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Le peuple ne supporte plus le mépris généralisé que l'on lui administre

C’est plus un ressenti collectif qu’une donnée prouvée mais le « mépris » des élites de tous bords, pour les gens supposés leur être inférieurs socialement et intellectuellement, est l’une des causes du désastre politique actuel. C’est une sorte de gaz incolore, inodore mais mortel qui s’étend quotidiennement sur la société, asphyxiant lentement la confiance indispensable entre un peuple dans sa diversité et les responsables devant le guider vers le bonheur. Depuis le niveau européen jusqu’au niveau le plus bas, il est patent que l’emmerdeur essentiel se nomme « électrice ou électeur ». D’ailleurs tout est fait pour l’éviter. Au nom d’une démocratie représentative d’une partie de plus en plus faible de la population (abstention oblige!) il faut éviter de l’informer, de le concerter, de l’associer avant de lui faire décider. On se partage sans aucune vergogne les pouvoirs nonobstant l’intérêt général. Il n’y a pas qu’en inde que les castes existent. Chez nous aussi, elles ont une présence effective dans un système stratifié où l’on entretient des réseaux résistant à tous les changements du climat politique. Ces élites supposées portent les germes du populisme avec leurs attitudes dénuées de toute considération pour les gens supposés incapables de comprendre !
Le désintérêt croissant pour les partis politiques repose sur un constat simple : mépris des militants et oubli constant de leur rôle dans la vie réelle de ces structures. Ils fuient écœurés par de querelles d’égos surdimensionnés ou par l’absence totale de considération, hors périodes électorales, que l’on leur témoigne. Choisir sa circonscription, se faire reclasser dans un grand corps d’État, ne passer que de temps en temps pour serrer quelques mains et boire un coup de crémant, prétendre que tous ceux qui sont en désaccord avec la ligne sont des nuls, imposer des accords parisiens ou même départementaux au nom de l’efficacité : les pratiques ne divergent guère d’un parti à l’autre ! Il y a certes l’habillage mais il ne trompe plus personne ! Les plus motivés s’esbignent devant des trahisons, des manquements et des pratiques de plus en plus obscures d’échanges de services et ils s’en vont démoralisés par ce mépris.
Le pire c’est que le mal touche les élus locaux d’habitude plus résistants. Ils sont ballottés par des réformes technocratiques, des textes abscons ils sont de plus en plus montrés du doigt après des affaires honteuses touchant justement les hautes sphères du pouvoir. Ils n’en peuvent plus d’être assimilés à des Balkany, des Sarkozy, des Cahuzac avec lesquels à 99 % ils n’ont rien à voir ! Ils se tournent donc vers le refus de l’action politique au sens noble pour se présenter en gestionnaires intransigeants. Là encore la généralisation du mépris par des caciques omnipotents fait son chemin et la confiance s’effrite ou s’effondre !
Dans le milieu économique les employés, les techniciens, les cadres, les agriculteurs, les commerçants, les artisans spoliés par un monde du profit impitoyable, ne se sentent plus reconnus. Tous les jours ils le hurlent : ce sont eux qui font la richesse du pays. Les producteurs de lait, les salariés de chez Alsthom, les caissières des grandes surfaces et bien d’autres … sont méprisés ou abandonnés ! Ils ne se raccrochent même plus à l’espoir de l’amélioration de leur sort matériel puisqu’ils sont devenus, partout et tout le temps, les variables d’ajustement des dividendes aux actionnaires. Ne pouvant plus se rebeller, privés du symbole de la lutte des classes passée de mode, en situation d’insécurité sociale constante, ils sentent rejetés eux-aussi par les élites et leurs discours d’impuissance caractérisée. Ils renforcent donc de plus en plus les discours simplistes mais moins faux-culs des extrêmes… même s’ils sont dénués de tout réalisme.
Le phénomène de l’immigration dans les usines, sur les chantiers, sur les chaînes ne prend pas la place que l’on veut bien lui donner dans les médias mais il envahit désormais l’espace public comme la gangrène sur une plaie ouverte mal soignée. Là encore le mépris de l’autre prolifère car le malaise créée par une autre manière de vivre n’est jamais pris en considération avec en plus des réprimandes morales aux gens qui ont peur ou qui témoignent d’un mal-être culturel ou social ! Les élites loin de tout (intellectuels ou donneurs de leçons, journalistes qui comptent, élus récupérateurs) exacerbent cette sensation de dédain en leur expliquant qu’ils ne comprennent rien à rien, qu’il faut accepter au nom de principes qu’on ne leur a jamais appris ! Un sentiment de vengeance réel existe mais il est nié… par supériorité réputée intellectuelle.
Mépris pour des métiers, mépris pour des films, mépris pour des cultures, mépris pour les pauvres, mépris POUR la sphère politique, mépris pour les élèves, mépris pour les réfugiés, mépris pour les fonctionnaires, mépris pour le service public, mépris… mépris.. : seul ce qui émane de la caste dominante a une valeur et surtout si c’est sensationnel ! les gens le ressentent comme une incitation à faire le contraire de ce que l’on veut pour eux. Il serait vain de penser que vous êtes à l’abri. A tout moment vous pouvez plonger dans ce monde où ce que vous êtes, ce que vous dites, ce que vous faites, rencontre le sourire narquois des gens qui savent et s’arrangent pour faire comme s’ils savaient plus que vous ! Il vous faudra résister pour ne pas faire baisser pavillon à votre conscience et leur envoyer un vote de mépris dans leurs dents blanches !

Cet article a 85 commentaires

    1. Ruana

      Les extrémistes sont déjà au pouvoir !
      Ce sont eux qui nous volent tous les jours et qui nous exploitent.
      Nos ancêtres ont fait la révolution… non ce n’est pas un gros mot. Il signifie nouvelle évolution. Il faut la faire à titre individuel d’abord par ses choix de consommation. Et puis, il ne faut plus avoir peur. Mélenchon est une bonne alternative car il remet le citoyen au centre du pouvoir. Jlm2017.fr

      1. loustic

        On aurait envie que Mélenchon soit une solution , le problème étant que face à l’environnement européen , la pression mondiale centrée autour des aspects économiques , je crains qu’il ne puisse pas faire grand chose,et que ses propositions ne tiennent pas très longtemps en face d’une logique gestionnaire dominante qui de plus en plus annihilera toute velléité de faire autrement… Un vote de protestation donc , pas pour mais contre un système contre lequel on a bien du mal s’opposer par manque de proposition cohérente.Faudra t-il que l’homme change vraiment pour qu’on ait de vraies élites et non celles qu’on mérite.

  1. batistin

    Extrait de La Peste (noire, brune ou verte) d’Albert Camus:
    « On pouvait cependant avoir d’autres sujets d’inquiétude par suite des difficultés du ravitaillement qui croissaient avec le temps. La spéculation s’en était mêlée et on offrait à des prix fabuleux des denrées de première nécessité qui manquaient sur le marché ordinaire. Les familles pauvres se trouvaient ainsi dans une situation très pénible, tandis que les familles riches ne manquaient à peu près de rien. Alors que la peste, par l’impartialité efficace qu’elle apportait dans son ministère, aurait dû renforcer l’égalité chez nos concitoyens, par le jeu normal des égoïsmes, au contraire, elle rendait plus aigu dans le cœur de hommes le sentiment de l’injustice. Il restait, bien entendu, l’égalité irréprochable de la mort, mais de celle-là, personne ne voulait…
    ..Un mot d’ordre avait fini par courir qu’on lisait, parfois sur les murs, ou qui était crié, d’autres fois, sur le passage du préfet :
    « Du pain ou de l’air. » « 

  2. Alain

    Tout à fait en accord avec cet article, auquel je rajouterais une autre forme de mépris.
    Je viens de recevoir un courrier d’ un grand groupe d’ assureur mutualiste, qui me demande de prendre rendez vous avec eux suite à plusieurs incidents sur un contrat automobile.
    En effet , quatre sinistre en deux ans, un seul responsable, un bris de glace , et deux non responsable.
    il est certain que je mets en péril les équilibres financiers de cette assurance.
    Il faut rajouter une fuite d’ eau après le compteur , pour laquelle évidemment , il ne me rembourse rien.
    J’ ai comme une petite colère qui monte, et moi aussi beaucoup de mépris pour ces gens la.

    1. jacquet

      idem ,trois sinistres de rien du tout en 3 ans, 40 ans de fidélité à la compagnie, on a failli être éjecté, il a fallu se battre…

  3. bernadette

    Le mepris de la nature par des pyromanes revelent bien que nous (je) (sommes)suis dans une guerre civile. Pourquoi incendier la foret
    qui n’y est pour rien. Faiblesse
    psychologique selon la cellule
    psychiatrique de la justice.
    Il y a bien une cause qui a pour effet de detruire son environnement naturel.
    Ne serait ce pas l’image du passe qui a fait detruire la foret d’une partie du Nord Gironde ?

  4. bernadette

    En inadequation avec le film « l’interet General et moi », sur la Lgv Tours Bordeaux,
    Le territoire et les gens qui y resident meriteraient un detour. Il y a des territoires comme la haute gironde qui sont in fourre tout a histoires.
    On y trouve la Centrale nucleaire du blayais, le centre d’enfouissement des dechets menagers d’une bonne partie de la Region aquitaine et puis le passage de la lgv qui lui aussi a enfoui des hectares de forets pour relier la capital regional a Paris.
    Tous ces sites ont amene nombre d’opposants mais aucun ne s’est inquiété du vécu des habitants des lieux.

    Changer le paysage est un choc psychologique énorme.

  5. rouzier

    cet article est fabuleux mais il arrive un petit peu tard de la part d’un ( ex ) élu qui semble découvrir la réalité a laquelle il a participé .
    n’oublions pas le silence des élus de terrain qui , s’ils veulent conserver leurs places dans l’échiquier régional , doivent avaler leurs chapeaux a chaque nouvelle décision de leur parti .sinon point de réélection alors !!!!!!!!! on baisse la tête et on se tait .
    merci Mr Darmian pour ce beau morceau de littérature .

    1. Jean-Marie Darmian

      je n’ai jamais méprisé les gens car si c’était le cas je n’aurais pas été élu… avec 82 % des voix à 3 reprises (2 municipales et 1 cantonales) dans ma ville natale. je condamne depuis eds années ces pratiques et j’ai toujours été minoritaire dans tous les secteurs où j’ai agi… je n’ai pas l’impression d’avoir un jour eu honte et avoir baissé la tête et je n’avale ni mon chapeau ni des couleuvres facilement !

      1. Laure Garralaga Lataste

        Je témoigne que Jean-Marie n’est pas un élu comme les autres : il n’a jamais lâché « le morceau », se bat pour nos valeurs républicaines qui sont 4 « Liberté, Égalité, Fraternité et Laïcité.
        Moi, je n’ai pas eu son courage, j’ai fait comme le dit Mireille… J’ai pris la tangente et me suis investie dans une association…
        Qui a raison ? Jean-Marie o u moi ? Ou les 2 peut-être…

      2. Dominique CHARRIER

        Le mépris de tous les politiques pour ceux qui travaillent à leur compte, artisans, commerçants, petits patrons, auto-entrepreneurs est aussi essentiel pour que le vivre ensemble ne se délite pas… ce sont les serfs de notre société…
        Le mépris pour les petits retraités qui sont laissés pour compte est également scandaleux…

        Enfin, nous avons ici un politique repenti qui a enfin trouvé le fil à
        couper le beurre pour enfumer le peuple une fois de plus

    2. TRAORE Oumarou

      Si seulement si « la bonne lecture » était encore dans les habitudes de tous…pour ainsi parcourir vos lignes !?! Non pas pour s’indigner, mais juste pour une prise de conscience de chacun dans nos actes : soyons juste humains !
      Le mépris vient du fait même de ne pas entendre, ni sentir le souffle d’exaspération chez les uns, comme chez les autres ! On n’est pas suffisamment attentif tant que l’on n’est pas imprégné! Et pourtant, il est du devoir de tout un chacun d’agir en tant que responsable, en adulte, face à ce qui semble inapproprié…! J’ai bien le sentiment, Ô combien révoltant, qu’une majorité de responsables politiques s’engouffrent dans ce créneau dégueulasse que l’on a tendance de nommer « le système », et où justement l’on prend les galons pour un mépris du citoyen dont ils ont la charge ! La France est la plus belle de toutes les nations au monde…par son histoire, par la lutte des classes à travers les plumes de ses écrivains et philosophes, de certains hommes et femmes politiques, par sa culture, par son ouverture,…et j’en passe! Pourquoi, une fois élu, l’homme politique français se doit-il de transgresser la dignité humaine du citoyen qui l’a conduit là où il est devenu?!? Pourquoi la responsabilité politique empêcherait-elle de ne pas entendre le mal-être du citoyen?

      1. jacquet

        parce que le pouvoir corrompt?!

  6. Cubitus

    Pour ma part, je me souviendrai le moment venu de ces députés qui ont servilement voté le 49-3 par crainte de perdre leur fauteuil et surtout les avantages qui s’y rattachent.
    Il m’a semblé revenir quelques années en arrière au niveau du comportement quand Sarkozy menait ses troupes à la baguette…

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