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Libye, un vrai état d'urgence aux portes de l'Europe du Sud

Et si en 2016 brutalement les origines des dangers qui menacent l’Europe se rapprochaient et changeaient totalement de nature. En fait si en Irak et en Syrie la situation n’est pas encore au mieux, elle est cependant en cours d’amélioration. Une zone tampon existe entre les combats et le territoire des pays engagés conte les groupes qui composent l’Etat islamique. La Turquie reste à cet égard essentielle dans les opérations en cours. Même si sa fiabilité est encore à démontrer elle est dotée d’un gouvernement solide éminemment critiquable, d’une armée forte et donc d’une stabilité acquise pour la durée d’une guerre plus exigeante que prévu. Alors que l’on peut espérer juguler et peut-être amenuiser le développement de l’EI l’ouverture d’une nouvelle zone de conflit prend des allures angoissantes. Or c’est le cas dans cette Libye dans laquelle, comme en Irak, comme en Syrie les Occidentaux sont aller chercher le contrôle des réserves pétrolières pour leurs compagnies et leurs économies défaillantes.
En fait comme ce fut le cas partout ces interventions militaires virent au fiasco au moment où il est devenu indispensable de redonner le pouvoir à des civils locaux. Les querelles, les haines, les cupidités, les rivalités ethniques, les luttes religieuses resurgissent dans absolument toutes le situations. On a toujours un doute sur les « généreuses » motivations de la France de Sarkozy qui a toujours mené la danse au sein de l’OTAN.
L’an passé la presse américaine a révèlé l’affaire dite de « l’emailgate » : l’ancienne secrétaire d’État américaine Hillary Clinton est accusée d’avoir mis en danger la sécurité de données confidentielles en utilisant sa messagerie personnelle dans le cadre professionnel. Une série de messages est rendue publique et dévoile des documents relatifs à l’intervention française en Libye.
Une note liste cinq facteurs motivant l’engagement de Nicolas Sarkozy à mener cette guerre : « un désir d’obtenir une plus grande partie du pétrole libyen ; accroître l’influence française en Afrique du Nord ; améliorer sa situation politique intérieure en France ; offrir à l’armée française une chance de rétablir sa position dans le monde ; répondre à l’inquiétude de ses conseillers concernant les plans à long terme de Kadhafi de supplanter la France comme puissance dominante en Afrique de l’ouest.
Le gouvernement voulait contrer le projet de Kadhafi d’introduire une nouvelle devise panafricaine pour supplanter le Franc CFA, basée sur le dinar or libyen et appuyée par des réserves secrètes d’or d’une valeur de 7 milliards de dollars (qu’est-elle devenue?). Un autre message confidentiel fait état de vols humanitaires organisés mi-avril 2011, qui auraient compté parmi les passagers des cadres de Total, de Vinci, et de l’EADS ! Ils étaient probablement là pour apporter de la nourriture et des médicaments !
L’ineffable Bernard-Henri Lévy, intermédiaire entre le président français et les insurgés, aurait fait savoir aux responsables du CNT qu’ils «avaient une dette envers la France au vu de son soutien précoce et que Sarkozy avait besoin de quelque chose de tangible à présenter aux leaders politiques et économiques français. » Selon une note de septembre 2011, Nicolas Sarkozy aurait exhorté les nouveaux maîtres temporaires de la Libye à réserver 35% de leur industrie pétrolière à des entreprises françaises, en particulier Total. Alors que la France représentait 9,7% des exportations libyennes en 2012, elle devient en 2014 le deuxième client de la Libye, avec 13,1% des exportations. Maintenant ?
Les groupes de l’Etat islamique essentiellement tournés vers le profit et leurs besoins de ressources financières ont vite compris le bénéfice à tirer de la situation délabrée de la Libye, retournée à ses guerres intestines tribales et religieuses. Proche d’une Tunisie courageuse mais pas encore stabilisée, d’une Algérie hésitante et en crise ; en prise directe avec rives de la Méditerranée et de son trafic maritime ; en face de l’Italie tétanisée par les migrants, en déserrance en matière de contrôle des champs pétrolifères et des terminaux de commercialisation, étape finale des trafics venant de l’Afrique sahélienne ; gorgée d’armes de qualité, l’ex-pays de Kadhafi devient une proie facile pour les
Il est « urgent » de trouver une solution politique à la crise libyenne, pour permettre à la communauté internationale de venir en aide militairement à un futur gouvernement d’union nationale et empêcher l’Etat islamique de progresser dans le pays, a estimé le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian. Nous voici donc prêts à ouvrir politiquement un nouveau front. « Je suis très inquiet, depuis septembre 2014. Ils sont là, sur près de 300 kilomètres linéaires de côtes, et ils se répandent. Et ils sont à 350 kilomètres de Lampedusa. Lorsque le beau temps va arriver en Méditerranée, il y a des risques de passage de combattants qui pourraient se mélanger à des réfugiés. C’est un risque majeur ». Les attaques contre les terminaux pétroliers de Ras Lanouf et d’Es Sider, à l’est de Syrte, et sa progression vers l’est, lui permettraient d’occuper un important champ pétrolifère.
En plus dans la ville de Hun, à 400 kilomètres au sud de Misrata on vient de détecter des camps d’entraînement O% se forment des combattants au profit d’autres groupes, comme Boko Haram ou Al-Mourabitoun. De plus, de nombreux Français passent par la Tunisie pour rejoindre l’EI car les combats sont plus faciles qu’en Syrie !
Or le chef d’état-major des armées, le général Pierre de Villiers, a estimé que « nous sommes au taquet de nos contrats opérationnels », ajoutant que, si le politique décide de lancer une nouvelle guerre, « on peut [soit] se désengager quelque part, [soit] augmenter le budget pour avoir plus de moyens, ce qui nécessite du temps ». On va payer très cher les envolées lyriques du duo BHL-Sarkozy !

Cette publication a un commentaire

  1. faconjf

    Bonsoir,
    Je vous recommande la lecture de cet article qui pose bien le problème de l’extension du domaine d’intervention occidental en Libye. http://www.lorientlejour.com/article/967594/une-intervention-occidentale-en-libye-aggraverait-la-situation.html
    extrait: Cela fait cinq ans que le dirigeant Mouammar Kadhafi est tombé, à la suite d’une intervention militaire occidentale, franco-britannique plus précisément, dont le mandat (résolution 1973) prévoyait l’absence de troupes au sol et la lutte contre l’armée de Kadhafi uniquement. Aujourd’hui, la question est beaucoup plus compliquée qu’en 2011, parce que le pays est partagé entre deux gouvernements, deux Parlements rivaux. De son côté, l’EI ne cesse de progresser, établissant « une base de retrait forte de plus de 3 000 hommes », estime M. Wehrey. Cette progression inquiète à juste titre les pays voisins, comme l’Algérie, le Niger, le Tchad et la Tunisie. Cette dernière a payé cher cette proximité, avec trois attentats terroristes préparés depuis la Libye et subis en 2015 sur son territoire. L’Algérie aussi est extrêmement inquiète de voir cette instabilité chronique à sa frontière. « Ces pays s’inquiètent donc de voir, à nouveau, la machine occidentale se mettre en branle pour une intervention militaire qui n’apporterait de toute façon que plus de confusion et d’instabilité ».
    Je ne partage absolument pas votre avis sur la Turquie dont le sultan Erdogan joue double ou triple jeu avec l’EI. D’ailleurs Selon Moshe Yaalon, ministre israélien de la Défense, l’amélioration des relations entre son pays et la Turquie dépend du gouvernement turc et de sa volonté à rejoindre la lutte contre le terrorisme. “Ce n’est pas le cas pour le moment. Daech profite de l’argent turc reçu par la vente du pétrole depuis longtemps. J’espère que la Turquie y mettra terme.”
    Le ministre israélien a vivement critiqué le gouvernement turc en affirmant que “la Turquie permet aux djihadistes de se déplacer librement depuis l’Europe vers la Syrie et l’Irak et de revenir. Ces djihadistes forment le réseau terroriste de Daech en Europe”. source http://www.i24news.tv/fr/actu/israel/diplomatie-defense/100620-160126-l-etat-islamique-finance-par-de-l-argent-turc-moshe-yaalon
    La progression récente des troupes kurdes (YPG) soutenues par l’aviation russe dont l’objectif est de créer une zone kurde, le Rojava, au grand dam du sultan Erdogan. De l’autre côté de la frontière, en Turquie, les autorités ne semblent pas apprécier la naissance de cette région kurde de plus de 400 km de long de sa frontière, sous la direction des YPG, que les Turcs considèrent comme une branche du PKK, jugé mouvement terroriste en Europe, aux Etats-Unis et bien sûr en Turquie. D’ailleurs, pendant la bataille de Kobané, les autorités turques avaient refusé de soutenir la lutte des Kurdes contre Daech. La zone autonome du Rojava se développe alors que du côté turc, l’armée et la police sont en pleine opération repressive dans les zones kurdes du pays, menant parfois des raids de l’autre côté de leur frontière.
    Tout cela est extrêmement complexe et toute intervention militaire occidentale sera vécue comme une ingérence inadmissible par tous les belligérants.
    Salutations républicaines

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