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Chaque jour les partis historiques courent à leur perte

Les élections présidentielles ressemblent étrangement à un avis d’obsèques. Les principaux leaders de la politique nationale peuvent inscrire leurs noms les uns sous les autres avec la mention : « vous invitent le dimanche 23 avril à célébrer la mort de leur parti ». la cérémonie se fera sans fleurs, sans drapeaux et sans couronne sauf pour celui qui survivra ! En revanche seront accepté tous les dons en voix pour la lutte contre la longue maladie attaquant le corps social ! Le paysage politique simple et contrasté n’existe plus.

Il y aura d’abord celles et ceux qu seront dans le coma artificiel provoqué par la faiblesse, l’absence ou la disparition de leur candidat(e) avant même l’analyse du premier tour. Le PC, PRG, EE-LV, le NPA, Lutte ouvrière qui ont eu au cours des campagnes précédentes une visibilité certes espacées mais très importante pour leur survie, vont la perdre. Partout le militantisme fout le camp et donc ils ne peuvent pas espérer recruter des forces nouvelles durant une période qui offre l’avantage de mobiliser les énergies des convaincus ! Pour eux il leur sera extrêmement difficile de se relancer courant mais pour les législatives surtout si c’est Macron la fin du pouvoir antérieur des partis de gauche. Le score de Jean-Luc Mélenchon ne lui permettra pas non plus de transformer « La France insoumise » en organisation structurée et efficace surtout que son maintien (justifié ou injustifié selon les appréciations?) aura créé une crise de confiance dans sa capacité à faire vivre une cause commune.

Que restera-t-il du PS qui s’est noyé dans des primaires contestées par les militants et les dirigeants actuellement au pouvoir ? Il avait été vidé d’une bonne part de ses forces (on sait pourtant maintenant de manière certaine combien il y a d’adhérent-e-s ayant acquitté leur cotisation en 2016) mais personne ne veut le reconnaître. Les perdants de la primaire ayant fait valoir leur droit de retrait on est dans une situation inédite avec des organisations parallèles qui se mettent en place comme l’avait été « Désir d’avenir » pour la candidature de Ségolène royal. Avec un euro, n’importe quelle personne ayant simplement fermé les yeux sur l’engagement à signer a pu voter et donc décider l’orientation du PS. A quoi sert d’adhérer ?

Sur le bureau de vote que j’ai tenu au premier et au second tour des primaires près de 800 personnes différentes sont venues s’exprimer dont une petite trentaine pouvait montrer une carte avec le poing et la Rose. Il y en a eu une douzaine qui n’avait plus ce symbole d’une adhésion ce qui fait si l’on est optimiste moins de 5 % des votants. Il y a peu d’adhésion parmi les 700 autres à envisager surtout que tout va être fait pour les en dissuader. Il faut pourtant absolument les mobiliser… et les défections à répétition, les refus de voir leur vote majoritaire respecté par des « fans » déçus, des choix de candidat(e)s aux législatives critiqués rendent cette mission impossible ! Les départs de leaders charismatiques avant ou après les échéances électorales vont aussi accentuer l’évaporation du militantisme à mi-mandat des municipales !

L’es-UMP disloquée par l’affaire Fillon fait contre mauvaise fortune (provisoire) la meilleur figure possible. Il existe de forts courants sous-marins qui finiront par disperser les fédérations ou les comités de circonscription. Les électrices et les électeurs ayant porté Fillon vers la victoire appartiennent à des cercles extrémistes, spécialisés, réactionnaires qui se situent hors du parti LR et qui qui n’y entreront jamais. Les figures de proue actuelles (Juppé, Sarkozy, Fillon) n’auront plus d’attrait d’autant que les battus expliqueront à leurs troupes qu’ils ont perdu pour avoir tablé seulement sur le réseau partisan. Nombreux étaient les observateurs avisés qui clamaient « Sarkozy gagnera car il maîtrise le parti ! » et ils se sont lourdement trompés.

La montée de Macron s’explique surtout parce qu’il a su fédérer grâce à une discours incolore, inodore et sans saveur les déçus d’un parti ou d’un autre… il se retrouve dans ce qu’ils pensent informel, spontanéiste, dégagé des contingences partisanes. Sauf que vient d’arriver François Bayrou qui tente de faire croire qu’il est de nulle part. Il a tiré lourdement à boulets « blancs » sur Fillon, coupant ainsi son nouveau poulain de toute alliance au second tour avec cette France moins réactionnaire que le reste des soutiens et sur la Gauche il ne peut espérer retrouver que les

socialistes loyaux.

Rien n’est mieux chez Le Pen et Cie oùle torchon brûle sur la stratégie en cours de déradicalisation conduite par les dirigeants actuels. La nièce attend son heure pour régler ses comptes et se préparer pour la prochaine échéance. « Papa » ne dit rien mais n’en pense pas moins. Les municipalités conquises traversent des crises graves avec une fuite des soutiens. Il y aura une contre-révolution au FN après les législatives et des mouvements imprévisibles se produiront. En jamais jamais la France retrouvera une répartition politique similaire à celle de la fin du siècle précédent. Ne pas le prévoir c’est se préparer à de graves désillusions !

Cet article a 8 commentaires

  1. J.J.

    Analyse claire de la situation, mais pas optimiste ce matin , Jean Marie !

    Et il n’y a pas guère lieu de l’être.

  2. LAVIGNE Maria

    Analyse claire en effet ! Comment en est-ton arrivés là ? Les partis ont été composés en très grande partie de personnes qui ont constitué les appareils durant toute le vie, qui s’accrochent encore, qui ne représentent que leur intérêt propre, leur ambition, sans jamais avoir partagé une seule journée la vie d’un salarié, d’un précaire. Une grande partie des adhérents des partis ont été et sont encore des obligés, doivent leur travail, leur logement à l’élu tout puissant. Tant que tout cela perdurera, je crains que, même un grand ménage de printemps, ne suffise à faire bouger les choses.

    1. bernadette

      @bonjour Maria,

      Oui l’elu devrait partager pour connaitre le quotidien du salarie, precaire et de tous ceux qui forment les forces de l’economie.
      Le probleme qu’ont les elus est la hierarchie des normes dont le plus haut sommet est la constitution et tout son contenant.
      Fallait il vraiment aller avant cette constitution voir le religieux et l’Environnement ?

      Bien à vous Maria

  3. LEON

    Quelques phrases rendent un son bizarre dans ce que vous écrivez : Sur Mélenchon  » son maintien (justifié ou injustifié selon les appréciations?) aura créé une crise de confiance dans sa capacité à faire vivre une cause commune ». La cause est en effet commune; tout a été fait pour en dissimuler l’urgence, pour ramener une pensée qui n’est pas près de devenir caduque aux dimensions partisanes d’un programme électoral de circonstance et du niveau de ceux du siècle dernier que vous avez raison de pointer du doigt. Évoquer pour Macron-le-faussaire un recours possible aux « socialistes loyaux » me fait sursauter quelque peu. Je vois là un oxymore, étant donné que depuis longtemps la loyauté et le PS n’ont pas donné l’impression de faire bon ménage, ni politique le ménage, ni même -parfois- politicien.
    « Jamais la France ne retrouvera une répartition politique similaire à celle du siècle précédent. Ne pas le prévoir c’est se préparer à de graves désillusions ! » Eh oui …
    Mais justement, Mélenchon, sans autre intention que de ne pas laisser se perdre les graines nouvelles que le vent de l’Histoire commençait à porter, a proposé ce programme « l’avenir en commun » qui, tant du point de vue de la profondeur de la pensée que de la méthode d’élaboration, sert, par son contenu cohérent et puissant, ce que vous avez bien raison d’appeler « la cause commune », et ouvre une ère nouvelle. Ce n’est pas un hasard si les faussaires, les hypocrites, les tenants de l’injustice et du pouvoir délétère ou d’un simple strapontin confortable, politique ou médiatique, se sont efforcés de faire taire cette parole, ou de l’orienter vers la polémique de sorte à empêcher l’explication, ou encore de la caricaturer pour obscurcir la pensée de ceux (le peuple) qui auraient pu la défendre eux aussi, ET TOUT DE SUITE, avec conviction -et confiance puisque vous employez le mot. Mais la confiance se construit et sa construction, en politique surtout, passe par l’esprit avant d’atteindre le cœur. Pas de compréhension, pas de confiance quand on entrave de tous côtés l’accès à la culture politique. Cela crée un vide et suscite chez ceux qu’on a trompés le désespoir politique; ils votent alors Lepen ou n’importe qui d’autre s’approchant sous le masque de la nouveauté avec deux ou trois slogans démagogiques. Ou bien ils s’abstiennent se mettant hors jeu. . Oui Mélenchon est et restera dans l’histoire politique de la France comme celui qui a su prévoir pour éviter les « graves désillusions », capable donc de gouverner, puisque gouverner c’est prévoir ! En vous lisant aujourd’hui, m’est venue la pensée que Hamon a raté la marche : puisqu’il n’est pas « socialiste loyal » mais plutôt « frondeur », et qu’il doit sa victoire à des électeurs qui n’étaient pas socialistes (c’est ce que vous dites à propos du bureau que vous présidiez, mais c’est vrai massivement ailleurs), il pouvait s’émanciper du carcan du PS, se montrer « déloyal » jusqu’au bout envers ce parti moribond, mais loyal envers l’Histoire et la façon nouvelle de s’occuper de la « vie de la cité » qui lui était soudain proposée. Il s’est embarqué dans l’étrange mission passéiste de recoller les morceaux du vase de Soissons qu’est devenu le PS, afin qu’on oublie le ou les responsables de la casse ; HAMON DEVAIT REJOINDRE MELENCHON, non pour une affaire d’ego de part et d’autre, mais bien au delà, pour de réelles et profondes raisons historiques. Quel élan formidable ils auraient créé !

    1. LEON

      Monsieur Harlé, vous écrivez que les deux forces se divisent sur des questions secondaires. Hélas, ce qui est « secondaire » peut facilement se discuter. Mais ce qui est « fondamental » ne le peut pas. Ce n’est pas secondaire de ne pas s’engager à rediscuter les traités budgétaires européens qui nous étranglent depuis longtemps au profit de la bulle financière. Vous appelez « force et menace » ce qui est « fermeté et détermination » en particulier sur ce point. Je ne nie pas les « concertation et tentatives de conviction » de Hamon, encore que ses réponses à Mélenchon trainent beaucoup les pieds… si je puis dire. Vous écrivez à la fin de votre commentaire : « … devra transformer ce camp en mouvement politique d’une forme nouvelle à inventer et en y associant les citoyens ». C’est exactement ce qu’a fait Mélenchon depuis qu’il a quitté le PS : un mouvement d’une forme nouvelle qui associe étroitement les citoyens aux décisions prises et à l’écriture du programme « l’avenir en commun » qui intègre 3000 propositions remontées de la base. Et cela reste le principe de fonctionnement puisque c’est une Assemblée CONSTITUANTE qui doit écrire la Constitution de la 6e République, et non une poignée d’élus qui la proposeraient d’en haut au bon peuple. Ce n’est pas après l’éventuelle victoire qu’il s’agira de « transformer ce camp en mouvement », etc. C’est AVANT que Hamon aurait dû faire cela, au lendemain de sa victoire à la primaire PS. C’est ce que je disais dans mon précédent commentaire. Il avait le loisir et les moyens de lancer ce mouvement tout de suite, au lieu de tenter de maintenir avec lui les débris du PS, ce qui le conduit à revoir son programme en réduction pour leur complaire et les rassurer. Il va devenir de fait leur otage, et s’il le devient c’est peut-être qu’il le veut bien. Relisez la fin de mon commentaire précédent. La raison des difficultés n’est pas chez Mélenchon, elle est là. Et Hamon ne doit pas ignorer que les Insoumis ont assez travaillé au programme qu’ils défendent pour voir clair. Ils ne se laisseront pas berner par des à peu près ambigus, ni par l’apparence de la concertation, ni même par la peur des épouvantails du 2e tour. La peur ne les empêchent plus de penser. Croyez bien que je regrette cette occasion manquée par Hamon, car elle signale non pas une avancée vers le « mouvement  » dont vous parlez, mais une régression dans les ornières des combines de partis. Merci de m’avoir permis d’aiguiser un peu plus ma réflexion sur cette affaire préoccupante.

  4. bernadette

    @ bonsoir,

    Ce que je cherche est une pluralité de l’offre de soins. La médecine de comptoir ça suffit. Puisque les droits de l’homme et du citoyen soutend une meilleure offre de soins, il serait bien que certaines médecines parallèles fassent l’objet d’une étude et soient pris en charge par la sécu. C’Est humain.

  5. bernadette

    La prevention de la grippe aviaire demande l’abattage de toutes les volailles atteint par le virus (normes).
    A cet effet, je trouve abusif d’en faire supporter les effets a la MSA.
    Il doit y avoir une solution autre Que l’abattage.
    La MSA n’est pas fait pour soigner « la crise »

  6. Edmond Harlé

    La vie politique n’a jamais paru aussi confuse. Par contre, le choix qui s’annonce pour la présidentielle est clair. Il y a 4 camps bien délimités mais dans lesquels la majorité des citoyens ne savent pas où se situer, d’où la volatilité des intentions de vote.
    IL y a la droite libérale pour l’économie, profondément anti-sociale, type Thatcher, avec Fillon, qui ne rêve sur d’un retour au XIXème siècle.
    la droite extrême anti démocrate, antisociale, anti humaniste, même si elle se veut proche du peuple, comme autrefois Mussolini ou Hitler, elle est en fait profondément libérale en économie. Elle utilise les peurs pour détruire la République, les valeurs humanistes et le contrat social fondé sur l’égalité et le respect.
    Il y une troisième droite, qui n’a rien de centriste, avec Macron : elle associe un libéralisme économique financier extrême qui veut détruire le code du travail et soumettre la France aux règles d’une mondialisation anti-humaine qui provoquerait un retour aux conditions de travail du XIXème siècle.
    Ces deux dernière droites ont aussi en commun de fonder leur politique sur un postulat faux : le progrès social, les droits sociaux, la solidarité seraient des « charges » qui provoqueraient le chômage et al crise économique alors que c’est la remise en cause du progrès social qui est la cause du chômage et du marasme économiques de toute l’Europe.
    les 3 droites ont des agents de la régression sociale
    Il y a enfin deux gauches qui en fait se divisent sur 2 choses secondaires : la confiance entre elles sur la politique à conduire par le futur gouvernement et les moyens de changer la politique européenne : force et menace pour Mélanchon, concertation et tentatives de convictions pour Hamon.
    Ces deux forces réunies seraient la première force aujourd’hui. Ce qui les réunit c’est la volonté de réinventer le progrès social comme solution à la crise et à l’emploi.C’est possible. Si ce camps gagne la présidentielle,ce qui est possible, le premier ministre devra transformé ce camps en mouvement politique d’une forme nouvelle à inventer et en y associant les citoyens.
    Edmond Harlé

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