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Les primaires ont eu l’effet devastateur de bombes à fragmentation

Il va falloir qu’un jour je me fasse expliquer par un éminent politologue (Jean Peteaux que par exemple j’ai connu avec du duvet au menton) quelle est l’utilité des primaires ! Il y en a eu trois : l’une à droite et deux autres avec des parties de la gauche. Si l’on demande à Juppé, Sarkozy, Valls, Peillon, Duflot ils vous affirmeront que ce processus ressemble au chamboule-tout des kermesses paroissiales où tous les participants viennent pour s’offrir la tronche des gens trop sûrs de leur place sur l’étagère. En fait c’est à peu près politiquement du même niveau mai qui osera dire qu’elles auront été sans aucun intérêt puisque elles ont débouché sur le plus grand gâchis de la vie publique française pour le plus grand bonheur du FN.

D’abord il y a toutes celles et tous ceux qui tenants de la gauche sont venus voter à droite en signant un engagement sans aucun scrupule pour se payer le plaisir de chasser l’un ou l’autre et surtout sans se rendre compte qu’ils favorisaient en fait la victoire du représentant de la France la plus réactionnaire. On évalue à 800 000 ces ambidextres du bulletin de vote ! Quelle valeur accorder à la désignation d’un Fillon qui se révèle maintenant une planche pourrie quelques semaines après avoir triomphé en donnant des leçons de morale et d’éthique à deux adversaires ayant eu maille à partie avec la justice. Ce fut une belle primaire avec un nombre considérable de cocus qui ne veulent absolument pas le reconnaître même s’ils ne passent plus à toutes les portes. On prétend même qu’ils seront nombreux à se rendre dimanche au Trocadéro transformée arène pour admirer le sacrifice de Saint François et Sainte Pénélope livrés aux lions avides de sang de la justice ! Il leur en aura coûté 4 euros pour avoir le droit de participer à la désignation d’un candidat que maintenant ses concurrents rejettent et que ses supporters ayant une principauté à défendre abandonnent… Une mascarade qui dissimule un immeuble LR en ruines !

Chez les Verts ce fut pire. En fait le seul objet du tri effectué par les militants vient d’apparaître au grand jour : négocier des places pour les potes aux législatives ! A quoi d’autre aura servi ces primaires sauf à éliminer Duflot pour ensuite choisir un candidat qui n’avait ni les moyens financiers, ni le réseau, ni les signatures pour se présenter ! Peut-on m’expliquer ce qu’a apporté cette élection séparée de celle du PS en dehors d’une stratégie décalée pour arracher des avantages chez les socialistes ? Un léger rapport de forces a ainsi été créé mais sans utilité réelle pour le résultat des présidentielles ! Les dégats seront supérieurs au maigre bénéfice !

La belle alliance populaire a été encore meilleure. Sa primaire a d’abord servi à envoyer à la retraite le Président sortant… Ses amis qui ne lui voulaient que du mal mais qui bien entendu n’étaient pas frondeurs pour un sou, l’ont lentement pris dans la nasse du passage par un scrutin forcément défavorable. Lucidement Macron a contourné en amont le piège dans lequel par ambition démesurée Valls est tombé ! Cet égo surdimensionné lui a valu un échec qu’il juge avec ses amis bien placés et bien pensants comme injuste et qu’il veut venger !  En fait avant même que se déroulent les primaires ils étaient déjà certains qu’ils n’en respecteraient pas le verdict et ils l’avaient annoncé. Le pouvoir au PS est le leur et uniquement le leur ! Ils préfèrent dominer un cimetière des valeurs socialistes que le laisser exploiter par les autres !  Ils savent que pour le récupérer il faudra étrangler à petit feu le vainqueur en lui laissant l’impression qu’il est le maître du jeu. Le mouvement s’accélère… On se hâte lentement, on multiplie les peaux de banane, on creuse des trous dans la coque du navire, on critique ouvertement la route choisie, on saute subrepticement dans les canots de sauvetage, on s’arme en cachette, on se planque mais surtout on ne respecte absolument pas le choix des participant(e)s aux primaires parés de tous les vices dont celui d’être des frondeurs écervelés.

Cette primaire de gauche a été un fiasco complet puisque aucun des participants n’a respecté ensuite sa parole et ses engagements. Le PS avait mis des critères de représentativité pour écarter un certain nombre de prétendants à une exposition médiatique utile pour leur réélection. Sauf que pour les autres (Bennahmias, de Rugy, Pinel) rien n’était imposé si ce n’est une lettre de recommandation et d’auto désignation ! Ils ont juré devant la Haute autorité de respecter le résultat… d’un débat qui leur a seulement permis (vu leur score!) de s’offrir gratos une belle publicité (aucun d’eux n’aurait eu les signatures pour pouvoir candidater). Affaire faite, de Rugy a renié son serment et il est parti chez Macron, le PRG réfléchit mais va en faire autant et Bennahmias attend une offre intéressante pour rentabiliser son quart d’heure de célébrité offert par le PS.

Il me faut au moins un politologue pour m’expliquer quel est l’intérêt de ce système venu des « States » qui vire au pièges à cons ! C’est un fiasco complet n’ayant servi à encore plus fragmenter, parcelliser, désintégrer le brin d’unité qui pouvait encore exister dans le camp des organisateurs. Les primaires sont des bombes à fragmentation politique que j’ai toujours condamnées et que je condamne plus que jamais !

Cet article a 7 commentaires

  1. Puig

    Bonjour
    voilà pourquoi Jean Luc Mélenchon a toujours refusé de participer à cette mascarade de démocratie que l’on appelle « primaire » et qui nous vient des USA qui n’est vraiment pas un modèle pour nous! Le livre d’Alexis Corbière sur le sujet du piège de la primaire est intéressant à lire.
    Cordialement.

  2. faconjf

    Bonjour,
    je vais tenter de sortir des limbes Antonio Gramski arrêté par les fascistes le 8 novembre 1926 et condamné pour conspiration. À cette occasion, le procureur fasciste déclare : « Nous devons empêcher ce cerveau de fonctionner pendant vingt ans ». Gramski est mort dans les geôles fascistes le 27 avril 1937. Antonio Gramsci a défini la crise par la célèbre citation : « La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés ».
    La vision fournie par Gramski de la société capitaliste est un état dirigé par la force et le consentement. L’État ne doit pas être compris comme le seul gouvernement, Gramsci distingue deux grandes parties : la « société politique », lieu des institutions politiques et du contrôle constitutionnel-légal (la police, l’armée, la justice) ; la « société civile », lieu des institutions culturelles (l’université, les intellectuels) qui diffusent l’idéologie explicite ou implicite de l’État, dont le but est d’obtenir l’adhésion sur des valeurs admises par la majorité. La première est régie par la force, la seconde par le consentement. Gramsci précise cependant que cette distinction est avant tout conceptuelle et que les deux sphères se recoupent souvent.
    La crise que nous connaissons ( en fait un faisceau convergent de crises) matérialise sous nos yeux la fin d’un monde. Le nouveau n’arrive pas à naître et nous sommes en présence du clair-obscur ou surgissent les monstres.
    Le jeu de massacre des primaires est une tentative de manipulation par la société civile qui espérait le consentement d’un choix « raisonnable ». C’était méconnaitre l’usure du vieux monde et la réaction de rejet des « élites » par une fraction des électeurs. Les motivations de ces électeurs « électrons libres ou télécommandés » ce sont agrégées sous la forme de sortons les sortants. Le vieux monde est déjà passablement ébranlé partout sur la planète, personne ne peut dire quand et comment il disparaitra ni par qui et ni par quoi il sera remplacé. En attendant nous assistons déjà à l’apparition des monstres.
    On attribue à Gramsci la phrase : « Il faut allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté », quelle belle devise!!
    Salutations républicaines

  3. Georges SIMARD

    «Les primaires sont des bombes à fragmentation politique que j’ai toujours condamnées et que je condamne plus que jamais !»
    Merci Jean-Marie Damian pour ce constat. Effectivement les primaires sont un outil de «l’appareil idéologique d’état» importé progressivement par l’AMGOT-CIA depuis 1968. Le stade Charléty en fut un des incubateurs.
    Rien d’étonnant donc à ce que Cohn Bendit en soit un des plus fervents propagandistes.
    Pour mémoire, je voudrais rappeler ici un extrait du livre « Le Hareng de Bismark » publié en septembre 2009 :
    «Les mauvais exemples américains et italiens
    Je signale que les innombrables références au système américains s’accompagnent toutes d’un voile d’ignorance volontaire très troublant. Aux Etats Unis le système des primaires commence par la marginalisation des partis de gauche. Mais combien savent qu’il n’y a pas que deux candidats aux USA. Tous les autres sont effacés du tableau du fait même des primaires. A commencer par le candidat socialiste. Ces primaires fonctionnent de plus comme l’antichambre obligée où se bousculent tous les lobbies, carnet de chèques en main. Ils se remboursent ensuite sur la bête victorieuse, corrompant en profondeur l’esprit public nord américain et davantage encore celui de ses élites dirigeantes. Bonjour la modernité ! Un exemple plus proche peut-être également plus facilement analysé. C’est celui de l’Italie. Un concentré de désastre. Les primaires ont conduit à la fois à la liquidation de la gauche, dissoute dans un « parti démocrate » récusant l’étiquette de gauche, et à la plus lamentable défaite électorale de la gauche contre Berlusconi. Pour ne dire que cela. Pourquoi en irait-il autrement en France ? Déjà bien des analystes ont largement démontré que les primaires invalident l’existence même d’une structure de Parti. A quoi bon en effet un parti quand un club d’affidés et un bon budget de communication suffisent pour mener la partie décisive. Au contraire, un parti,  avec ses rythmes lents de décisions, ses structure collectives, ses obligations de  mémoire, ses liens aux syndicats et associations, est un handicap majeur pour mener la guerre de guérilla médiatique, la course aux effets émotifs et tout ce qui va avec l’ultra personnalisation de la politique qu’implique une primaire. Je n’en évoque pas davantage à ce propos parce que le cœur de mon raisonnement à cet instant vise seulement à montrer comment le moyen choisi pour régler les problèmes que ce système prétend affronter les aggrave au contraire.»

    Autre citation plus récente du même camarade Mélenchon :
    «La primaire de gauche sera une machine à disloquer le PS» (1er décembre 2016)

    J’espère sincèrement que J-M. Damian tirera rapidement la conclusion qui s’impose à sa conscience !
    Avec les salutation fraternelles d’un vieux « stalinien » !

  4. Sylvain Bahlia

    Les primaires sont d’abord une machine à détruire les partis. En ce sens elles parachèvent ce que voulait De Gaulle avec les institutions de la Vème République et l’élection du Président de la République au suffrage universel, « au-dessus des partis ». Le sauveur suprême disparu, les héritiers se sont vautrés dans ces institutions, Giscard.. et Mitterrand. Le pourrissement des institutions de la Vème entraine tout ce petit monde politicien dans l’abime. Dur dur. Car se jeter dans les bras des institutions, c’était aussi se jeter dans les bras de la classe bourgeoise dominante au pouvoir et du capitalisme (horreur, désolé de faire frémir les « modernes », je parle comme un passéiste marxisant). Et épouser les thèses du capitalisme (il n’y aurait pas d’autre issue que de l’améliorer), les travers de la bourgeoisie corrompue, son combat anti-ouvrier, c’est passer de l’autre côté de la barrière. Le PCF a bien aidé le PS dans cette descente aux enfers, cachée par l’ivresse du pouvoir. Enfin la gauche gouvernait … mais au compte de qui ? Le PCF abandonnant la classe ouvrière et la lutte des classes pour la même ivresse (même passagère au sommet, et pour d’autres raisons aussi depuis 1989 et du fait du stalinisme qu’il a confondu avec le socialisme) a aussi fortement payé la note.
    Un politologue ? Deux.. trois … ? Pour paraphraser Marx (vous allez encore frémir) « les politologues n’ont fait que commenter le monde, il s’agit de le changer ».
    Je suis donc d’accord avec Faconjf « la crise que nous connaissons matérialise sous nos yeux la fin d’un monde ». Et du chaos souhaitons que naisse la lumière. Et engageons nous pour aider à cela.

  5. LAVIGNE Maria

    Finalement, n’est-il pas urgent de passer à la 6ème République, de donner le pouvoir au parlement qui représente le peuple, de revoir tout de fond en comble ? Le printemps est là et un grand ménage s’impose !

  6. Gars Sensrang

    Cet article et les commentaires ci-dessus illustrent très bien ce qu’il vient de se passer en France lors des primaires.
    Comment quand des individus se sont opposés avec leurs arguments personnels pendant les primaires peuvent-ils ensuite se retrouver collectivement et en tenant compte de l’avis des citoyens pendant la campagne, l’élection et la suite ?
    On vient de voir aussi que les partis sont court-circuités par ces primaires et que surtout les citoyens sont « oubliés » par les individualités qui prétendent détenir la « Vérité ».
    La démarche qui consiste à proposer aux citoyens de construire collectivement l’organisation, le mode de décision, le programme, les priorités, etc, paraît plus respectueuse et plus à l’écoute des souhaits des citoyens volontaires. J’espère que cette démarche insoumise portera de belles fleurs au printemps, de beaux fruits en été et très longtemps.

  7. Didstat

    Que de certitudes ! Je crois qu’avant tout il faut rester modeste. C’est vrai qu’il est probable qu’aucun des gagnants des primaires ne soit président, contrairement à 2012.
    Il faut donc s’interroger sur la pertinence d’organiser les primaires d’un parti quand le représentant de ce parti est en place. Mais surtout, il est possible qu’il faille un peu de temps pour que les citoyens apprivoisent cette nouvelle procédure.
    Il serait étonnant que trop de démocratie nuise.

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