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Un débat sans grande incidence politique

Chaque supporteur voit dans un débat télévisé ce qu’il veut bien voir et entend ce qu’il veut bien entendre… Il part se coucher avec la certitude que tout le monde a vu et entendu la même chose que lui et que son (sa) favori (te) a largement écrasé les autres ou au moins que ces derniers ont été très mauvais(e). En partageant un temps de paroles restreint à cinq il est pourtant difficile de savoir avec certitude quel est celui qui a été globalement le plus convaincant pour les téléspectateurs n’ayant pas une idée tout faite ou acquis un prêt à porter idéologique. Les indécis ont-ils eu la patience de suivre un saucissonnage accéléré de ce qui devrait être une vision globale de la politique ?

François Fillon atone et résigné a fait l’impasse sur cette soirée. Il sait que son socle actuel est assuré et qu’il n’a rien à gagner d’une vraie confrontation avec les autres. Il a reçu au moins du demi-douzaine de fois une approbation de ses positions par son voisin ni de droite… ni de gauche ! Difficile de ne pas vérifier que la différence entre Emmanuel Macron et lui ne constitue pas un fossé infranchissable pour un futur gouvernement d’union nationale autour de François Bayrou. Un seul accrochage formel : doit-on supprimer la référence aux 35 heures avant la discussion entre els partenaires sociaux dans les entreprises ou les branches ? Fillon a le moral dans les chaussettes qu’il a pu espérons le se payer ! Personne n’a reconnu le fier hobereau sarthois des primaires qui guerroyait flamberge au vent face aux « vilains » Juppé et Sarkozy ! Il est certain que devant leur télé les extrémistes réactionnaires qui le soutiennent ont du le trouver bien pâle ! Rien de nouveau ! Rien de vraiment convaincant ! L’ambulance Fillon va paisiblement aux urgences électorales !

Emmanuel Macron a enfin tombé le masque ! Désaccord permanent avec les initiatives ou le programme déroulé par Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon et peu de différence avec les poncifs habituels de la droite ! Piqués au vif par des attaques qu’il jugeait personnelles il a un peu fendu la carapace vernissée qui fait son succès et qui lui permet de faire des prêches bourrés de mots ne mécontentant personne. C’est un théoricien capable de soutenir tout et son contraire de manière brillante mais absolument théorique, fade, incolore, inodore pour être justement acceptable par tout un chacun. On sent bien qu’il est apte à tout justifier le blanc comme le noir, le rose comme le jaune, le vert comme le violet. Il ne souffre pas le rouge c’est la seule certitude que l’on peut avoir ! Le « gendre parfait » a réussi à se présenter comme un jeune homme providentiel « hors système » sans que personne lui pose la seule vraie question  : avec qui compte-t-il gouverner afin d’avoir une majorité à l’Assemblée ? Il faudra attendre les ralliements escomptés d’une partir du PS pour que l’on sache quel sera son premier Ministre ! Il sera classé en tête des plus convaincants puisqu’il offre d’une main et reprend en douce de l’autre !

Dès qu’elle abandonne son « one woman show » appris par cœur la gérante de l’entreprise familiale Le Pen est moins à l’aise. Elle souffre difficilement la contradiction (est-ce une surprise?) et elle a du mal à sortir du catéchisme lepéniste ressassé depuis de longs mois. Ce qui est dans le fond rassurant puisqu’elle ne peut convaincre que celles et ceux qui sont convaincus. En parfaite populiste elle s’affiche simpliste à l’extrême en présentant ses affirmations comme autant de vérités que le reste ne veut pas dire ! Elle joue la carte de la révélation rendant ainsi par ses harangues solitaires celles et ceux qui l’écoutent, persuadés qu’ils ont tout compris à la politique… Elle n’est jamais sorti de des schémas de propagande basique paralysée par l’idée d’un dérapage potentiel… qui il faut le reconnaître n’est jamais venu ! Et dans le fond c’était l’essentiel pour elle ! En ce sens elle n’a pas perdu beaucoup de ses fans qui ont du aller au lit très vite persuadé qu’elle avait simplement raison !

Il reste les frères ennemis de la Gauche. Un Jean-Luc Melenchon avec des postures à la Jaurés (sans la barbe) a incontestablement bien assumé le débat. Sens de la formule, maîtrise parfaite des mots et du verbe, allure un tantinet martiale et surtout un positionnement au cœur du débat. Peu offensif, pas si insoumis que ça, il a canalisé sa fougue intérieure pour décliner des propositions énoncées clairement et surtout calmement. Il aura témoigné de ce brin de condescendance et de suffisance dans ses expressions captées par les caméras qui font toujours penser qu’il se pense investi d’une mission révolutionnaire du style des Montagnards de 1792. Il est meilleur justement dans le face à face, dans le corps à corps. Ce quintet dissonant ne convenait pas trop à sa qualité principale qui demeure son sens de la réplique en s’appuyant sur la question ou en rebondissant sur les affirmations de son vis à vis. Il a émergé sur le forme mais pas toujours sur la fond ce qui lui sera profitable en terme d’image.

Il reste le « David » du débat. Celui qui a donné le sentiment de se débattre au milieu des colosses à l la langue agile. Combatif, soucieux de rester fidèle à ses propositions, synthétique à souhait, efficace, conviancu et donc convaincant Benoît Hamon a joué les Filochard de la bande dessinée tentant de se positionner en candidat de l’avenir puisque le passé récent le freine considérablement dans ses élans. Il s’est faufilé au milieu des flots de mots déversés par un Macron racoleur, un Mélenchonen posture de tribun, une le Pen caricaturale et un Fillon profil bas. Il a osé une vraie saillie contre Macron sur le parti souterrain de l’argent mais il n’est pas certain qu’avec les derniers événements touchant encore une fois un socialiste donneur de leçon cette attaque ait été finalement très positive. Benoît Hamon a parlé de lendemains nouveaux, a abordé les difficultés à venir, a initié des pistes pour le futur quand tous les autres se situaient dans l’immédiateté de mesures présentées comme indispensables. Il a comme ce fut toujours le cas pour Michel Rocard probablement raison trop tôt… Il table sur une vision sociale vraiment révolutionnaire ! Et dans un débat de ce type c’est excessivement compliqué d’être entendu !

Cet article a 6 commentaires

  1. bernadette

    Bonjour,

    « Quel modèle économique pour la France ? »

    Beaucoup de blabla, de discussion, en fait RIEN.

    Salutations

  2. BORDAT

    L’évidence est que Mélenchon devancera Hamon au 1er tour…

  3. Hélène

    et finalement … ? pour qui voter ???

  4. Baillet Gilles

    Franchement, Mélenchon l’a emporté très largement… C’est le seul qui a proposé un programme clair. Mais les sondages donnent Macron qui a pourtant été très flou et mauvais. Le Pen idem. Fillon terne. Et Hamon dépassé.

  5. bernadette

    Ils étaient 5, les plus forts. Il manquait les moins forts c’est à dire 6

  6. Baillet Gilles

    Une pensée à Henri Emmanuelli. Salut au militant et à l’élu qui s’est efforcé d’appliquer ses idées. Le département des Landes est le seul en France à avoir encouragé le passage en régies de l’eau en conseillant et en formant les élus. Résultat: une décennie de procédure avec la Lyonnaise des eaux pour entrave à la concurrence, finalement gagnée…

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