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On fait feu sur la tolérance et on brûle de haine

Le feu a toujours été l’arme des noirs desseins… depuis que l’homme sait le maîtriser. Des bûchers pour hérétiques, de tous genres et à toutes époques, aux incendies criminels dirigés contre des populations ou des individus l’objectif est toujours le même : combattre ce que les incendiaires assimilent au mal et qu’ils ont du mal à affronter. Si l’on écarte l’incendie intentionnel malveillant (par vengeance calculée, surtout en milieu rural) restent notamment le vandalisme gratuit, auquel s’associent souvent alcool, débilité, fascination par le feu, et le jeu des adolescents ou enfants, au sein duquel on discerne une formidable agressivité, en général déplacée ou impossible à assumer en face de la victime désignée. Il s’agit souvent d’actes prémédités destinés à détruire un lieu fixateur d’une haine individuelle ou collective irrésistible.
C’est ainsi que le 27 février 1933, à Berlin, la police est avertie que le Reichstag, parlement allemand, brûle. On trouvera tellement vite un coupable (un maçon hollandais communiste -?- déséquilibré) que nombreux sont les historiens qui pensent que cette arrestation masque l’intervention d’un détachement de Sections d’Assaut (SA) nazies ayant emprunté un passage souterrain menant de la demeure de Hermann Göring au Reichstag et y aurait répandu des produits hautement inflammables. Hitler en profita pour prendre le pouvoir avec une réduction des libertés, une chasse aux communistes et un mois plus tard l’ouverture du camp de concentration de Dachau…
Cette propension à incendier n’a cessé de hanter la dernière guerre mondiale et celles qui suivirent avec par exemple l’utilisation du napalm au Vietnam !
Depuis quelques mois le feu est utilisé comme une arme raciste. Le nombre d’incendies criminels en Allemagne contre des centres d’hébergement de réfugiés a fortement augmenté depuis le début de l’année, à 45 ! Tous ont un caractère raciste avéré et comme en France s’accompagne souvent de slogans nazis ! Sur l’ensemble de 2015, année où l’Allemagne a vu arriver quelque 1,1 million de migrants, 92 incendies criminels contre des foyers de demandeurs d’asile ont été répertoriés, contre 6 seulement en 2014 !  Les auteurs de ces actes criminels sont en majorité des hommes et près de 80% viennent du lieu où l’acte criminel est commis…
En France des tentatives d’incendie avaient eu lieu àà Forges-les-Bains (Essonne), à Arès (Gironde) ou récemment à Loubeyrat (Puy-de-Dôme) contre des bâtiments devant accueillir des migrants. On vient de franchir une étape supplémentaire avec la destruction totale par le feu d’un centre pour colonies de vacances ayant été pressenti puis… abandonné comme futur centre d’accueil pour migrants situé à Billiers, dans le Morbihan. En fait on a fait brûlé, sciemment, un dortoir et des sanitaires destinés aux enfants… pour empêcher des étrangers imaginaires de les occuper. Une preuve supplémentaire (s’il en fallait d’autres) du climat actuel régnant dans la pays des Droits de l’homme et du Citoyen ! Et malheureusement ce n’est pas fini… dans ce contexte de haine exacerbée par des publications, des discours, des déclarations, des propos constituant autant de boute-feux !
Le feu de la haine a toujours été l’outil vengeur de l’extrême droite. D’ailleurs il faut se souvenir que l’un des mouvements des années 30 s’appelait « les Croix de feu » et que son idéologie s’approchait beaucoup de celle de l’Action française qui revient dans le jeu politique en France depuis quelques mois. Même utilisation symbolique de la croix enflammée par le Ku Klux Klan dont on connaît la terrible propension raciste  !
On trouve aussi l’utilisation du feu comme outil de mort envers celles et ceux que l’on haït grâce aux cocktails Molotov ! Les policiers ont payé durement les conséquences de cette propension à assassiner par l’incendie volontaire lâche et anonyme. Étant donné que la société actuelle dresse les uns contre les autres, sur la base de principes pré-établis des groupes plus ou moins larges on n’a pas encore écarté les actes incendiaires de la vie collective. Les centres d’accueil et d’orientation des migrants vont devenir des enjeux politiciens et donc vont focaliser l’attention des faibles d’esprit. Le FN et ses affidés vont s’employer à attiser le feu des instincts humains les plus bas de telle manière que chaque provocation devienne un acte de bravoure.
La jungle a été brûlée par ses occupants sur le départ comme dans un rite d’incinération de leurs espoirs perdus et d’une vie à oublier. Elle renaîtra certainement de ses cendres car il est impossible de détruire l’envie des Hommes de rechercher le bonheur à tout prix. Et pour eux il est de l’autre coté de la Manche, vous savez au royaume de ceux qui ont brûlé Jeanne d’Arc !

Cet article a 2 commentaires

  1. faconjf

    Bonjour,
    merci pour cet excellent billet, j’ encourage vos lecteur à prolonger la réflexion sur le feu outil « purificateur » en faisant quelques recherches sur le mot autodafé (mot portugais «auto da fé» venant du latin «actus fidei»,c’est-à-dire: «acte de foi»). Une longue et pénible histoire qui vient du fond des âges (VI éme siécle) et perdure aujourd’hui. Le feu est censé éclairer, force est de constater qu’il est surtout l’outil des obscurantistes.
    Salutations républicaines

  2. jojo33420

    Bonjour Jean Marie,
    Comme très souvent vous faites d’excellents articles, celui-ci serait à distribuer aux collégiens et lycéens, voire à leurs parents, pour des débuts familiaux.
    Mon doute aujourd’hui est que les médias et l’extrême droite pollus votre démarche et ce que nos anciens ont sus combattre.
    Je ne cacherai pas plus longtemps que je suis désespéré !!!……
    Sans être issu de migrants comme un grand nombre de nos dirigeants politiques, j’aimerai qu’ils prennent votre sillage de « rital  » à ce moment.
    Bien à vous.

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