You are currently viewing On va finir par simplement casser la République

On va finir par simplement casser la République

Le privilège que confère l’âge c’est la possibilité extrêmement précieuse de pouvoir s’appuyer sur le passé pour juger le présent. Même si comme le veut un principe bien connu « comparaison n’est pas raison » il faut bien avouer que dans une société de l’éphémère le retour sur des événements vécus antérieurement a bien des avantages. Comment dans la polémique actuelle sur les « casseurs » ne pas revenir aux grandes soirées de mai 68 ? Quel crédit peut-on accorder à une premier Ministre qui confond « manifestants » et « casseurs » dans un amalgame tellement absurde qu’il en devient préoccupant pour la démocratie.
Quelle que soit la situation sociale, il est indécent de mélanger ce qui relève du vandalisme pur et dur avec ce qui appartient à la revendication sociale ! Dans le fond de tels propos sont des aveux de faiblesse dans l’argumentation, dans la justification, dans la capacité à convaincre. Désolé de choquer les adeptes de l’ordre établi et du prêt à porter idéologique dans un camp ou dans l’autre mais les actes déplorables commis par une minorité de hooligans asociaux restent le simple reflet d’une société à la dérive. Depuis toujours dans les mouvements de masse il y a eu des débordements plus ou moins organisés et des comportements fascisants exploités.
François Hollande et Manuel Valls ont menacé d’interdire « les manifestations à risque » après les incidents du défilé parisien de mardi contre la réforme du Code du travail, dans lesquels le gouvernement met en cause la CGT. Ils devraient seulement mettre éventuellement en cause « certains membres » de la CGT d’avoir eu une attitude critiquable voire condamnable mais en aucune façon ils ne peuvent pratiquer la généralisation à partir de faits traits de leur contexte. Interrogé sur France Inter, le Premier ministre a accusé le service d’ordre de la CGT d’avoir eu une « attitude ambiguë » à l’égard de ces casseurs au nombre, selon lui, de 700 à 800. « Quand on n’est pas capable d’organiser une manifestation (…) alors on n’organise pas ce type de manifestation qui peut dégénérer », a déclaré Manuel Valls. « Je demande à la CGT de ne plus organiser ce type de manifestation sur Paris. Au cas par cas (…) nous prendrons, nous, nos responsabilités. » Un coup de menton comme il ne cesse d’en avoir depuis des mois… Que n’a-t-il reproché cette « faiblesse » à la FNSEA dont les pseudos militants ont saccagé des équipements publics tout au long de 2015 notamment sous leurs bonnets rouges de bretons ? Y-aurait-il de mauvais « casseurs » et de « bons » casseurs ?
Rappelons simplement que sous l’égide de groupements divers la facture des violentes manifestations contre l’éco-taxe en Bretagne a atteint 6,3 millions d’€ sans compter le coût de la réparation des glissières de sécurité endommagées. Le simple démontage du portique de Pont-de-Buis (Finistère), après les heurts violents entre les Bonnets rouges et les forces de l’ordre a coûté, rappelons-le la bagatelle de 130 000 €! Les rares coupables de ces saccages étaient passibles d’une amende de 75 000 € pour dégradation d’un bien d’utilité publique (et d’un an d’emprisonnement). Comme leur condamnation pouvait être interprétée comme une provocation par les opposants à l’écotaxe on a oublié des comportements similaires à ceux constatés à Paris.
A-t-on parlé d’interdiction de ces manifestations ultra-violentes ? « Il ne pourra plus y avoir d’autorisation de manifestation si les conditions de la préservation des biens, des personnes et des biens publics (…) ne sont pas garanties », a dit François Hollande, cité par Stéphane Le Foll. Il faut s’en souvenir… pour d’autres circonstances. Impossible d’excuser, d’effacer, de nier qu’il y ait autour des manifestations des « exploiteurs » qui se veulent plus en colère que ceux qu’ils discréditent. Le droit de manifester est constitutionnel. Toute tentative de criminaliser davantage le mouvement syndical et le mouvement social en interdisant l’expression de ceux et celles qui refusent une loi serait extrêmement grave et mettrait en péril les principes de base de notre démocratie. C’est une réalité. Il appartient aux pouvoirs publics de protéger les biens et les personnes dans tous les lieux et tout le temps. Il ne s’agit pas de transférer sur d’autres une vraie responsabilité républicaine puisqu’en France la sécurité doit appartenir à l’Etat et pas à des organisateurs « privés ».
Encore une fois le gouvernement confond « autoritarisme » et « autorité » ce qui donne des arguments supplémentaires à ses adversaires et ne sert que les intérêts de l’extrême-droite qui exploite simplement des propos disproportionnés au contexte actuel. La droite républicaine ne se prive pas de reprendre en boucle avec une surenchère normale en cette période. Elle a saisi la balle au bond : Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains, a réclamé que la « responsabilité civile » et « financière de la CGT soit engagée » quand Alain Juppé, candidat à la primaire de la droite, a préconisé l’interdiction des « manifestations qui constituent une menace évidente à l’ordre public ». Il faut comparer avec les déclarations gouvernementales…

Cet article a 15 commentaires

  1. bernadette

    Bonjour,

    Dans cette société française où le chômage avolue au fil des mois, cette société régresse et utilise des moyens d’autodestruction. Pourquoi le chef de l’état a t’il choisi de négocier avec le pouvoir syndical entreprise/salarié ?,
    La base c’est chaque salarié et chaque employeur qui doit apporter une réponse.
    Donc c’est dans le dialogue social organisé par l’entreprise auprès de chaque salarié qu’ est la réponse.

    1. faconjf

      Bonjour, c’est oublier un peu vite l’état de domination exercé par certains patrons sur des salariés angoissés par le chômage… Seul le socle minimal du droit du travail peut garantir l’ UNITÉ de traitement face aux abus. Si il faut un code du travail par entreprise pourquoi pas un code de la route par commune??? Le dialogue social dans certaines entreprises ne revêt qu’une seule forme « c’est comme ça ou la porte ». Désolé mais le monde du travail c’est pas les bisounours, il faut vous réveiller éteindre votre télé et aller dans le vrai monde. Salutations

      1. bernadette

        Le dialogue social ç’est une possibilité de converser avec d’abord les salariés et le patron. Si le dialogue social revêt un licenciement ç’est qu’il est inexistant.

      2. J.J.

        Entièrement d’accord, JF Facon : les « négociations avec le patronat c’est : ou vous acceptez des conditions de misère, ou on ferme la boîte, ou vous taillez la route.
        « Il faut faire des sacrifices », comme j’entendais dire hier aux infos à propos d’une usine d’automobiles en pleine expansion, c’est à dire les employés doivent faire des sacrifices pour permettre à la direction de s’en mettre plein les poches ( voir C.Ghosn)
        Le procédé est un peu éculé et éventé, mais il fonctionne toujours, le chantage étant le maître argument d’un certain patronat.
        Ça ne s’appellera plus chantage à l’emploi mais référendum d’entreprise, avec le même résultat.

    2. Martine Arlaud

      Les salariés ont dû conquérir droit après droit par la revendication, la grève, avant d’avoir gain de cause, et à chaque fois il y a eu des tués dans leurs rangs comme conséquence de leurs actes de revendications .
      Aucun patron n’aurait jamais proposé spontanément des congés payés à un de ses salariés. Et si un salarié avait osé les demander, la direction de l’entreprise n’aurait trouvé aucun intérêt à les accorder.
      Quand un entrepreneur monte une boîte, ce n’est pas la philanthropie qui l’anime, (ni le patriotisme, d’ailleurs) mais le goût de l’action, l’envie d’être autonome et de « faire du pognon ». S’il n’est pas présent dès le départ, le goût pour le pouvoir doit suivre assez rapidement à mon avis.
      Le salarié ne rentre dans ses préoccupations que comme force de travail lambda, interchangeable, et remplaçable par un autre moins coûteux ou par la machine dès que possible, avec confiscation du gain de productivité.
      Le dialogue entreprise – salarié, c’est de l’imposture, c’est pot de fer contre pot de terre. Au secours ! Molière ! Reviens dénoncer nos Tartuffes !!

      1. bernadette

        Que ce patron est le goût du pognon, n’est pas une généralité. Sans salarié il n’aura plus le goût du pognon, il devra bosser plus.
        Vous faite la place au patron stigmatisé.

  2. J.J.

    «  »Ils devraient seulement mettre éventuellement en cause « certains membres » de la CGT d’avoir eu une attitude critiquable voire condamnable…. » »

    D’après ce que j’ai vu dans les étranges lucarnes, ces présumés membres de la CGT ont été désignés comme tels car ils étaient revêtus d’une chasuble rouge portant le sigle de la CGT.
    Et qui peut empêcher n’importe quel quidam de se revêtir d’une chasuble portant la marque CGT ? Qu’est ce qui nous prouve qu’il ne s’agit pas encore une fois d’une intox ?
    Car on nous annonce toujours des arrestations de casseurs, et curieusement on ne dévoile rarement leur identité, on ne sait ce qu’ils deviennent et quelles décisions sont prises à leur égard.
    Au moins, avec les hooligans russes, on sait à quoi s’en tenir, la justice a été expéditive ! Curieux , non ?

  3. bernadette

    J’oubliai d’apporter une proposition à mon affirmation personnelle.
    Les Direction départementales pourraient introduire le dialogue sociale dans chaque entreprise locale. Il ne s’agit pas bien sûr de flicage de l’entreprise et de ses salariés.

    1. Martine Arlaud

      Vous parlez des directions chargées de faire respecter le droit du travail en contrôlant l’application du code du travail ? Vous trouvez qu’ils n’avalent pas assez de couleuvres avec la loi El Khomeri ? Vous voulez augmenter le taux de suicide parmi leurs agents ?

  4. bernadette

    Direction départementales du travail

  5. LAVIGNE Maria

    J’aimerais bien que ceux qui traînent des casseroles se taisent au lieu de jeter de l’huile sur le feu.
    Par ailleurs, le gouvernement ou plutôt quelques membres, au lieu de chercher des boucs émissaires, devrait faire « leur mea culpa ». Personne n’est convaincu par leurs affirmations. Il suffit de regarder les vidéos des manifestations et si la police mérite notre soutien souvent, il y a, comme dans toute corporation, des brebis galeuses dans ses rangs. Il est vrai aussi qu’ils reçoivent des ordres.
    Ceci dit, aujourd’hui, beaucoup de tristesse et de compassion pour les deux policiers victimes d’actes barbares.
    Il faudrait un sursaut Républicain, du sang neuf, et que ceux qui sont aux commandes depuis trop longtemps avec les résultats que l’on connaît, partent

  6. faconjf

    Bonjour,
    merci pour ce billet, et les réflexions que vous développez.
    Au sujet de L’hôpital Necker, vous serez certainement interpellés par cette petite vidéo de 18s qui éclaire d’un jour nouveau cet emballement merdiatic. http://www.nuitetjour.xyz/gratuit/2016/6/16/la-vrit-sur-lattaque-de-lhpital-necker-et-les-conclusions-quon-peut-en-tirer-ditorial-en-accs-libre.
    Le journalisme d’investigation disparait au profit des 10 milliardaires qui contrôlent nos merdias. Tenir l’opinion, être à la source de la petite musique qui fait « l’actualité », qui construit le monde, les enjeux, les questions et les réponses de tous nos citoyens, euh pardon, de tous les consommateurs est un enjeu industriel à la hauteur des ambitions démesurées de nos milliardaires. Tant pis pour la démocratie, le droit à une presse libre et indépendante, le droit à l’information, tous ces grands principes ne comptent plus. Reste une opération à mener, museler internet .
    salutations républicaines

  7. baillet Gilles

    Il n’y a pas de démocratie dans l’entreprise pour la simple raison que le salarié est soumis par son contrat à un lien de subordination. Donc le patron est le supérieur légal du salarié. C’est pour cela qu’il y a le droit du travail que la loi El Khomri va casser méthodiquement.

  8. bernadette

    Le patron n’est pas propriétaire du capital social de l’entreprise. Ce capital social est composé de l’entreprise et du salarié. Respect oblige.

    1. faconjf

      Bonjour,
      Définition du mot Capital social
      Le capital social, ou plus simplement le capital, désigne toutes les ressources en numéraire et en nature définitivement apportées à une société anonyme par ses actionnaires au moment de sa création (ou d’une augmentation de capital). Il correspond à la valeur nominale de l’ensemble des actions. Le capital social figure généralement sur l’ensemble des documents commerciaux d’une entreprise.
      Le capital social est une des composantes des capitaux propres d’une entreprise au même titre que les réserves et le résultat de l’exercice. En cas de liquidation judiciaire, il est restitué aux apporteurs de capitaux après remboursement des créanciers. Ainsi, plus le capital social d’une société est important, plus ses créanciers sont assurés d’être payés.

      Nulle part il n’est fait mention des salariés dans cette définition officielle… Mais peut être avez vous une autre définition de ce terme qui nous vient tout droit du monde des affaires . Les mots ont un sens et il ne faut pas se laisser abuser par l’intrusion du mot social abusivement associé avec le mot CAPITAL .
      salutations

Laisser un commentaire