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Merkel fait migrer ses idées sur la Grèce

Durant des mois l’Europe a été tétanisée à l’idée d’une sortie de la Grèce de la zone euro… On prédisait une catastrophe financière et plus encore une crise de confiance pouvant mettre à mal des pays un peu moins fragiles. Le FMI, la BCE, la commission elle-même dirigée de main de fer par une Angela Merkel accusatrice s’acharnaient à tour de rôle sur un peuple réputé peu sérieux et sur un gouvernement de gauche incapable de tenir ses engagements. Il n’y avait pas de qualificatifs assez durs pour contraindre les Grecs à se plier aux volontés de l’Allemagne. Il avait fallu des négociations très tendues à la mi-juillet 2015 pour sauver les meubles à Athènes !
La chancelière chef de file des pays partisans d’une ligne dure envers la Grèce, avait tenu à remettre les pieds sur terre aux Hellènes. Elle avait prévenu que le chemin serait « long » et « difficile » pour que la Grèce, à laquelle ses partenaires européens consentaient d’accorder une troisième aide en échange de réformes, retrouve le chemin de la croissance. L’accord comprenait « une large palette de réformes au moyen desquelles, je crois, la Grèce a la chance de revenir sur le chemin de la croissance », avait déclaré la chancelière. Mais « le chemin sera long et, si j’en crois les négociations de cette nuit, difficile ».  L’accord conclu satisfaisait cependant Angela Merkel, qui n’avait pourtant pas hésité à plaider pour un Grexit à « durée déterminée » de la Grèce pour régler la crise. La chancelière avait annoncé qu’elle ne demanderait pas de vote de confiance de son parlement, arguant qu’un « Plan B » en cas de Grexit ne s’imposait pas puisque le Plan A avait été accepté. »
Bref la Grèce devenait le pays paria de cet Europe arc-boutée sur ses certitudes libérales et plus encore sur des méthodes de gestion publique vouées à l’échec. Que n’a-t-on pas entendu et lu sur la « dette grecque » qui pourrait être mortelle pour la zone euro ! Des Grecs voués aux gémonies, « sans volonté » de se serrer la ceinture au dernier cran, des fonctionnaires laxistes, des équipements publics à vendre : le ministre des finances allemand n’a jamais fait dans la dentelle. Il est bizarrement devenu silencieux depuis… Cherchez l’erreur ! La crise des migrants est passée par là et maintenant il n’est plus question de contrarier ceux pour lesquels on n’avait pas de mots assez durs !
Revirement intégral de situation : jamais les allemands n’ont été aussi compréhensifs avec le gouvernement Tsipras. Merkel est en difficulté à la suite de sa louable volonté de servir de terre d’accueil aux migrants dont elle avait besoin pour rajeunir son pays et participer au développement économique. Toutes les routes des Balkans ont conduit durant des semaines vers Berlin soulageant ainsi les Grecs de leur fardeau solidaire. Le flux e tarissant jamais, certains voisins ont bloqué leur frontière transformant la Grèce en un gigantesque Calais dans l’indifférence générale. Plus question de Grexit ! Bien au contraire
La Macédoine est le premier pays sur la route des Balkans, empruntée par les migrants qui arrivent sur les îles grecques en provenance des côtes turques et veulent rejoindre les pays de l’Europe centrale et du Nord. Après l’Autriche, premier pays à avoir imposé des quotas, la Croatie, la Slovénie, membres de l’UE, ainsi que la Macédoine donc et la Serbie ont décidé à leur tour la semaine dernière de limiter le nombre de migrants autorisés sur leurs territoires, provoquant des protestations d’Athènes qui reçoit toujours le flot des désespérés traversant depuis la Turquie peu regardante sur les trafics qui s’y déroulent. La Grèce a donc averti qu’entre 50 000 et 70 000 personnes risquaient d’être bloquées dans le pays en mars contre 22 000 actuellement.
Étranglée financièrement et persécutée par la bande des trois (BCE,FMI, UE) elle croule sous les problèmes générés par ces arrivées. Et là se dresse pour défendre bec et ongles Tsipras qui réclame 500 millions d’€ pour éviter une vraie catastrophe humanitaire. La chancelière allemande n’a jamais autant haussé le ton face à ses voisins sur la question de la crise migratoire. Elle a tancé ses homologues européens, pour sortir Athènes qui n’a sans doute jamais été aussi isolé car les migrants traversent toujours massivement la méditerranée dans l’espoir d’un avenir meilleur. Et là on entend des propos surréalistes Outre Rhin : « Pouvez-vous sérieusement croire que les pays de l’Euro ont combattu jusqu’au bout pour que la Grèce reste dans l’Euro (…) pour qu’un an plus tard, au final, on laisse (…) la Grèce plonger dans le chaos? Mon foutu devoir et mon obligation est que cette Europe trouve un chemin ensemble ». Exceptionnel car le dos au mur elle appelle à la solidarité en faveur de Alexis Tsipras pour lequel elle n’avait pas il y a un an de mots assez durs. Elle a donné rendez-vous aux dirigeants européens dès le 7 mars prochain pour tenter de « rétablir le système (de libre-circulation) Schengen pas à pas avec la Grèce ». On va vers plus de modestie allemande dont le système vanté par la droite hexagonale se fissure de tous les cotés. Avec 2 millions de journées non travaillées pour cause de grève, l’année passée s’impose comme la plus mouvementée sur le plan social depuis 10 ans… La Grèce avait bon dos !

Cet article a 4 commentaires

  1. faconjf

    bonjour,
    merci pour ce billet que je vous propose de prolonger en lisant cet article du blog intitulé « migrants et migraines » http://www.greekcrisis.fr/2016/03/Fr0500.html#deb
    j’en extrais ce passage pour ceux qui ne prendraient pas le temps de lire l’intégralité de l’article.
    “Mardi 1er mars, dans une interview accordée au Hospodarske Noviny, le premier ministre slovaque, le social-démocrate Robert Fico lançait une énième provocation à l’égard du gouvernement grec avec son ton si mesuré: ‘Tsipras, si tu ne fais pas ce que tu peux, alors il n’y aura qu’un seul hotspot, et on l’appellera la Grèce.’ Cette parole a évidemment encore beaucoup ému en Grèce, non pas parce qu’elle est une menace, mais parce qu’elle pourrait déjà être le reflet de la réalité”.
    “L’Hellade est en effet confrontée à un problème majeur: la plupart des réfugiés venant de Turquie passent par la mer Égée. Une frontière qui est impossible à ‘fermer’, contrairement à ce que suggère le premier ministre slovaque. Comment stopper les embarcations de réfugiés ? Faut-il les renvoyer en Turquie sur leurs frêles esquifs, au péril de leurs vies, comme l’a suggéré le ministre belge de la migration Théo Francken ? Faut-il les ‘empêcher’ de passer ? Et comment, concrètement ? L’accusation de l’indolence grecque sur la frontière turque n’est, en réalité, pas sérieuse. L’Italie est confrontée au même problème – mais d’une ampleur moindre – dans ses eaux méridionales et nul n’a jamais songé à accuser Rome de ne pas maîtriser ses frontières. La Grèce est donc condamnée, tant que durera la guerre en Syrie et en Irak et tant que la Turquie ne maîtrisera pas les flux en provenance de sa frontière à accepter les réfugiés”
    “Bref, cette stratégie européenne de ‘gérer les problèmes sur place’, comme l’a dit Angela Merkel, est à haut risque pour le pays. Il trahit de plus une réalité cruelle pour l’Europe: la solidarité y est minimale, tardive et intéressée. Et les petits pays, les plus fragiles, sont toujours sacrifiés aux priorités des grands. Une image bien terne qui s’était déjà fait voir lors de la crise financière”.

    Quel touriste acceptera de séjourner en Grèce si un million de migrants sont bloqués au milieu d’une population autochtone de dix millions de Grecs précarisés? pour info le tourisme représente 15% du PNB, 17ème destination touristique mondiale en 2011, le pays a accueilli plus de 16 millions de visiteurs engendrant 14 milliards de dollars de recette. L’Europe s’en moque éperdument et nos merdias presstitués aussi, tout comme des 20% de la population Grecque vivant sous le seuil de pauvreté ( données de 2009!).
    Ajouter la misère à la misère c’est la politique de l’ Europe libérale que nous vendent nos glorieux politiques Europhiles.
    Salutations républicaines

    1. bernadette

      Bonjour,

      Les Pauvres vont devoir quitter leur pays pour vivre mieux. C’est cela le progres humain. La gauche est vraiment malade. Siriza a été un échec pour les plus pauvres.

  2. bernadette

    La répartition des migrants vaêtre financé par nos impôts fonciers ?.
    Le petit peuple français n’en finit plus de financer. Le petit peuple français en a marre et votera à la présidentielle pour un président qui le défend.

    1. J.J.

      «  »Le petit peuple français n’en finit plus de financer. Le petit peuple français en a marre et votera à la présidentielle pour un président qui le défend. » »

      Je constate qu’il y a encore des utopistes qui se font des illusions sur les pouvoirs et les volontés d’un président, de quelque bord qu’il soit !

      L’ennemi, c’est la « phynance », et contre la « phynance » toute puissante, personne ne peut RIEN.

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