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Une école neuve au bout du chemin…

Discours prononcé lors de l’inauguration du groupe scolaire Théodore Monod à Lorient Sadirac en présence de Najat Vallaud-Belkacem ministre de l’Éducation nationale (Photo de l’ancienne école détruite en bandeau)

« Permettez-moi madame la Ministre, de vous demander de bien vouloir excuser l’absence de Jean-Luc Gleyze, président du conseil départemental retenu par un engagement antérieur sur le canton du sud-Gironde. En me confiant la responsabilité de le représenter et de représenter le département en tant que modeste vice-président élu de ce canton, il m’a fait à la fois honneur et plaisir car Sadirac, plus que tout autre commune est, vous le savez, chère à mon cœur.
Il y a exactement 50 ans madame la Ministre j’entrais en effet en dernière année de l’école normale d’instituteurs de la Gironde, celle de la formation professionnelle concrète qui me permettrait à 19 ans de faire mes débuts devant des élèves. Les temps ont bien changé ! C’était pour moi l’aboutissement d’un parcours commencé en octobre 1952 dans un groupe scolaire flambant neuf du bourg de Sadirac. Le même jour, fait exceptionnel, ouvrait également sur le terrain où nous nous trouvons une autre école, celle de Lorient.
Deux entités en belle pierres de taille blanches, avec chacune 2 classes lumineuses, une salle de cantine avec cuisine, des logements de fonction modernes, destinées à accueillir les enfants d’une commune que le Maire voulait inscrire sur le chemin du progrès… Il avait, avec un conseil municipal audacieux, aussi prévu l’aménagement de douches publiques auxquelles les écoliers auraient obligatoirement accès le samedi en fin d’après-midi ! Beaucoup d’enfants d’immigrés italiens, espagnols, polonais dont j’étais parmi celles et ceux qui entrèrent au « cours préparatoire-classe enfantine » dans ces nouvelles écoles neuves qui devenaient indéniablement les plus belles bâtisses des deux villages afin que nous soyons dans les meilleures conditions pour trouver notre chemin vers un avenir meilleur. Votre lointain prédécesseur Jean Masson conscient comme vous de l’effort accompli viendra d’ailleurs de Paris inaugurer ces 2 groupes scolaires !
Vous comprendrez aisément Madame la Ministre, Mesdames, messieurs, chères et chers amis que bien plus que le vice-président du Conseil départemental c’est aujourd’hui le cœur en fête, gonflé de fierté et de passion, l’enfant de Sadirac, un élève de l’école publique devenu instituteur, qui s’exprime devant vous avec vraiment une profonde émotion. Un parcours scolaire qui se résume en 60 rentrées comme élève, collégien, normalien, instituteur avec la bagatelle de 32 ministres différents entre mon entrée au CP et ma retraite !
Bien plus que l’élu local ayant soutenu la promesse électorale forte faite par la majorité actuelle du conseil municipal sadiracais c’est le défenseur ardent de cette école laïque de proximité qui s’exprime devant vous !
Bien plus qu’un participant à une cérémonie que certains trouveront ostentatoire, c’est le citoyen heureux de voir les générations actuelles bénéficier à leur tour de la chance que représente un tel groupe scolaire.
Bien plus qu’un militant laïque c’est un Sadiracais de cœur ravi de constater que l’œuvre émancipatrice d’André Lapaillerie, maire durant 26 ans de Sadirac, a été poursuivie et amplifiée.
Ce n’est pas sans un pincement au cœur que j’ai vu disparaître le groupe scolaire de mon enfance au profit d’un autre, fruit d’une réflexion collective poussée, d’un excellent travail architectural et d’un soin particulier mis dans sa réalisation par des entreprises novatrices. Le résultat me fait totalement oublier une nostalgie qui serait vraiment de mauvais aloi.
Sous la présidence de Philippe Madrelle le Conseil général au nom de la compétence générale a toujours multiplié les initiatives, les crédits, les encouragements en faveur des écoles communales ou intercommunales bien que rien ne l’y obligeait depuis la loi de décentralisation.
Quasiment toutes les écoles de Gironde ont bénéficié à un moment ou un autre des subventions départementales. Avant de quitter son mandat de Président Philippe Madrelle à ma demande est venu signer, in-extrémis, un dimanche à midi, cette convention d’aménagement qui a permis une aide de près de 170 000 euros pour ce beau projet ! Rendons-lui au moins cette justice car sans cette loyauté empressée le chantier n’aurait pas pu débuter !
La majorité actuelle sous la présidence de Jean-Luc Gleyze, au nom de la solidarité territoriale, a maintenu et maintiendra encore ce soutien actif, concret, massif à ce qui constitue le vecteur décisif de la vie communale.
Tous les dossiers scolaires ont été en 2016 considérés comme prioritaires et depuis que je suis élu aucune demande d’amélioration des écoles n’a été non-satisfaite sur ce canton. Nous inaugurerons une groupe scolaire restructuré à Cursan le 10 septembre, une autre rénovée à Cénac le 17 !
Le dossier de Sadirac a bénéficié d’un examen bienveillant rapide et particulier compte-tenu de son importance comme ceux de Carignan, Camblanes, Créon, Bonnetan, Cambes, Quinsac ou Tresses au cours de ces seuls derniers mois. Tous ces travaux ont été soutenus par le conseil général pourtant menacé il y a encore peu de mois !
Nous consacrerons grâce au vote du budget 2016 par la seule la majorité départementale rappelons-le en cette période, près de 3 millions seront consacrés aux seules écoles avec une soixantaine de dossiers plus ou importants.
« Pour faire un citoyen, il faut commencer par faire un homme. Ouvrons des écoles partout.
Quand on n’a pas en soi la lumière intérieure que donne l’instruction, on n’est pas un homme ; on n’est qu’une tête du troupeau multitude, qui se laisse faire, et que le maître mène tantôt à la pâture, tantôt à l’abattoir.
Dans la créature humaine, ce qui résiste à la servitude, ce n’est pas la matière, c’est l’intelligence.
La liberté commence où l’ignorance finit. »

Est-ce dépassé ? j’en doute ! Plus que jamais je partage en effet ces propos de Victor Hugo. Plus que jamais la responsabilité de l’école n’a été aussi vaste face aux défis sociaux. Plus que jamais c’est à l’école que se joue notre avenir commun ! Permettez-moi, avec tout le respect que je dois à votre fonction et à celle de vos éminents conseillers, de vous suggérer Madame la Ministre que beaucoup plus qu’une réforme des contenus c’est une vraie révolution en faveur d’une pédagogie d’autonomie, de responsabilité, de confiance qui nous permettra de faire face aux enjeux de notre époque.
Dans cette école neuve, ouverte, spacieuse, colorée encore silencieuse je souhaite donc à toutes celles et tous ceux qui y vivront ensemble la merveilleuse aventure de l’acquisition du savoir tout court, mais aussi du savoir-faire et du savoir-être, d’y trouver dans un cocon superbe le plaisir d’apprendre, celui de la connivence et du partage sur le moindre sentier vers la réussite.
A vous enseignantes et enseignants de ce groupe scolaire, avec mes amis Françoise Cartron, Martine Faure et Philippe Madrelle avec qui j’ai partagé depuis très longtemps la passion pour l’éducation, nous vous livrons ces recommandations de Jean Jaurès aux instituteurs publiées dans le journal La Dépêche du 15 janvier 1888 : « Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas seulement à écrire, à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d’une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation.
Enfin ils seront hommes, et il faut qu’ils aient une idée de l’homme, il faut qu’ils sachent quelle est la racine de nos misères : l’égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fermeté unie à la tendresse ».

Que retirer à cette instruction non officielle ! La mission actuelle de l’école au sens large est considérable dans les vents contraires de la facilité, de la perte de repères, de la futilité et de la crise morale, économique et sociale ! Les enseignants ont besoin de reconnaissance morale et de soutien permanent !
Je vous suis reconnaissant Monsieur le Maire, mesdames et messieurs les conseillers municipaux, de l’avoir compris, d’avoir osé, d’avoir mis vos actes en accord avec vos promesses, d’avoir préféré l’action au confort d’une gestion certes paisible mais finalement stérilisatrice du progrès auquel nous aspirons !
Cette réalisation s’inscrit dans cette France qui agit, qui lutte, qui imagine, qui risque, qui avance, qui investit au nom de l’intérêt général bien compris.
Ce sont ces élus locaux proches de l’école publique que vous êtes venus soutenir Madame la Ministre et nous apprécions ce geste. Ils sont convaincus et moi-aussi à leurs côtés de l’importance de la vraie liberté scolaire, de l’indispensable égalité d’accès au savoir et surtout en cette fraternité irremplaçable qui se créée sur les bancs des écoles publiques de notre pays. Ils luttent aussi soyez-en convaincus à leur manière en faveur de cette précieuse laïcité si malmenée par des actes irréfléchis exacerbant les haines sociales. Ils tentent de rassembler autour des écoles les forces vives de leur commune grâce à l’aménagement du temps périscolaire.
A côté de cette maison de l’enfant que la communauté de communes a construit sous ma modeste présidence nous avons désormais à Lorient en Créonnais un vrai pôle complémentaire et cohérent, tourné vers ce que nous avons de plus beau et de plus précieux : la jeunesse ! C’est concret, cohérent et je le pense novateur.
Vive ce creuset républicain de l’éducation républicaine ! Vive Sadirac et la superbe école publique laïque Théodore Monod ! »

Cet article a 10 commentaires

  1. mlg

    oui, mais c’est triste quand même!!!!

  2. François

    Ainsi soit-il ! ! !

  3. bernadette

    Oui M. Darmian, la jeunesse est un bien précieux. De la maternelle à 3 ans jusqu’à l’apprentissage pour acceder a un metier.
    Ne soyez pas trop nostalgique avec le passe. C’est bien d’avoir agremente le discours par le passe, c’est logique et humain

  4. bernadette

    Qu’est ce que la solidarite territoriale ?
    Pourquoi la Loi Notre ?
    Que sont le transfert des competences ?
    Pourquoi parler toujours d’un quota d’habitants ?, de bassins de vie ?
    Pourquoi parler de renouvellement urbain ?

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