You are currently viewing Nous sommes en passe d'être "pestisuicidés"

Nous sommes en passe d'être "pestisuicidés"

Une émission de télévision fait beaucoup plus pour l’écologie que toutes les campagnes électorales ou tous les discours colorés de vert. Cash investigation a résumé de la meilleure façon les travers d’une société totalement inconsciente des dangers que lui fait courir le pire des posions : le profit ! Il justifie en effet absolument tous les abus et endort les consciences transformant celles et ceux qui devraient être des citoyens en consommateurs obnubilés par le prix de tout et de rien ! En dénonçant les pollutions dangereuses de certains agriculteurs au sens large de ce métier ; en dévoilant le rôle des lobbies internationaux sur les choix politiques ; en dénonçant le rôle des pesticides fléau moderne ignoré des gens ; en prouvant le cynisme des fabricants et la passivité des organismes d’agrément Elise Lucet a ouvert une brèche dans l’opinion même si cette dernière reste encire majoritairement indifférente. C’est le rôle des médias qui peuvent être des lanceurs d’alerte efficace, objectif et attrayant !
La France est en effet le leader européen de l’utilisation des pesticides. Un classement qui pèse sur notre quotidien et surtout sur l’avenir des enfants des familles les plus en difficulté. Chaque année, entre 60 000 et 70 000 tonnes de substances actives sont vendues sur notre territoire pour ce vin que le monde entier nous envie mais qu’il ne tardera plus à refuser. Entre 15 et 20 % des pesticides commercialisés et utilisés dans notre pays vont dans le vignoble. Allez donc vous promener dans l’Entre Deux Mers et vous serez impressionnés par ces rangs atteint de la « pelade jaune » des désherbants sélectifs et plus jamais labourés. Plus aucune plante, plus aucune fleur, plus aucune forme de vie sur des sols absolument dénudés. Les ceps traités depuis des années. Des vignes régulièrement arrosées de produits divers dont on dit, pour se rassurer qu’ils ne restent pas dans le vin ! La réalité est là pour les productions massives quand certains propriétaires recherchent le raisonnable dans les traitements et cherchent vraiment à réguler les usages de ces produits vendus avec des labels dans lequel il ne faut surtout pas croire.
J’ai en mémoire les propos d’un vieil instituteur devenu « conseiller agricole itinérant » dans les années 1960-1970. Son rôle consistait alors à moderniser les techniques dans les exploitations afin que les rendements s’améliorent. « Quand je passais je leur donnais un dosage pour atteindre des objectifs raisonnables raconte mon ami. Si je revenais ils n’étaient jamais atteints car il y avait d’abord ceux qui avaient doublé les doses pour éviter 2 passages en disant « ce n’est pas vous qui payez le personnel ». En général ils avaient détruit une part de leur récolte. Ensuite je rencontrais ceux qui à l’inverse n’avaient mis que la moitié des dosages indiqués en expliquant « ça se voit que ce n’est pas vous qui payez le produit ! » A-t-on vraiment changé ? N’empêche qu’en France on n’y va pas avec le dos de la cuillère.
Chaque année, 4714 tonnes de Folpel sont vendues alors que cette molécule est classée cancérigène probable aux États-Unis et cancérigène suspectée en Europe. Or dans de nombreuses régions françaises, ce produit est présent en grande quantité dans l’air ambiant. En Champagne-Ardenne par exemple, d’après les analyses cette molécule représente entre 40 et 87 % de la concentration totale en pesticides dans l’air. D’autres dangers entrent dans les nappes phréatiques comme l’Atrazine un herbicide massivement répandu sur les cultures extensives dont la molécule de base est un perturbateur hormonal très toxique. Il est encore présent dans l’eau dite potable de certains réseaux l’eau une décennie après son interdiction. Il devrait être obligatoire de faire analyser chaque année les terres cultivés, les terres des vignobles afin de le produire à tout contrôle des autorités en charge de l’environnement. Et on pourrait trouver bien d’autres « poisons » sur les fruits, les céréales, les légumes, les viandes… car les « normes » européennes laissent libre cours aux abus non sanctionnés pour des utilisations non conformes car incontrôlables !
Le libéralisme autorise tous les excès, toutes les dérives au nom de fausse liberté de commercer, d’entreprendre et de travailler. Il est paradoxal de voir des adeptes de ce principe se retourner contre le gouvernement pour solliciter des aides. La Gauche n’a pas favorisé les circuits courts, les ventes directes, les AMAP, les initiatives comme les « Drive fermiers », les coopératives, les SICA, les « marques », les « labels » et toutes les formes d’économies parallèles et concurrentes en réseau à la grande distribution. Bien évidemment le chantage sur l’emploi, la rentabilité, la concurrence, la productivité… passe avant toutes les autres considérations. Certains éleveurs ou agriculteurs n’arrivent plus à vivre de leur production et personne ne pose le vrai problème des débouchés et les raisons pour lesquelles ils n’existent plus. La qualité, l’originalité, la fiabilité restent les critères de la vraie rentabilité or les pesticides vont à l’encontre de l’intérêt de leurs utilisateurs. Il faudra bien un jour l’admettre sauf à courir à la perte des générations futures !

Cet article a 10 commentaires

  1. J.J.

    …. Allez donc vous promener dans l’Entre Deux Mers et vous serez impressionnés par ces rangs atteints de la « pelade jaune » des désherbants sélectifs et plus jamais labourés. Plus aucune plante, plus aucune fleur, plus aucune forme de vie sur des sols absolument dénudés……

    Elle est loin bien loin l’époque où mes « gamins »de C M et de Fin d’Etudes allaient récolter doucette et laitues sauvages dans les vignes, pour varier les menus de la cantine !

    1. Bernadette

      Bonjour jj

      Les intrants sont au goût du jour. La presse ouvre le dossier des pesticides comme les chambres d’agriculture. Le pied de vigne est un arbre qui a besoin d’être traité pour une production sanitaire correcte.
      Avec l’humidité des champignons se forment et le fruit est atteint
      Je trouve que la pollution verbale a atteint son paroxisme dans la société de consommation où se croisent producteurs et consommateurs.
      La doucette pousse sur des terres argileuses. Une bonne salade de doucette avec du vinaigre de vin. Quel délice !
      Comme au temps des chasseurs cueilleurs, il est utile de manger des plantes sauvage et du gibier.
      Natura 2000 revient sur les ondes avec ses éoliennes. Je défends cette production d’électricité.

  2. Jérôme BESIERS

    Cette émission et cet article m’interpellent alus haut point car concerné par l’avenir de ces pesticides.
    Des solutions alternatives existent et la société que j’ai crée il y a maintenant 5 ans est à même de proposer des solutions de substitutions qui marchent. Cette entreprise est pas loin de chez vous … Elle est à Créon.
    Une PME comme la mienne face à des géants de l’agro-chimie, cela fait mauvais genre. De dénonciations en contrôles en tout genre, les puissants tentent de me détruire parce que je suis une gêne.
    Ces géants de l’agro chimie « s’en foutent », tout ce qui les intéresse c’est l’enjeu financier peut importe comment se gagne l’argent.
    Aujourd’hui l’agriculteur, le viticulteur doit combattre ses problèmes à la production mais à partir du moment où les seules solutions proposées sont agro chimiques que peuvent-ils faire ! Les géants imposent leurs lois. Ils sont partout, dans les commissions paritaires d’obtention des autorisations, dans les laboratoires de recherche qui délivrent les analyses dites valables pour obtenir ces autorisations; etc…
    Pas plus tard que ce matin je viens d’apprendre que la société SYNGENTA (montrée du doigt dans cette émission de France 2) vient d’être vendue au Chinois pour 450 millards de dollars.
    Vous pensez bien que les actionnaires qui ont vendu ne se préoccupent plus du problème de pollution et vous pensez bien aussi que les chinois ne vont pas s’arrêter là car il faut tout de même payer maintenant cet achat colossal.
    Enfin pour la petite histoire une société d’agro chimie qui n’est autre que Bayer a été l’inventeur du gaz moutarde pendant la 2eme guerre mondiale et qui a servi à tenter « d’éradiquer » une partie de l’espèce humaine … Les molécules chimiques servant de base pour les insecticides ont été développées après la guerre.
    Il faut enfin savoir qu’aujourd’hui on continu à détruire notre environnement car toute ces traitements pesticides créent le vide dans la nature puisqu’ils tuent. A l’instant T il résoud un problème de maladie ou d’insecte par l’éradication mais la nature à horreur de vide. Tout cela reviendra … Mais toujours plus actif… Un Jurassic Park en puissance et on sait comment fini le film.
    Il y a des solutions … Mais cela gêne bien sûr

  3. pc

    Un de mes amis, viticulteur, est atteint d’une leucémie.
    A sa première visite à l’hôpital, sans connaître sa profession, le médecin lui a dit: « vous êtes viticulteur, vous avez le cancer du viticulteur…. ».
    Voilà le résultat de 30 de travail dans les vignes. …

  4. Bernadette

    Le folpel a été commercialisé en 1950 et c’est 50 ans après que l’on denonce son usage. Avant il ne fallait pas. Y avait il des cancers ?.
    C’est quand la viticulture va mal qu’il faut dénoncer ces stupidités.
    Le gliphosat est revenu sur le marché à bon coup de matraque sur le prix (ça rapporte à l’État pour cause de TVA ou taxe sur la valeur ajoutée).
    Il est vrai que la liberté de chacun existe

  5. J.J.

    Un peu douceur dans ce monde de violence.
    J’oubliais, parmi les modestes et rustiquesrécoltes, avant que les vignes ne soient des succursales d’usines chimiques, les poireaux sauvages, la « porée baragouagne » des saintongeais. Accommodés en vinaigrette, accompagnés d’œufs durs, ils enrichissaient aux premiers jours du printemps de modestes et somptueux soupers.

  6. C. Coulais

    Une pensée pour les travaux, toujours plus d’actualité, de Pierre Rabhi. Lecture en cours de « Semeur d’espoirs, entretien avec Olivier le Naire. Ed. Actes Sud / Colibris

    http://www.colibris-lemouvement.org/webzine/decryptage/permaculture-agroecologie-agriculture-bio-quelles-differences
    « La permaculture n’est pas à proprement parlé un système agricole. Son objet est plus vaste. Elle consiste à construire des installations humaines durables et résilientes.

    Elle va donc pouvoir intégrer l’ensemble des bonnes pratiques de l’agriculture biologique et de l’agroécologie mais également les énergies renouvelables, l’écoconstruction… Ses applications sont multiples : villes (notamment les villes en transition), entreprises, économie, énergie…

    L’esprit de la permaculture est de relier tous les éléments d’un système les uns avec les autres, y compris les êtres humains. Tout particulièrement, la permaculture va chercher à recréer la grande diversité et l’interdépendance qui existent naturellement dans des écosystèmes naturels, afin d’assurer à chaque composante, et au système global, santé, efficacité et résilience. C’est un fonctionnement en boucle où chaque élément vient nourrir les autres, sans produire de déchets « exportables ». Dans son application agricole, la permaculture s’inspire beaucoup des forêts où le sol n’est pas travaillé. »

  7. faconjf

    bonsoir,
    cash investigation l’émission qui dérange … j’observe qu’elle arrive pile poil en même temps que le mouvement des agriculteurs. Au plan économique, voila comment on paye plusieurs fois l’industrialisation de la distribution. On sous paye les producteurs qui ne survivent que par les aides (Europe,nation, région, département…) financées par NOS impôts. On engraisse les intermédiaires qui optimisent fiscalement ( Luxembourg, Irlande, Pays Bas) ce qui augmente NOS impôts. On gave les emballeurs qui produisent à foison des emballages aussi nocifs qu’inutiles, ce qui gonfle nos taxes sur les poubelles. On enrichit les supermarchés qui exploitent leurs salariés ( temps partiels à horaires déments et salaires insuffisants pour vivre sans aides). Et lorsque les producteurs ne peuvent plus vivre de leur travail ils se retrouvent au chômage puis au RSA… Et qui paye ???
    Et voila comment on paye plusieurs fois l’industrialisation de l’agriculture. On paye pour des produits standardisés imposés par la grande distribution gavés de pesticides au plus grand profit des industries chimique. On paye pour des produits agricoles dont l’aspect sanitaire est inversement proportionnel à leur aspect pour augmenter les marges de la grande distribution au détriment des producteurs. Ces produits phytosanitaires polluent les aliments l’eau et l’air et ce sont les contribuables qui financent les conséquences. Et ce sont NOS cotisations sociales qui paient les soins médicaux. Et que dire de l’état catastrophique de l’agriculture industrielle avec ses travailleurs intoxiqués par les produits et financièrement acculés à la ruine et qui va payer surement pas Xavier BEULIN!!!!
    Ce même Xavier Beulin agriculteur ( si si sans rire !!) Président de la FNSEA, PDG d’ AVRIL SOFIPROTEOL qui préconise Modernisation, investissements, compétitivité, exportations, moratoire sur les normes environnementales… , pour sortir de la crise de l’élevage. M. Beulin siège également comme administrateur représentant des professions agricoles au Crédit Agricole, et administrateur de CACIF (Crédit agricole capital investissement et finances), une filiale d’investissement spécialisée notamment dans l’agriculture et l’agro-alimentaire.
    L’industrialisation du secteur alimentaire de l’amont à l’aval est une gigantesque ARNAQUE qui pousse les petits agriculteurs à la ruine ( au suicide?), intoxique l’environnement et asphyxie les contribuables pour engranger le maximum de profits…
    Tout va bien, juste une minute monsieur le bourreau avant que tout ne s’écroule!
    Salutations républicaines

    1. Queyron

      Le même Beulin effectivement, pdg d’AVRIL qui a inauguré à Bassens le 16/01/2016, en compagnie du ghotta politique local et national, la nouvelle usine du groupe sous la marque « LESIEUR ». Le groupe AVRIL qualifié par Juppé d’ « exemple d’écologie positive » qui vient à l’occasion du transfert de cette usine de toucher 1.6M€ de subvention des collectivités. Real Politik ? Chantage à l’emploi disait Ségolène ? Quel poids pèsent en effet les citoyens consommateurs face aux milliers d’emplois… il est bien tard pour arrêter cette folle course à l’industrialisation du secteur alimentaire… à moins que le pétrole vienne à manquer…
      http://rue89bordeaux.com/2016/01/chez-lesieur-valls-celebre-lagrobusiness/

Laisser un commentaire