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Qui va oser réclamer le droit d’inventaire ?

En 2012, le Parti socialiste tenait l’Elysée, Matignon, l’Assemblée, le Sénat, les Régions, la majorité des départements et la plupart des grandes villes de France. En quatre ans, ce capital considérable, unique dans l’histoire de la gauche au pouvoir, héritage des années Mitterrand, a été gaspillé et dilapidé. On dit souvent dans les conversations autour d’une table :  « souvent la première génération construit, la deuxième développe, quand elle s’entend, et la troisième fout la boîte par terre ». Ce devrait être la devise du parti socialiste… qui devrait être inscrite en bilan du quinquennat présidentiel. Le constat est sans pitié mais il est bien réel. Et ce n’est pas fini car il va rester le partage des dépouilles ce qui promet encore bien des dégâts ! Avant de savoir si l’on peut et finalement on doit accorder son soutien à François Hollande ou à Manuel Valls il faut comme l’avait fait en son temps Lionel Jospin se réserver le «  droit d’inventaire ».

En février 1995, investi par les militants socialistes comme candidat à la future élection présidentielle après le retrait surprise du favori Jacques Delors, l’ancien premier secrétaire du PS lance sa campagne en proposant un « droit d’inventaire » des deux septennats de François Mitterrand qui viennent de s’écouler. Si l’expression comme le principe avaient provoquer l’ire des Mitterandistes offusqués que l’on ne s’extasie point d’office sur le bilan de celui qui avait eu le privilège d’être le premier Président socialiste de la V° République ! Nul ne songerait maintenant sauf à être idolâtre à contester que le moment venu il faudra bien que ceux qui demeureront adhérent(e)s du PS en janvier prochain effectue un « inventaire » réel de la situation de leur parti et plus largement de la Gauche. Il paraît inimaginable que l’on puisse soutenir un candidat ou un autre sans que l’on examine lucidement le bilan (s’il est sortant) et ses propositions (s’il souhaite accède à une fonction). Malheureusement comme c’est sur la base du refus que se déterminent les électrices et les électeurs et plus sur le concept de l’adhésion à des valeurs et à leur expression concrète, il y a fort à craindre que ce ne soit encore qu’une guerre des roses personnelles qui se présente.

Le constat est tout de même là : tous les candidats potentiels aux élections législatives dans le milieu rural ou périurbain doivent s’inquiéter de la déliquescence du parti qui doit les accompagner. Il sera difficile d’avoir des colleurs d’affiches ou des distributeurs de tracts ou de programmes sur les bases actuelles de l’engagement militant. Ce paramètre devrait au moins inquiéter les « votants » internes s’il ouvre la page « inventaire » à la colonne PS ! Ce n’est pas encore le cas puisque toutes les prises de parole justifient les errements du quinquennat.

Si l’on regarde les décisions accumulées sur les collectivités territoriales par exemple. On constate que les réformes ont détruit le réseau né de la décentralisation au nom d’illusoires économies de gestion. Les régions taille XXL ne savent pas se sortir des réalités des transferts de compétences. Elles abandonnent déjà toutes les politiques de proximité en matière de développement économique et rétrocèdent par convention les transports aux départements. Les régions encore à gauche sont désormais tributaires des négociations menées entre l’ARF et les gouvernements qui vont arriver. En attendant toutes rament pour fédérer, harmoniser et construire dans les domaines relevant de leurs prérogatives antérieures. Elles sont devenues des armées mexicaines avec l’empilage des structures fusionnées et elles mettront au moins une décennie avant de voir les premiers effets de la loi.

Pour les intercommunalités, c’est de l’avis de tous les observateurs, un champ de ruines issu de la guerre des périmètres. Là encore la complexité de la répartition des charges et des recettes va paralyser l’action publique et surtout rendre les gouvernances compliquées… Quant aux départements ils rament pour simplement faire face à leurs dépenses sociales imposées par l’État ! Privés de ressources (pas de suppression de la contribution au déficit public contrairement au bloc communal, restes à charge des AIS non compensés…) ils vont droit dans le mur… et il sera aisé d’annoncer leur suppression. Le droit d’inventaire permet d’affirmer qu’en 2017 la situation de la France décentralisée est nettement plus faible que celle laissée après les réformes positives de l’acte II en 2005 !

Si l’on compare objectivement la situation laissée par le gouvernement Jospin et celle que laissera celui de Manuel Valls il n’est pas certain que la comparaison soit très rassurante avant les prochaines législatives. Le 9 avril 1995 le premier ministre d’alors avait résumé parfaitement les années Mitterrand » avec ce constat : « Ce bilan est bon quand nous sommes restés fidèles à nos valeurs. Il l’est moins quand nous nous en sommes éloignés.» Pas certain que ce ne soit pas identique après 5 ans hollandais !

Cette publication a un commentaire

  1. bernadette

    Bonjour,
    Au vu de la complexité de la gestion et à la crise politique qui sévit dans le pays, l’abstention sera massive en 2017.
    Le militantisme des divers partis politiques l’aura voulu.
    Le copié/collé américain fonctionne. (Primaires)
    Non la France n’a jamais connu, cela.

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