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Le temps du secret n'existe plus sauf pour les puissants

Existe-t-il réellement des domaines secrets dans la vie quotidienne ? C’est être d’une naïveté désarmante que de croire que nous pouvons être à l’abri des intrusions dans absolument tous les domaines de la vie collective. Plus rien n’est réellement protégé mais nous continuons à faire comme s’il était possible que ce soit le contraire. La seule certitude : heureusement tout le monde n’est pas au courant de tout mais par contre beaucoup de monde sait des parties de tout ce qui signifie que nous sommes les uns et les autres épiés, suivis, évalués. La seule différence avec les régimes totalitaires c’est que les renseignements sont souvent collectés dans d’autres buts que ceux d’une exploitation politique. Il n’existe en effet pas un seul secteur épargné par la recherche d’informations utiles au profit, à la conquête du pouvoir, à la maîtrise idéologique, à l’action armée… ou à la destruction des carrières des autres. En France des milliers et des milliers d’outils ordinaires de contrôle des citoyens et des consommateurs existent sans pour autant susciter un vent de révolte. En fait l’individu va devenir chaque jour davantage « espionné » que les grandes structures de décision puisque le Parlement européen avec sa majorité libérale vient d’adopter un texte protecteur pour les multinationales.
Malgré une forte opposition, les Eurodéputés ont donné son feu vert à cette directive qu’ils expliquent pour faciliter « les recours juridiques des entreprises pour obtenir réparation suite au vol ou à l’abus des données relevant du secret des affaires ». C’est à dire que ces grands groupes pourront sans aucune crainte recueillir tous les renseignements sur mes trajets, mes consommations, mes passions, mes moyens budgétaires et me faire constamment assaillir par des vendeuses ou vendeurs enchaînés à un téléphone pour quelques centaines d’euros ? Ma boite mail pourra être analysée, pillée afin de détecter les moindres failles dans mon comportement ? Ces braves profiteurs sont à l’abri d’un « Panama Papers » car leurs secrets à eux ont plus de valeur marchande que les nôtres ! « Une entreprise sur cinq est victime d’un vol de ses secrets d’affaires chaque année. Un cadre juridique harmonisé doit permettre aux entreprises d’évoluer dans un environnement sûr et fiable, où leurs actifs et leur savoir-faire seront protégés », a justifié Constance le Grip qui a rapporté ce texte qui va de fait peser sur les actions des géants de l’arnaque organisée.
Le texte a été adopté, sur la base d’un accord politique avec les ministres des 28 (503 voix pour, 131 contre et 18 abstentions). Il protège, par la loi, les entreprises de l’Union Européenne du vol ou de la divulgation illicite de leurs données à valeur commerciale. Toutes les sociétés victimes pourront demander réparation devant la justice. Cette directive devra être traduite dans les législations nationales d’ici deux ans. Une illustration s’il en fallait une de la vision majoritaire dans une Europe obsédée par la concurrence libre et non faussée mais qui n’a pas la moindre attention pour le sort de ses citoyen(ne)s. Il ne viendrait pas à l’idée de ces doctes parlementaires que ces derniers aient aussi envie parfois d’une vraie liberté… et soient débarrassés de la pesanteur infinie des banques, des industriels pollueurs, des fabricants apprentis sorciers, aux pilleurs de nature, aux assassins pharmaceutiques. La réalité c’est ça !
Certes le texte n’est pas récent puisqu’il a été proposé en 2013 par la Commission européenne. Les milieux politiques et journalistiques se sont montrés très mobilisés. La présentatrice du JT de 13h de France2, Elise Lucet, avait lancé notamment une pétition sur internet « Ne laissons pas les entreprises dicter l’info » et réussi en moins d’un mois a réunir 350 000 signatures. Les eurodéputés ont selon eux pris en compte les craintes des opposants. « Nous nous sommes battus pour que ce texte protège également le travail des journalistes et les lanceurs d’alerte d’une façon aussi claire que possible », a indiqué la rapporteure.
Le texte protégerait le droit à la liberté d’information enfin de manière théorique puisqu’en un lanceur d’alerte révélerait « une faute, un comportement inapproprié ou une activité illégale dans le but de protéger l’intérêt public général » il serait protégé par la circulaire ! Vous pouvez le croire ! On a vu ce qui est arrivé à tous ces courageux isolés qui ont été laminés par des procès interminables avec des « fautifs » blindés d’avocats et surtout prêts à dépenser des sommes folles pour détruire justement les lanceurs d’alerte qui les gênent. Ils le font même souvent avec l’aide des pouvoirs en place. De la même façon, la divulgation d’un « secret d’affaires » ne pourra faire l’objet de poursuites si sa découverte est légale (sic): étude indépendante d’un produit ou découverte sans vol d’informations (sic). Une protection sans effets et totalement théorique car notamment les enquêtes en caméras cachées seront de fait interdites. Celles dans les rues, sur les places, dans l’espace public elles sont en revanche légales et pas cachées…

Cet article a 4 commentaires

  1. J.J.

    Pour quelle somme ont-ils été achetés ?
    Combien a coûté à Monsanto en pots de vins et autres procédés de corruption l’achat du vote du même parlement, à propos du poison au glyphosate et de la culture des OGM ? A quand l’obligation d’exploiter le gaz dit de schiste ?

    Voilà encore des fortunes qui vont pouvoir transiter benoîtement par les paradis fiscaux, dans lesquels, par une curieuse « sélection naturelle » ne se trouve impliqué aucun étasunien. Curieux, non ?

    Ils est vrai qu’aux Etats Unis il y a le Delaware et quelques autres états voyous qui évitent de faire de longs déplacements. On est entre soi, entre bons yankees, lecteurs de bible et adorateurs d’armes à feu.

  2. LAVIGNE Maria

    Les lois sont faites pour les puissants ! Combien de salariés, d’employés, d’ouvriers dans les assemblées (nationale et Européenne) ? D’ailleurs, ces élus n’ont aucune légitimité, étant élus par moins de 50 % des inscrits. Quant à la corruption, elle est partout.
    Après cela, il ne faut pas être étonné que le peuple ne veuille même plus se déplacer pour aller voter. On sait ce qu’il est advenu de notre vote en 2005….

    1. bernadette

      Oui Maria,

      Ce qui est grave ç’est que les syndicats sont pauvres en moyen d’expression. Ils pratiquent la concurrence entre eux.
      J’ai assiste lorsque je travaille a des heures mensuelles d’information syndicale houleuses et sans avenir. Il faut moderer ses affirmations. Tout le monde a le droit a l’expression. Ceci etant je trouve que la Cfdt est un syndicat ou on peut s’exprimer ou on peut echanger des ressentis et placer la defense des plus pauvres dans l’enterprise. Parler et savoir se parler est une necessite des plus democratiques.

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