La sortie scolaire salutaire des nouveaux enseignants

Sur France Infos un reportage autour de la rentrée scolaire et enfin une certaine originalité autour de ce jour clé de la vie collective ! Figurez vous que le Principal d’un collège d’une ville de la banlieue parisienne a transformé de manière utile la fameuse journée de travail prévue entre enseignants avant l’arrivée des élèves en sortie scolaire. Profitant de l’absence de cours le mercredi après-midi il a convoqué tous les profs pour leur faire découvrir collectivement le secteur scolaire duquel viennent les élèves dont ils auraient la charge. Une initiative bien plus utile et efficace que le commentaire des nouveaux programmes provisoires (ils changeront dès qu’un nouveau ministre arrivera!) ou des instructions officielles toujours en décalage complet avec les réalités du métier ! Dans ce quartier sensible un responsable d’établissement est parti du principe que nul ne peut dissocier l’enseignement du contexte socioculturel ou socio-économique dans lequel il s’exerce ! Peut-on en effet demander les mêmes résultats, les mêmes comportements, la même motivation à des élèves plongés dans une cité paupérisée ou à d’autres vivant dans des pavillons résidentiels ? La déconnexion entre le milieu (au sens large) de vie des enfants, leur contexte familial et les appréciations portées sur leur réussite scolaire devient de plus en plus forte ! Elle est même le facteur essentiel des échecs constatés !
Les fondateurs de l’école publique, obligatoire, gratuite et laïque avaient il y a bientôt 150 ans tenu compte de ce facteur essentiel en faveur de la réussite scolaire. Il n’était pas question pour un instituteur de résider autre part que dans la commune où il exerçait sa fonction. Pas plus qu’une directrice ou un directeur d’école était dispensé de s’installer dans le fameux « logement de fonction » obligatoirement aménagé avec le groupe scolaire lors de sa construction. Il fallait que l’enseignant soit au cœur du lieu de vie des ouailles dont il avait la charge. En plus dans le milieu rural il devait très souvent assumer les fonctions de secrétaire de mairie ce qui lui permettait d’avoir une connaissance profonde de la réalité sociale. Bien évidemment on ne saurait revenir sur la suppression de l’obligation de vivre et œuvrer au pays mais par contre il serait souhaitable qu’au moins une présentation sociologique du secteur scolaire et une vraie prise de connaissance du contexte dans lequel évoluent les enfants ou les adolescents soient effectuées pour les nouveaux arrivants.Il n’est plus en effet pensable que ne signant plus leur procès-verbal d’installation, un maire ne rencontre les professeurs des écoles affectés sur sa commune autrement que dans les instances officielles.
Est-il inimaginable qu’une réunion soit organisée dans les collèges avec les élus locaux pour une présentation aux enseignants des équipements sportifs, culturels, des atouts associatifs, des équipements sociaux, de la structuration institutionnelle du quartier ou du secteur scolaire ? Sur près de 180 personnes affectées par l’éducation nationale dans les écoles maternelle, élémentaire, spécialisée, privée sur le collège public à peine 3 % ont leur domicile sur la commune de Créon ! Certains se contentent du trajet quotidien « domicile-travail », rouspètent en raison des difficultés de stationner au plus près de l’établissement leur véhicule et ignorent tout de l’environnement dans lequel ils vont évoluer ! L’initiative prise par le Principal devrait être systématisée. La « promenade » pédestre organisée avec le soutien des animateurs socioculturels de la commune a particulièrement plu aux… élèves selon le contenu du reportage. Ils ont été d’après leurs déclarations, sensibles à la venue dans leurs « tours » déglinguées, sales et oubliées, des professeurs qui seraient face à eux quelques heures plus tard.
Un proche e racontait que le jour de la rentrée sur un collège girondin de Mérignac il avait constaté que dans la classe de sixième de son fils il que des élèves arrivaient sans… cartable ! Pas un instant lors de l’accueil on s’est soucié des raisons de cette situation. Rien n’est prévu pour réparer immédiatement cette carence. Quelle « intégration » attendre de ces enfants qui dès la première heure sont en marge et qu’on le veuille ou non en situation d’échec évidente. Un élève n’est pas une abstraction pouvant absorber un savoir dénué de tout lien avec sa réalité quotidienne. Celui qui par exemple se lève à 6 heures pour se rendre par les transports collectifs dans un établissement et qui rentrera 12 ou 13 heures plus tard chez lui a-t-il les mêmes chances de réussir que celui qui n’a que quelques centaines de mètres à effectuer pour suivre le même enseignement ? Que doit-on demander en recherche personnelle à un gamin vivant dans une commune dans lequel il n’y a aucun équipement culturel ou sportif et qui doit encore se déplacer pour pratiquer une activité d’enrichissement personnel ? Je suis vraiment favorable à cette initiative de ce Principal de la banlieue parisienne !

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