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La course de lenteur organisée du Brexit est lancée

La Grande-Bretagne quel que soit l’angle sous lequel on la regarde est un pays dont il faut en permanence se méfier. Drapée dans son splendide isolement elle défie sans cesse les règles mondiales de vie commune en cherchant toujours à profiter d’une singularité que l’on confère l’Histoire. Ils n’ont jamais intégré l’Europe et d’ailleurs le résultat du Brexit le prouve. Dans la situation catastrophique des réfugiés et des migrants la « Prude Albion » fait semblent de ne rien voir jouant ainsi la carte nationale contre celle du vieux Continent ! Il se peut que le revers monumental de Merkel change un peu la donne mais le vote anglais interdit tout espoir de solution négociée. Par ailleurs alors que le verdict des urnes contraint un gouvernement ultra-libéral à prendre ses distances avec un système européen qui risque fort de leur manquer. La tactique politique est simple de la part des Conservateurs : jouer la montre, muscler leurs arguments, signer des accords hors UE pour se présenter devant les négociateurs européens avec le maximum d’atouts. Le Brexit est encore une fois une vraie supercherie pseudo-démocratique car Bruxelles est incapable de faire face à la mauvaise volonté anglaise organisée.
La Première ministre britannique, ne s’exprime pas beaucoup mais bosse pour dénicher sur la planète le maximum d’accords commerciaux. Elle profite de son pied hors CEE et de celui qui y est encore pour introduire sur le sol britannique des concurrents potentiels aux entreprises de l’UE. Personne ne peut faire quoi que ce soit contre elle. Elle s’assoit allégrement sur les règles en vigueur profitant du fait qu’aucune sanction n’est envisageable contre son pays ! Elle affiche ses convictions en clamant haut et fort son intention de faire du Royaume-Uni un « champion mondial du libre échange » après… son départ quand elle le voudra et ne nous faisons pas d’illusions aux conditions qu’elle imposera ! Dans le fond Cameron a peut-être fait une erreur mais elle est grandement rentabilisée par Mme May ! Cette dernière se plait d’ailleurs à vanter aux autres dirigeants internationaux encore plus avides de profits qu’elle, « les opportunités commerciales qui s’ouvriront à travers le monde pour le Royaume-Uni après le Brexit ».
Elle dialogue avec l’Australie qui est prête à pactiser avec Londres sur des secteurs jusque-là interdits à la commercialisation. Et pour ça il y aura un retour sur un passé florissant avec la valorisation du Commonwealth ! On trouve aussi au portillon l’Inde, le Mexique, la Corée du Sud et Singapour qui seraient « disposés à ouvrir des discussions » pour « lever les barrières commerciales » entre leurs pays et le Royaume-Uni. Ils approcheraient ainsi l’Europe continentale en attendant que le Tafat achève le processus. La Grande-Bretagne attend flegmatiquement et avec un certain mépris qu’un front s’organise face à elle. Hors il n’y a que des gesticulations de commissaires européens sans aucun pouvoir ! Imaginons un peu la violente réponse de Juncker, président de la Commission européenne qui s’est déclaré « irrité » par ces démarches. « La négociation d’accords de libre-échange est une compétence de l’Union européenne (sic), conformément aux traités. Nous devons nous y tenir ». Mme May a tremblé comme une feuille de thé !
La Première ministre a indiqué qu’elle n’invoquerait pas l’article 50 du Traité de Lisbonne, qui lance la procédure de divorce avec l’UE, avant fin 2016 ou certainement début 2017. Le Royaume-Uni aura ensuite deux ans pour négocier les complexes modalités de son départ, restant en attendant membre de l’Union… et en 2020 il aura tous les avantages du « in » et du « out » En fait les plus virulents sont les Japonais : « Nous enjoignons fortement le Royaume-Uni à prendre sérieusement en compte » l’implantation d’entreprises nippones sur son sol « et d’agir pour minimiser les effets négatifs » sur elles. Plus d’un millier d’entreprises japonaises employant quelque 140.000 employés en Grande-Bretagne, et certaines –Toyota, Hitachi ou la banque Nomura– ont en effet déjà commencé à réévaluer leurs activités. La Corée du Sud commence elle-aussi à trembler. Les USA sont à l’affût puisqu’ils ont deux fers au feu : l’un sur des négociations amorcées avec Londres ; l’autre sur le traité transatlantique. Si ce dernier bat de l’aile ils iront à la table des négociations avec Londres.
Présenter le Brexit comme une catastrophe pour l’Angleterre c’est ignorer la capacité de ce pays à jouer les faux-culs utilitaires. La catastrophe risque d’être pour cette Europe des marchands sans aucune force collective et surtout tellement fragile qu’elle ne peut même pas résister à la moindre pression. « L’Angleterre n’est qu’une nation de boutiquiers ». Il serait temps de sortir cette appréciation de Napoléon !

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