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Ménard joue la carte de l'identité nationale dans un climat de résignation

Il n’y a pas de pire poison pour la démocratie que l’indifférence ou pire la passivité. Réagir devient une tare intellectuelle. Ne pas admettre ce qui est inadmissible pour la morale prend des allures de comportement agressif. Refuser d’avaler des mots, des phrases ou des discours sciemment lâchés pour choquer. Se réfugier devant le droit à la différence pour déchaîner la haine. Et laisser faire, renoncer constitue une erreur ou une faute terrible. Or chaque jour davantage par lassitude ou par lâcheté l’opinion dominante abandonne davantage de terrain aux porteurs de propos qui il y a seulement quelques années auraient soulevé des tornades de réprobation chez les politiques, les grands intellectuels ou même les éditorialistes des grands médias. Désormais tout peut être proclamé sans soulevé la moindre remarque. Lentement on revient au climat de la période noire de l’Histoire française se situant dans l’entre-guerres du siècle précédent. Plus de consciences révoltées mais des inconscients résignés.
Ainsi le Maire de Béziers n’a pas hésité une fois encore à s’engouffrer dans la brèche ouverte en renouant avec ses thèses identitaires. « Être Français c’est aussi, comme le disait (1) le général de Gaulle, être européen, blanc et catholique, bien sûr » a déclaré sur LCI Robert Ménard. Imaginons un instant que nous sommes simplement dans les années 1980 et immédiatement le MRAP, la Ligue des Droits de l’Homme (elle semble être très occupée par les exagérations débiles du burkini), Touche pas à mon pote, EE-LV, le PRG, le PS, le PCF, les francs-maçons, les syndicats et tant d’autres associations alors très puissantes seraient montées au créneau. Le vide… comme si cette affirmation était partagée et ne devait surtout pas être remise en cause. Aucun fondement sociologique mais une sorte d’épouvantail destiné à contenir le débat politique des prochains mois sur un thème déjà banalisé : celui de « l’identité nationale ». Ignorer les élucubrations racistes de Robert M. c’est continuer à aller vers le précipice. On retrouve en effet les germes des drames d’une époque que la grande majorité des Français veut oublier pour se permettre de donner à son tour de la voix !
En quoi la blancheur de la peau, la pratique d’une religion peuvent discriminer les citoyens entre eux ? Le Zemmour des élus donne sa vision de cette ségrégation qu’il base sur la reconnaissance à vue ! « Pardon, je sais que vous n’êtes pas musulmane. Écoutez, c’est drôle, vous n’êtes pas arabe. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise: ça se voit. Ça se voit sur votre visage(…) » a-t-il expliqué à son interlocutrice. Il faut qu’il fasse un manuel du « bon Français » comme les nazis avaient édité celui permettant d’identifier les juifs… Cet élu local prétend identifier une « musulmane » c’est à dire une pratiquante religieuse au regard ! Mais comment peut-on laisser filer de telles déclarations sur une chaîne d’information sans réagir. Le Ministre de l’Intérieur ou même le Premier Ministre révulsé, atterré par les propos de Cahuzac sur le financement d’une tendance du PS dans une période où tout le monde savait qu’elle était « monnaie -suisse-courante », restent muets face à cette diatribe identitaire tragique. Comment alors contrer ce racisme quotidien qui enfle partout, dans les bars, dans es espaces publics, dans les repas de famille et bientôt dans les urnes?
Robert M., Français de pure souche né à Oran, agit à sa guise dans sa ville. Il se permet tout sous le regard des représentants de l’État républicain qui se montrent extrêmement discrets. Cet élu arborant une écharpe tricolore, symbole de la liberté, de l’égalité, de la fraternité utilise la fameuse formule de Goebbels voulant que « plus un mensonge est gros et plus il passe ». Il se répand donc en expliquant que dans son tour des écoles le jour de la rentrée il a trouvé « dans une classe du centre-ville de chez moi (sic), 91% d’enfants musulmans. Évidemment que c’est un problème ajoute-t-il. Il y a des seuils de tolérance. On n’ose pas le dire: 91% d’enfants musulmans. Vous ne mettez pas les vôtres dans cette école-là, vous demandez une dérogation à la carte scolaire et vous allez dans le privé. C’est ça la réalité ». Il faudrait expliquer comment des enfants peuvent être classifiés comme « musulman » à 5 ou 6 ans et surtout sur quelles bases il établit sa statistique. Il sait que personne ne lui demandera des comptes et que personne ne cherchera à démonter une argumentation sommaire lui permettant d’accréditer une seconde thèse du racisme rampant, celle de l’envahissement de la France des blonds aux yeux bleus par des hordes musulmanes.
Le pays des Droits de l’Homme et du citoyen est tombé bien bas. Il ne cesse de se renier. Il ne cesse de courber l’échine. Il ne cesse de s’incliner. Il ne cesse de s’affaiblir. Il ne cesse de laisser le champ libre à ces porteurs de la ciguë idéologique du populisme fascisant. Robert M. sait que toute crédibilité a été perdue par les tenants des valeurs républicaines qui sont raillés, caricaturés, ringardisés puisque la tendance est au laisser-faire. Zola tu nous manques !
(1) En fait il ne l’a jamais dit ou écrit mais c’est l’ineffable démocrate Peyrefitte qui rapporte ces propos qu’il aurait entendus !

Cet article a 9 commentaires

  1. bernadette

    Ils savent tout ces politiques,
    Que serait alors une France fédérale ?
    Quelle serait le coût d’un fédéralisme ?
    La loi SRU introduite par M.Gayssot où en est on?
    Moins de communes, moins de départements, moins de régions plus d’impôts fonciers pour moi c’est une ineptie.

  2. bernadette

    L’école de la république a pour mission de redistribuer un enseignement à tous les enfants quelle que soit la couleur de peau et vient ensuite la religion. La religion c’est intime chez l’être humain. Ce n’est pas la religion qui initie une éducation universelle. Le comportement vestimentaire à « l’européenne » pour les petites filles est bien même très bien. Après l’alimentation c’est pour tout le monde pareil.
    Menard stigmatise t’il cette religion musulmane ?
    Je suis de l’avis de Debout la France : une adaptation physique et mentale à l’école de la République doit devenir un droit absolu.
    Il y a aussi le contexte de la laïcité qui reste un grand point à développer.

  3. bernadette

    Le recours à l’enseignement privé n’est pas toujours lié au contact d’enfants musulmans, mais à une carence de l’enseignement public.(réforme des rythmes scolaires, du collège, de la violence du lieu public etc

  4. bernadette

    A cela s’ajoute la performance qui est souvent liée à la profession des parents

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