartel à Vienne pour décider de leur objectif de production pour les six mois à venir. Il faut cependant voir derrière cette apparente sérénité l’arrivée d’affrontements sérieux dans ce secteur clé de l’activité mondiale. Le maintien d’une production de 30 millions de barils par jour, malgré une surproduction de plus de deux millions de barils et la déprime des prix de l’or noir sur le marché, tombés à 62 dollars pour un baril de brent sembleraient à priori dangereuses mais comme il n’existe plus aucune véritable solidarité entre les pays on va paisiblement vers une véritable concurrence « officieuse ». On se fera bonne figure autour des tables de négociation avant de repartir animés de l’intention de vendre le maximum de sa production nationale.
Les Américains ayant libéré l’exploitation des schistes peuvent se permettre de voir venir avec 9,5 millions de barils de brut sortis de leur sol (dont la moitié d’huiles non conventionnelles). La production américaine n’a été aussi dynamique, et elle progressera jusqu’à près de 11 millions en 2020 et comme les Russes n’ont pas du tout l’intention de caler en matière de quantités mises en vente on va assister à une guerre larvée des prix pour le grand bonheur des « consommateurs ».
Dans ce jeu trouble on attend le retour de l’Iran, l’arrivée du Brésil et le maintien des volumes irakiens car les trois gouvernements ont un grand besoin de devises pour tenter de relancer l’économie à Téhéran, à enrayer la décroissance à Rio et à tenter d’obtenir les fonds nécessaires à la guerre à Bagdad. N’empêche que sur cette diaspora du pétrole pèse la situation dans le Golfe persique puisque la moitié de la production de l’OPEP sort de ses puits. D’autres pays s’inquiètent par ailleurs car ils n’ont comme véritables ressources que le pétrole et le gaz et leurs budgets commencent sérieusement à souffrir. On entre donc d’ici la fin de l’année 2015 dans une période de fortes turbulences sur le marché très sensible de l’énergie.
Il y a en France une vraie urgence à mettre en place un grand plan de « désintoxication » aux autres solutions énergétiques. Or plutôt que d’anticiper on se contentera de s’appuyer sur un niveau des cours relativement bas ! Ainsi la facture des importations de pétrole et de gaz en 2015 devrait se situer aux alentours des 40 milliards contre la bagatelle de 55 milliards en 2014 et 65 en 2013… c’est au bout une véritable bouffée d’oxygène pour la balance commerciale mais aussi pour le pouvoir d’achat des ménages. En 2013, la facture annuelle avait atteint 3207 euros en moyenne par ménage, selon le Bilan énergétique de la France publié par le Commissariat général au développement durable. Une hausse de plus de 40 euros par rapport à 2012, soit + 1,3 % en euros constants. Les achats d’énergie représentaient ainsi 6,2 % de la consommation effective des ménages, une proportion inégalée depuis 1991, soulignait le rapport.
Ce sont les dépenses liées au logement (chauffage, eau chaude sanitaire, cuisson, usages électriques) qui alourdissent la facture  : elles avaient augmenté de 6 % par rapport à l’année précédente pour atteindre 1800 euros (contre près de 1500 euros en 2011). Les ménages avaient en effet subi, la hausse des prix de l’électricité (+ 6,5 %) et du gaz (+ 3,9 %). En revanche, les dépenses de carburants diminuaient de plus de 60 euros, à 1335 euros par ménage en moyenne. Pour la première fois depuis 2009, les prix des carburants avaient chuté de 2,6 % et cette baisse s’est accentuée. Il n’en est pas de même sur le chauffage et l’éclairage, deux secteurs où le décalage est beaucoup plus lent.
Dans le fond si tout le monde se moque pas mal de la réunion de l’OPEP, si personne ne se préoccupe pas trop des conflits mondiaux autour de l’or noir les dégâts risquent d’être considérables avant 2017. Pour le week-end on parlera davantage d’une fausse bataille de Poitiers !

Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    Quel numéro d’équilibriste vont nous livrer les « experts » pour faire coller ces consommations pharamineuse et la production de gaz à effet de serre qui en découlent, avec les grandes résolutions et déclarations la main sur le cœur, auxquelles on va assister au grand raout environnemental de la conférence de Paris ?

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