Le danger n'est pas le renseignement mais c'est ce que l'on en fait !

Le film « La vie des autres » sur le rôle de la Stasi en République démocratique allemande a recueilli des commentaires élogieux, émus ou indignés des commentateurs attitrés de la vie politique car il dénonçait des dérives du système dictatorial communiste. Comment avait-on pu commettre des actes d’espionnage privé aussi indignes de la vie démocratique. Un truc communiste effroyable : micros, caméras, filatures? Pire que le fameux KGB soviétique de l’époque noir du stanilisme! Tout le monde suspectait tout le monde et tout le monde surveillait tout le monde. Les plus hauts placés dans la hiérarchie du pouvoir comme les quidams un tant soit peu contestataires étaient la cible de manœuvres dilatoires réputées secrètes. En France pendant des années les « renseignements généraux » remplissaient des fiches cartonnées avec toutes les précisions nécessaires sur les plus remuants des citoyens. Dans la période gaulliste le système a fonctionné à plein régime et il serait incroyablement naïf de prétendre que ce n’est plus le cas pour des personnalités connues ou reconnues.
A toutes les époques, tous les puissants ont tenté de savoir ce qui leur permettrait de dominer leurs adversaires. Le chevalier d’Eon, le redoutable Fouché, Mata Hari avaient un visage et une réputation dont l’Histoire a gardé la trace. Désormais ont est entré dans le silence, la dissimulation, la trahison mais lointaine, anonyme et technologique avec des objectifs restant les mêmes. Les vierges effarouchées qui découvrent que la NSA s’est gavée d’écoutes en tous genres et à tous les niveaux en France comme ailleurs sont des tricheurs avérés. Tous les politiques lucides généralement bien informés le savaient mais comme il était impossible de le dénoncer on s’arrangeait tant bien que mal avec cette vaste généralisation de l’espionnage institutionnalisé. Pas une seule personne n’est en effet actuellement et en partie comme avant hors d’un réseau de surveillance débouchant sur un fichage isolé ou collectif.
Le quotidien Libération annonce à grands renforts de communiqués qu’il va publier des choses plus précises sur l’espionnage à grande échelle. « Ce ne sera pas que sur les présidents, ce sera sur la vie politique », a déclaré Laurent Joffrin à la chaîne TV5 Monde. Que va-t-on apprendre de sensationnel ? Que les Etats-Unis tirent les ficelles en France en fonction de leurs besoins ? Qui en a douté ? On a dénoncé durant des décennies le poids de l’ex-URSS dans les décisions prises par le Parti communiste français mais on s’est bien gardé de dévoiler les liens entre la droite ultra-libérale après la mort de de Gaulle, avec la CIA. Il n’y a pas un seul pays au monde dans lequel les services secrets américains n’ont pas joué un rôle capital dans les processus d’une accession ou une chute du pouvoir (coups d’état, élections présidentielles, choix de personnalités…) des gouvernants. La seule vérité c’est qu’ils maîtrisent toujours plus le système médiatique, qu’ils le manipulent et qu’ils effacent les traces de ces actions découlant des renseignements recueillis.
S’il n’y avait pas eu le courageux et un tantinet inconscient fondateur du site lanceur d’alertes WikiLeaks Julian Assange l’iceberg de la NSA serait resté sous l’eau glacée du secret. Quand il promet des révélations encore plus inquiétantes sur le système US Joffrin joue au matamore et ne fait que mettre au grand jour des pratiques mondialisées. « Il y a beaucoup de documents, si on les sort tous d’un coup, ça fait un bouquin, pratiquement », a ajouté le patron de Libération, évoquant « encore deux volets de documents à fournir » qu’il faut décrypter et vérifier. La CIA est partout et a été mêlé à tous les événements politiques français ! On el sait depuis belle lurette. Quelques exemples célèbres ?
1947. La Guerre froide bat son plein. L’URSS veut pousser ses pions en Europe, notamment en France et en Italie, où les partis communistes disposent de bases électorales et syndicales solides. Créée sur instruction du président américain Truman, la CIA entend bien contrer cette offensive. Elle envoie pour cela à Paris l’un de ses agents d’influence les plus actifs, Irving Brown, nommé officiellement délégué général pour l’Europe du puissant syndicat américain AFL (American federation of labor). C’est lui qui se charge de soutenir la scission du syndicat ouvrier CGT, dominé par les communistes, pour créer Force ouvrière (FO).Ce fut un succès !
La CIA multiplie dans les années 60 les contacts avec les milieux intellectuels, soutenant des revues, des journaux, des agences de presse, de symposiums, des rencontres, des congrès où l’on croise notamment le sociologue Raymond Aron. Elle soutient surtout les mouvements politiques pro-européens, où officient des leaders tels que l’ancien résistant Henri Frenay, le futur père de l’Europe Jean Monnet, ou le jeune ministre François Mitterrand. Elle est dans la création européenne à tous les étages !
1981. L’arrivée de François Mitterrand à l’Elysée (sûrement déjà espionné) et l’entrée de ministres communistes au gouvernement suscitent des inquiétudes à Washington. Certains conseillers du Président de la République ont même une réputation sulfureuse aux yeux de la CIA. C’est le cas de Régis Debray, qui fut en 1967, sous le nom de code de Danton un agent de liaison entre Fidel Castro à Cuba et Che Guevara, qui animait une guérilla dans la jungle bolivienne. En mars 1967, Debray, jeune agrégé de philo, a été arrêté après son départ du maquis bolivien et emprisonné près de Camiri. Interrogé par la police et des agents de la CIA, le militant franco-guevariste n’a rien dit, s’en tenant à sa version des faits : il effectuait un reportage sur le Che. Un tribunal militaire bolivien l’a condamné le 17 novembre 1967 à 30 ans de prison et il a été libéré quelques mois plus tard, grâce à des interventions internationales. C’était la CIA et la résultante d’une espionnage déjà fort sur Paris !
Et il y aurait encore plus récemment bien d’autres événements majeurs qui paraissent spontanés alors qu’ils ne résultent que de longues et massives collectes de renseignements. Tous les coups (surtout les plus tordus) sont permis et sont possibles dans ce monde perverti par le profit sous toutes ses formes ! Et les révélations attendues ne changeront pas le job de millions « d’ espions technologiques » qui n’ont en rien changé leurs habitudes ! Durant la polémique les grandes oreilles sont ouvertes et ne sont pas prêtes à se fermer

Cette publication a un commentaire

  1. CUSSAC

    Tout le monde espionne tout le monde. Le but est autant sinon plus économique que militaire…. mais on revient avec les

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