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L'exploitation des peurs constitue la seule stratégie du FN

Désormais il faut réellement se poser la question des limites de la haine, du racisme, de l’intolérance dans un pays réputé républicain et fondé sur le triptyque « liberté, égalité, fraternité ». C’est devenu fondamental pour l’avenir, tellement le mal gangrène les esprits provoquant des propos inimaginables il y a seulement une décennie. Lentement, inexorablement les digues de l’acceptable cèdent sous la pression constante des vagues de ce que l’on pourrait appeler le fascisme ordinaire, celui qui ne défile pas dans les rues mais qui, tapi devant son écran, déverse sur les réseaux sociaux des propos relevant du pire des maux : l’injure anonyme débridée toute marquée par une forme ou une autre de peur.Et dans les enceintes réputés démocratiques les bornes sont franchies depuis longtemps comme au conseil départemental de la Gironde avec un duo FN répétant les consignes bleu marine.
La France s’enfonce chaque jour un peu plus dans la fange idéologique ordinaire, celle de la dénonciation, de la confusion, de l’incitation à la haine, de l’exclusion et de l’approximation. Les pousse-au-crime sont chaque jour sur la scène médiatique sans provoquer des réactions républicaines reposant sur des valeurs françaises républicaines. On laisse dire. On laisse faire. On laisse penser. Au nom de la liberté d’expression les plantes vénéneuses sont arrosées par des propos réputés inodores, incolores et sans danger. Elles grandissent sur le terreau du désespoir, de la vengeance, de la provocation pour finir par dépasser le blé des idéaux humanistes les plus basiques. Les têtes se baissent. Les regards se détournent. Les routes se séparent. Le combat des idées est esquivé. Le renoncement menace. La défaite est acceptée. On a peur de se révolter.
Il existe une certaine gêne, une certaine honte à afficher ses convictions profondes, celles qui viennent des tripes comme si l’offensive constituait une preuve d’irresponsabilité, de pusillanimité, d’hystérie coupables. Dans le fond la force des extrémistes de tous bords c’est de savoir culpabiliser celle ou celui qui résiste, qui simplement raisonnent ou refusent l’inadmissible. Il faut l’admettre une certaine idée du vivre ensemble base de la démocratie est menacée par cette indifférence qui tue. La France ne résiste plus. Par lassitude, pas déception ou par conviction elle ouvre la voie à une triste répétition de l’Histoire.
Le Front national occupe l’espace médiatique par ses outrances et surtout la stratégie permanente de l’exploitation systématique des peurs. Pas un mot, pas une phrase, pas un slogan qui ne fassent référence au plus dangereux des sentiments humains : la peur ! Dans une société persuadée que le risque zéro dans tous les domaines est possible pour soi et pour les siens il est aisé d’exploiter cette faiblesse collective. Émotion d’anticipation souvent infondée elle informe l’organisme d’un danger potentiel. Ce n’est pas ce qui se produit dans le présent qui représente un danger, mais ce qui pourrait survenir dans un avenir plus ou moins rapproché (quelques secondes, des jours…). Il est donc capital d’exploiter cette réaction chaque fois qu’elle émerge.
La France vit de plus en plus dans la peur car pas un seul instant elle n’est épargnée par des discours alarmistes déclinés à satiété. Le FN et ses mouvements satellite n’a pas d’autres programmes que celui de décupler les hantises de l’agression, de la privation, de la perte, de la détérioration, de la disparition, de l’invasion, la suspicion pour exacerber le rejet de tout système réputé protecteur. Dès le début du XXe siècle, H. L. Mencken, journaliste, écrivain, célèbre critique de la culture américaine, considérait que « le but de la politique est de garder la population inquiète et donc en demande d’être mise en sécurité, en la menaçant d’une série ininterrompue de monstres, tous étant imaginaires ». Jamais cette stratégie n’a été autant d’actualité. Alors que la politique doit conduire à l’espoir d’un monde meilleur elle est devenue simplement sous l’influence justement des extrémistes de tous ordres, un condensé de peurs multiples énoncés par des « pyromanes » se présentant ensuite comme les « pompiers » protecteurs. Sur les réseaux sociaux, sciemment, les manipulateurs du FN formés à cet effet sautent sur tout ce qui peut déstabiliser ou inquiéter afin de détruire la solidarité, la tolérance, le vivre ensemble etse préentent comme des remparts protecteurs.
Un Peuple qui a peur est déjà un Peuple soumis. Un peuple qui tremble deviendra un Peuple enchaîné. Un Peuple qui angoisse ira vers un tyran providentiel susceptible de le protéger.

Cet article a 2 commentaires

  1. C. Coulais

    Qui n’a pas goûté au fiel ne peut apprécier le miel. Proverbe arabe. (Le mot fiel est aussi remplacé par vinaigre)

  2. Janin Francis

    Il est loin, le temps où les habitants des villages se mobilisaient pour accueillir des enfants de « l’Assistance Publique » afin d’empêcher les écoles de fermer. Aujourd’hui, c’est le contraire : Il faut exclure pour éviter l’ivraie, et cela concerne toutes les strates de la société, en tous lieux.
    Qu’allons-nous léguer à nos générations futures, un territoire de prédateurs et de manipulateurs ou bien allons-nous faire preuve de plus de solidarité pour mieux vivre ensemble et nous déplacer partout dans le monde en toute confiance ?

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