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L'urbanisation s'étale et les ménages chutent

Lors des élections départementales sur le canton périurbain de Créon, j’ai maintes fois répété que le problème essentiel d ces territoires était celui du trajet domicile-travail qu’il soit vers Bordeaux ou inversé car il ne faut as oublier que pour beaucoup d fonctionnaires ou de cadres il existe un exile professionnel dans les territoires périphériques de la métropole. Durant des décennies et encore actuellement le rêve « gazon, maison, télévision, haut-débit » hante les esprits sans que l’on puisse enrayer cette course vers l’étalement urbain qui pénalise finalement ce qui en sont responsables . D’abord les habitants qui font ce choix d’isolement dans des villages sans absolument aucun services de proximité, démunis d’équipements collectifs du vivre ensemble et de repères sociaux identifiables.
Il faut avoir comme à Créon dans la réforme du Plan Local d’Urbanisme pour retirer au nom des conséquences écologiques (déplacements, réseaux, disparition ds terres de qualité) la constructibilité au-delà de 800 m du cœur de ville. La densification urbaine autour d’entité existante pourvu d’absolument tous les services (commerces de tous niveaux, santé, éducation, culture, sport, vie sociale…) est considéré comme absurde et créatrice de problèmes sociaux. La solitude reste le nec plus ultra de la vie hors zone urbaine. L’ennemi devient vite le voisin surtout quand il a une vision de la vie différente de la vôtre ! Or cet « isolement » volontaire coûte extrêmement cher à celles et ceux qui le pratiquent sans avoir les ressources nécessaires.
Ainsi le Credoc évalue la dépense médiane liée aux trajets domicile-travail pour les seuls ménages actifs à environ 400 euros par an ou, rapporté au budget total, 1,1% des revenus. Les dépenses dédiées aux trajets domicile-travail augmentent avec le revenu mais la part des ménages pour lesquels ces dépenses représentent une charge importante est plus importante au sein des revenus modestes. Près de 30% des ménages ont un taux d’effort supérieur à deux fois la médiane. Ce sont beaucoup plus souvent des ménages à faibles revenus (plus de 40% des ménages des deux premiers déciles), souligne l’étude. Au total, une fois prix en compte le coût du logement, le coût résidentiel, ramené au niveau de vie médian des Français, représentait 46% des ressources réellement disponibles d’un ménage en 2006 (date de la dernière enquête Insee-Budget de famille), ce qui constitue un taux d’effort élevé. Gageons qu’il a nettement augmenté au cours des dernières années. La baisse du coût du carburant actuelle va soulager grandement ces ménages mais jusqu’à quand ? Les difficultés sont réelles et justifient l’apparition massive du Front national dans les votes de ces micro-communes dortoirs ayant eu l’imprudence de ne pas accompagner leur développement d’une véritable politique d lien social faute de moyens financiers.
C’est en effet la théorie du serpent qui se mord la queue. On accueille sur des prairies délaissées des habitants nouveaux qui réclament illico des services que leur nouvelle commune n’a pas ou ne peut pas créer. Seule l’intercommunalité a permis d’amortir le choc mais elle n’évite pas le déplacement qui, s’il n’a pas le même coût financier à les mêmes conséquences sur le temps de vie des gens. Ces collectivités vont souffrir durant les 2 prochaines années avec la baisse des dotations de l’Etat conjuguée avec la faiblesse de leurs ressources liées à des taux d’imposition historiquement bas ! La notion de banlieue ou de premier anneau est depuis longtemps dépassé puisqu’il faut parler maintenant d’une « voie lactée » d’urbanisation dispersée qui transforme la « ruralité » en pseudo- « rurbanité ».
Le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie a récemment étudié cet impact. Afin de le quantifier, le Credoc a bâti un indicateur de « coût résidentiel global » qui prend en compte le ‘coût résidentiel’, incombant directement aux habitants concernés, et le ‘coût collectif’, qui est supporté par toute la population via les investissements des pouvoirs publics nationaux et territoriaux.
Il s’agit ainsi, précisent les auteurs en introduction, de « nourrir la réflexion des collectivités territoriales sur la maîtrise de l’urbanisation et des excès de l’étalement urbain. » Les auteurs reconnaissent que l’évaluation des coûts publics de la périurbanisation, qu’ils soient directs (création d’extension de voirie, d’extension de ligne de transports collectifs, création de services publics, de zones d’activités) ou indirects (amputation des surfaces agricoles, disparition d’espaces naturels), ainsi que de ses éventuels bénéfices (en termes de recettes fiscales, démographie, économie locale), est difficile à opérer mais pourtant très important.
En fait ils soulignent l’importance de la densification de bourgs centres de proximité et « suggèrent » qu’un développement urbain plus compact – plus dense et moins étalé – est positif sur le rapport coût-efficacité des services publics. C’est donc surtout le coût résidentiel pour les ménages, et en particulier l’impact des déplacements domicile-travail, que l’étude s’est attachée à mesurer. Face à l’augmentation du poids des dépenses de logement ces dernières années, de nombreux ménages sont contraints de s’éloigner des centres urbains pour retrouver des prix du foncier moins élevés et le paye en fait plus cher sur le long terme. Cet éloignement engendre en effet de nouvelles contraintes en termes de déplacements, en particulier pour les trajets domicile-travail, mais parfois également pour l’accès aux commerces, aux services ou aux loisirs. Et le phénomène ne stoppe pas ! Bien au contraire.

Cet article a 13 commentaires

  1. Monnerie

    Les maires ont eu une Lourde responsibilite,j’ai vu la difficulte a rester rationnel quand je me suis occupe de la carte communale a Montignac
    Attention a Créon,exemple dernier lotissement a trottechevre

    1. David CAPES

      C’est intéressant que vous disiez la difficulté à « rester rationnel », je suis praticien du développement territorial et collaborateur du chercheur Pascal Roggero à Toulouse ; on essaye de dépasser la recherche d’une seule rationalité quand on a affaire à des problèmes complexes qui suppose de combiner les rationalités. Pourriez-vous préciser comment vous avez constaté qu’il est « difficile de rester rationnel » ? Merci par avance

      1. Jean-Marie Darmian

        Tout simplement parce que la fonction élective est soumise à des paramètres irrationnels constants : pression électorale, continuité de la gestion, nécessité de convaincre des gens aux intérêts divers, montée des égoïsmes sociaux, développement des corporatismes… Donc je maintiens que dans les mandats électifs il faut combiner diverses rationalités mais humainement il est difficile parfois de demeurer rationnel

      2. Monnerie francois

        Pour vous repondre sur le rationnel…
        Les municipalites ont ete soumises a une pression telle(satisfaire les demandeurs de logement,rester en phase avec la personne qui instruit les dossiers a l’equipement,Garder in equilibre entre milieu naturel,surfaces agricoles) Ce que j’ai vecu dans une village de 190 hab que le resultat produit a ete completement incoherent et si je puis dire le mal est fait.
        Ce qu’il aurait fallu faire: concertation Avec les demandeurs,injection de logements structure Bois,innover comme le quartier campagnard durable a targon

    2. David CAPES

      Merci à Jean-Marie Darmian et à vous même François Monnerie de partager vos expériences et difficultés et à la plateforme de permettre des échanges avec les citoyens.
      Je n’ai pas suivi précisément les partenaires déjà engagés dans le projet de quartier campagnard durable à Targon mais il me semble qu’il n’y a pas d’entrepreneurs agricoles et/ou agroalimentaires soft et compatibles avec les fonctionnalités d’habitat.
      Une expérience dans la périphérie de Montpellier pourrait nous inspirer en Entre-deux-Mers : http://www.terracoopa.net/le-domaine-de-viviers/qu-est-ce-qu-un-espace-test/

  2. Bernadette

    C’est la faute aux élus. La connivance est grande et il faut l’arrêter. Trop de gaspillage et aucun contrôle de la part des autorités. Les élus représentent des groupes de pression.
    L’organisation territoriale n’existe pas.
    De plus l’aménagement du temps de travail en est la cause.
    Ce sont les élus qui doivent payer l’absence d’intelligence face à ce manque d’organisation.

    1. David CAPES

      Bonjour Bernadette. Ce serait trop simple si l’on pouvait faire porter aux élus toute la responsabilités des problèmes ! Ces problèmes sont trop complexes pour ne dépendre que d’un seul groupe participant (même s’ils prennent de nombreuses décisions). Il faut regarder et traiter (en intelligence collective, vous en parlez) les inter-dépendances et les co-responsabilités.

    2. David CAPES

      Bernadette, à quelle(s) connivence(s) vous pensez ? ; que faudrait-il mieux contrôler ? ; que doit-on chercher à organiser ?

      1. Bernadette

        Bonjour David Capes,

        La connivence chez les élus est de servir que leur idéologie ,,(politique). Il ne peut pas y avoir que les politiques du moment, il y a aussi les besoins du peuple et ces besoins sont grandioses. Il faut interroger tous les habitants pour connaître leur besoin quotidien ( comme les transports etc…).

        Bien cordialement et à bientôt.

  3. Bernadette

    Pourquoi le contournement bordelais ne s’est pas réalisé ?. Il y a une absence grandiose de moyens de transport collectif.
    Aucune évolution sur ce sujet..
    La LGV a été voulue. Mettre bordeaux à 2h de Paris a été défendue par les élus locaux de toute tendance politique.

  4. Bernadette

    Mais enfin pourquoi les petits retraités exploitants viticoles sur des zones Bordeaux et Bordeaux supérieur ne peuvent ils pas vendre leur terre à bâtir lorsque celles ci sont éloignées d’un ancrage en culture viticole ?
    Je veux bien que les ecolos revendiquent la protection des rainettes etc….Pourquoi n’ont ils pas passés avec le maître d’ouvrage un protocole de réalisation pour protéger ces rainettes ?

    1. David CAPES

      Bernadette,
      vous poser la question suivante :
      « pourquoi les petits retraités exploitants viticoles sur des zones Bordeaux et Bordeaux supérieur ne peuvent ils pas vendre leur terre à bâtir lorsque celles ci sont éloignées d’un ancrage en culture viticole ? »

      Pour sortir de ce type de blocages on peut avoir recours à de l’innovation. À partir d’expériences que nous menons dans le cadre d’une association La Ferme Coop on peut essayer de sortir de la situation que vous connaissez (qui finalement bloque des opportunités de production de valeur).
      MAIS il faut accepté qu’il y a un risque que l’on veut éviter un étalement urbain qui dégrade la valeur des territoires.
      Si des terres anciennement agricoles deviennent des terrains qui suivent le modèle « gazon, maison, télévision, haut-débit » dont parle JM Darmian, alors on va vers des problèmes et des appauvrissement des liens sociaux et finalement des conditions de vie.
      Une piste, dans votre cas, serait que vous recherchiez des partenaires pour que vos terres continuent d’être des lieux d’activité agricole/agro-alimentaire (il faut accueillir des activités avec des débouchés commerciaux qui anticipent les évolutions de l’environnement des terrains – et qui maîtrisent son modèle d’activité , ses besoins, ses possibles nuisances ).
      Au sein de l’association nous avons réunis des agriculteurs qui à titre personnel et dans le cadre de leurs réseaux soutiennent ce type de projets.
      Les projets ne tiennent que s’il y a viabilité des petites et moyennes entreprises agricoles/agro-alimentaires , avec ces activités compatibles avec de l’habitat à proximité (si c’est votre cas).
      Et cette viabilité est conditionné par les compétences managériales des entreprises qui doivent avoir (ou déléguer) des capacités à insérer économiquement spécialement les jeunes et d’autres personnes.
      Il y a un courant porteur qui permet d’agir dans le sens de ce type de projet, c’est l’attente des consommateurs et des citoyens de bénéficier d’un approvisionnement de produits agricoles de proximité. Ce n’est pas simple à faire, ça suppose des collaborations innovantes, il faut définir des projets d’entreprises où les activités rémunératrices ne sont pas que des activités de production, avec également des services et des prestations ce qui suppose de monter des partenariats et des collaborations.
      Ce n’est pas simple mais jusqu’à présent je continue de penser que ça vaut la peine d’être testé.
      Un des objectifs majeurs c’est aussi de proposer aux « néo-ruraux » d’autres opportunités d’activité et de contacts avec les activités agricoles et agro-alimentaires qui les sortent du modèle « gazon, maison, télévision, haut-débit ».

      1. Bernadette

        @ David Capes

        Je comprends tout à fait la démarche et respecte ce genre d’entrepreunariat comme je respecte les coopérateurs, les proprietaires etc., ce que je ne supporte plus est l’individu qui arrive vivre dans son château (anciennement résidence secondaire), prend le commandement de la commune puis fait tout le nécessaire pour vendre ses terres en terrain à bâtir et les autres ??????.

        Je demeure dans le pays du Grand libournais, au Nord du canton de Fronsac et
        Pour des raisons familiales demandent de vendre ,quelques parcelles à bâtir. Ces parcelles sont déjà intégrées dans des ilots urbanisés.

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