Les routes des fausses économies conduisent à des impasses

Le gouvernement a décidé de ponctionner les dotations aux collectivités territoriales afin de les contraindre avec un plan de réduction des déficits colossaux enregistrés par l’État depuis une bonne décennie. Cette mesure a été particulièrement critiquée par son ampleur et surtout pour ses effets induits. Elle sera en définitive plus néfaste que positive pour les finances publiques mais encore une fois on jouera sur les effets populistes d’une décision voulant démontrer comme ne cesse de le faire la Cour des comptes sur la mauvaise gestion des élus locaux incapables de maîtriser leurs dépenses.
D’abord elle entraînera une augmentation inexorable de la fiscalité locale ou une baisse très sensible des soutiens à la vie collective en général (vie associative sportive, culturelle, sociale). Il faut ensuite prévoir une forte dégradation des dépenses d’entretien des équipements publics surtout que la prolifération des normes maintient une pression constante sur les collectivités de tous niveaux. Les exigences croissantes de population va générer des conflits croissants entre des lobbies d’usagers et les responsables de tous niveaux en difficulté pour y répondre. Il y aura une élargissement du fossé entre élus et électeurs alors qu’il ressemble déjà un un précipice. En fin et surtout l’emploi que tout le monde s’évertue de développer va subir en 2016 les effets pervers de cette cure d’austérité car rappelons le tous les crédits publics retournent directement (achats, prestations, travaux, frais financiers) ou indirectement (salaires, cotisations sociales) vers le milieu économique ! Or on constate un net recul de l’investissement des collectivités qui pèse déjà sur l’avenir du secteur des travaux publics. il a connu sa pire année depuis trente ans en 2015, avec un repli de son chiffre d’affaires de 8%, occasionnant la perte de 15.000 emplois. Au conseil départemental de la Gironde le nombre des demandes de subventions pour investissements des collectivités a nettement chuter en 2015 !
Malgré les initiatives des pouvoirs publics pour relancer les investissements, la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) anticipe un recul de 3% du chiffre d’affaires du secteur en 2016. Et ce après un repli qui devrait se chiffrer à 8% en 2015, a indiqué la fédération, lors d’une conférence de presse. Les entrepreneurs ne paient plus la taxe professionnelle, bénéficient du CICE, enregistrent une baissent du coût du travail mais… mais ils attendent des chanteurs de modernisation du pays au plan local ou départemental pour les PME ! En fait ces dernières se font actuellement laminer par les grands groupes qui faute de grands chantiers descendent sur les plus modestes réalisations ! Le secteur pourrait ainsi perdre 15.000 emplois cette année. Et on n’arrêtera pas cette chute avant probablement 2018 ou 2019 ! Tant que l’on ne fera pas comprendre aux « contribuables » que leurs impôts ne sont que les moteurs de leurs emplois dans tous les secteurs de la vie collective on ira vers une série de désillusions.
Septembre a ainsi constitué le 17 mois consécutif de baisse d’activité du secteur. Depuis le début de la crise, la rétractation est de 25%, occasionnant la perte de 42.000 emplois (dont 9.000 emplois intérimaires). 7.000 emplois permanents supplémentaires seraient menacés en 2016. Sur les douze mois écoulés à fin juillet 2015, 269 défaillances d’entreprises ont été enregistrées, soit 66% de plus qu’à la même période, un an plus tôt. Le secteur comptait 7.600 entreprises fin septembre. La nouvelle baisse d’activité en 2016 est imputable en grande partie à la chute attendue de la commande publique dont le secteur dépend à 70%. La demande des collectivités locales devrait chuter de 6,4% La baisse serait en définitive de 6% pour le bloc communal, premier client du secteur, 8% pour les départements et 10% pour les régions.
Des collectivités qui pèsent pour 40,5% dans la commande de travaux publics en France, mais dont nombre de projets ont été suspendus par le calendrier électoral (élections municipales, départementales et bientôt régionales), l’attentisme vis-à-vis de la loi Notre et, surtout, la baisse des dotations. L’investissement local est devenu « la variable d’ajustement des budgets depuis deux ans dans bon nombre de collectivités en raison de la forte diminution de l’autofinancement, alors que 2016 sera la troisième année de baisse consécutive des dotations (3,7 milliards d’euros de baisses programmés dans le projet de budget 2016, soit 8,9 milliards d’euros en cumulé depuis 2014). Or selon la FNTP, les mesures de soutien ne sont pas à l’échelle des enjeux. Elle observe que sur le milliard d’euros annoncé du Fonds de soutien à l’investissement local, seuls 150 millions d’euros sont programmés en 2016…. et il n’est pas certain qu’ils soient consommés. L’an passé la Gironde à restitué 20 % de ses crédits de soutiens financiers de l’Etat aux investissements faute de demandes en nombre suffisant.
Si la qualité de ses infrastructures a longtemps constitué un atout pour la France, la FNTP constate aujourd’hui un déclassement. Depuis 2008, elle est ainsi passée de la 4e place mondiale à la 10e d’après le classement du Forum économique mondial. C’est en matière de ports et d’aéroports que le recul est le plus rapide (la France passe de la 10e à la 26e place pour les premiers et de la 5e à la 15e place pour les seconds). Classée 1re en 2008 pour la qualité de ses routes, elle est aujourd’hui au 7e rang. A méditer après les polémiques inutiles de ces dernières semaines !

Cet article a 4 commentaires

  1. J.J.

    C’est bien beau tout ça, mais tu serais peut-être plus crédible si tu pouvais te prévaloir d’un titre d’Enarque ou de Technocrate breveté…..
    L’expérience ne compte ni ne suffit chez ces gens là, Monsieur….

  2. C. Coulais

    « C’est en matière de ports et d’aéroports que le recul est le plus rapide (la France passe de la 10e à la 26e place pour les premiers et de la 5e à la 15e place pour les seconds ».
    Je n’ai pas tout compris, il faut un NOTRe aéroport à Notre-Dame-des-Landes-Priez-pour-Eux ?

    Qu’est-ce qui détermine la qualité d’une infrastructure ? Ce n’est pas la qualité qui intéressent les BTP, mais la quantité à bétonner !

  3. L Chollon

    Cher Jean Marie, comme par le passé, je t’exprime mon étonnement, que tes arguments ne soient pas écoutés par la députée dont tu es le suppléant..

    1. Jean-Marie Darmian

      Martine Faure n’a pas voté un certain nombre de textes qu’elle considérait comme néfaste seulement elle ne le médiatise pas toujours et d’autre part ma conception de la vie politique fait que je me considère comme totalement libre et sans aucun respect pour une consigné émanant de n’importe quel parti… D’ailleurs je peux t’annoncer que je ne serai plus candidat à aucune élection !

Laisser un commentaire