Il va faire de plus en plus chaud sous les maillots

L’eau va devenir l’or estival auquel que tout le monde tente de se procurer. Année après année il va bien falloir s’habituer à sa raréfaction sur des périodes de plus en plus longues. Envisager un jour une bataille pour le liquide essentiel à la vie ne relève plus du tout du fantasme écologique. Cet été encore une fois revient la notion de pénurie quand tout le monde ne veut vraiment pas entendre ce mot. On en arrive à 52 départements concernés mardi par des restrictions d’eau liées à la sécheresse et aux fortes chaleurs qui persistent depuis plusieurs semaines, en particulier dans le Centre-Est et le Sud-Ouest, touchés par de nombreux départs de feu, selon un décompte réalisé par le ministère de l’Ecologie. En Gironde ont approche les 350 débuts d’incendie qui ne sont pas tous fortuits et liés à la chaleur et la menace demeure très forte.
Des mesures de restriction d’eau ont été prises dans la quasi-totalité des départements de Bourgogne et Rhône-Alpes, où la canicule a fait rage depuis début juillet, ainsi qu’en Auvergne. Tous les départements de la région Poitou-Charentes et de l’Aquitaine comptent également des bassins versants concernés par de telles restrictions préfectorales. Si elles concernent souvent l’irrigation, l’arrosage, le remplissage des piscines la montée en puissance de la fréquentation touristique dans ces régions ne va pas aller sans poser de graves problèmes d’approvisionnement en eau potable.
Jamais peut-être la réalité de la situation n’a été aussi inquiétante sur le territoire national mais une fois encore on attendra qu’elle devienne catastrophique pour réagir. Il va bien devenir indispensable de réfléchir à une forte différenciation et à une vraie réglementation des usages.
Depuis des décennies on a bâti des systèmes de gaspillage exagérés au nom de l’efficacité économique. Est-il par exemple normal que l’on laisse fonctionner des installations de lavage non économe de la ressource des automobiles ? Pourquoi ne pas taxer fortement ces utilisations ou au moins augmenter la TVA ? Ne peut-on pas aller d’urgence vers des déductions fiscales pour les installations de récupération des eaux de ruissellement qui seraient homologuées ? Est-ce impensable de subventionner fortement les arrivages des espaces publics utilisant des eaux autres que celle du réseau potable ? Peut-on interdire purement et simplement tout arrosage privé ou à vocation hors de la période 22 h-6 h du matin ? En été période de l’insouciance il n’est pas possible de réguler les usages domestiques mais une incitation tarifaire forte à l’économie doit être généralisée durant cette période par exemple en avançant le relevé de fin d’année au 1° octobre.
La sécheresse qui s’installe ne saurait être la seule préoccupation du monde agricole mais celle de chacune et chacun d’entre nous. Or il y a fort à parier que dans les prochaines semaines le débat restera limité à ce secteur de l’activité économique.
Il va manquer de fourrages et de paille sur le marché. C’est une certitude. Cette pénurie impactera le milieu de l’élevage dont on sait combien il est devenu fragile par les décisions européennes. On va également assister à une forte dégradation des rendements ou à un accroissement des niveaux de pollution de tous les cours d’eau. Cet été sera plus terrible dans ces domaines que bon nombre de ses prédécesseurs puisque tout le territoire semble sombrer dans la pénurie. La sécheresse de 1976 a été la plus grave concernant le manque de pluies mais en 1989, les sols ont encore plus souffert, et plus qu’en 2003 où les températures ont été plus élevées mais moins longuement. Il va donc être indispensable de scruter les prévisions météorologiques avec un autre œil.
Le ciel bleu va bien au moral des uns mais peu à terme détruire celui des autres. On entre dans une période forts risques de violents orages localisés par confrontation de courants d’air antagonistes. Lentement mais inexorablement la France s’installe dans une nouvelle dimension climatique. Toutes les critiques de cette appréciation sont inadmissibles mais les faits son têtus et cet été donnera de nouvelles inquiétudes justifiées. Quand on parle de canicule on sort un plan ponctuel pour les personnes âgées. Ne serait-il pas aussi important que des décisions nationales anticipent une crise supplémentaire ? Selon les modèles disponibles, le dérèglement climatique devrait fortement influencer la pluviométrie globale ou saisonnière. Localement, les débits des cours d’eau seront modifiés. Et les experts attendent une occurrence et une gravité accrues des sécheresses dans les régions tempérées. Alors désolé de vous faire suer mais nous n’avons pas fini d’avoir chaud sous les maillots !

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