You are currently viewing Malheur à celui qui réclamera un « droit d’inventaire » !

Malheur à celui qui réclamera un « droit d’inventaire » !

Certains, parmi les socialistes les plus anciens, ont en mémoire la prise de position de Lionel Jospin qui se résumait par une formule qui fit sensation : « le droit d’inventaire » . En février 1995, investi par les militants socialistes comme candidat à la future élection présidentielle après le retrait surprise du favori Jacques Delors, l’ancien premier secrétaire du PS lance sa campagne en proposant un « droit d’inventaire » des deux septennats de François Mitterrand qui viennent de s’écouler. Ce fut considéré comme un crime de lèse-majesté par les Mitterrandistes orthodoxes qui ne pouvaient pas admettre un instant que « leur » Président ait pu faire des erreurs durant ses deux septennats.

Tout avait été parfait et Lionel Jospin fut, dans une certaine mesure, le premier »frondeur » du PS ans le savoir. Avouons que 22 ans plus tard il est aussi difficile d’émettre la moindre critique sur le bilan de françois Hollande et d’ailleurs s’il n’a pas pu se représenter devant le peuple c’est la faute à celles et ceux qui n’ont pas assez valorisé son mandat ! Emmanuel Macron, son poulain comme celui d’une bonne centaine de parlementaires qui vont dans le courant de la semaine prochaine le rejoindre, est exempt de tout reproche : lui il a été loyal jusqu’au bout de ses ongles manucurés en menant une politique contraire aux engagements souscrits par son « découvreur » devant les électrices et électeurs de gauche l’ayant lui, élu !

Lionel Jospin a vraiment marqué des points en osant le langage de la vérité. D’ailleurs il arrive en tête au premier tour devant Chirac et réalise une excellente performance au second ce qui lui permettra d’afficher son leadership sur le PS et sur la Gauche en général. Il avait eu raison de dire qu’il y avait eu des « manques » ou des « fautes » durant le règne de François Mitterrand. La leçon n’a pas servie et actuellement personne n’osera entre Macron, Hamon, Mélenchon se lancer dans une demande de « droit d’inventaire ». D’abord parce que bien de celles et ceux qui ont soutenu le Président partant considèrent que leur honneur est atteint par la moindre remarque sur le bilan ! Le seul vrai reproche que l’on pourrait faire au premier Ministre à nouveau candidat en 2002 c’est de ne pas avoir appliqué à lui-même ce qu’il avait prôné pour Mitterrand ! Il se retirera de la vie politique en laissant à croire qu’il assumait son bilan alors qu’il s’agissait là encore d’une absence totale d’analyse d’une période ayant été la meilleur des quarante dernières années. François Hollande parlera « d’accident » électoral comme ce sera fait au soir du premier tour de 2017 ! On accusera les « frondeurs » d’avoir perdu l’élection et on exonérera les « tricheurs » de toute responsabilité et surtout les « collaborateurs » préparant le ralliement à Macron de toute culpabilité !

Le plus bizarre c’est que François Hollande s’est offert 7 ans après le désastre du 21 avril un « droit d’inventaires » (le pluriel est singulier!) dans lequel il taillait le gouvernement Jospin en affirmant que « l’insécurité » et… le « pouvoir d’achat » n’avaient pas été pris en compte ! Il n’hésite pas à expliquer que la multiplicité des candidatures sur la Gauche (Taubira, Chevènement, Mamère, Robert Hue…) était l’une des principales causes du désastre !

Or deux anciens ministres de François Hollande, Emmanuel Macron et Benoît Hamon, sont dans la course, et aucun ne se targue d’avoir siégé au côté du chef de l’Etat. Bien au contraire : Hamon déplore le bilan du quinquennat « qui pèse » sur sa campagne et Macron fait mine d’avoir oublié que la politique économique présidentielle, c’est lui qui l’a mise en place. D’abord comme secrétaire général-adjoint de l’Élysée, où il a été l’architecte du CICE et du Pacte de responsabilité, puis comme ministre de l’Économie… Ensuite lui a un trou de mémoire mais lui, au moins, n’est pas un affreux frondeur il s’est seulement barré au plus mauvais moment du gouvernement rendre les candidatures de Valls et de Hollande impossibles ! Enfin Hamon en proposant une autre vision politique n’est qu’un utopiste à punir pour son audace puisque la seule qui soit en mesure de réussir n’est autre que celle menée par Hollande, Valls et Macron !

En définitive le « droit d’inventaire » c’est tout simplement « une évaluation » objectives des actions conduites et de la concordance entre « promesses » et réalisations »… Mais en France il est quasiment impossible dévaluer sans que ceux qui ont été les acteurs de la politique se sentent offensés ou trahis. C’est ainsi qu’il ne faut jamais être en désaccord sur le fond ! Il est très dur, pour ne pas dire impossible, d’expliquer que tout n’est pas mauvais dans le bilan du Président presque parti mais qu’il y a eu aussi des erreurs expliquant la situation au Parti socialiste. Il faudrait mettre sur bien des professions de foi qui vont servir aux législatives la fameuse phrase de Jaurès : « Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire, c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. «  préparez vous… le spectacle débute dans une semaine !

Cet article a 8 commentaires

  1. Bernadette

    Bonjour,
    Le droit d’inventaire ressemble au droit de préemption communal.
    Pauvre papy de la Charente Maritime, pauvre sans le sous, il n’a même pas le droit de vivre en chasseur cueilleur.
    Bonne journée

  2. Bernadette

    Personne ne s’est soucié de ce pauvre papy avant. Maintenant le comportement de ce pauvre papy est en inadéquation avec les autorités communales.
    L’autorité, c’est l’autorité et quiconque veut en feindre cette loi est passible du tribunal pénal.

  3. LAVIGNE Maria

    Le président élu se croit infaillible et nul n’a le droit de le critiquer, c’est du moins ce que l’on comprend. Moi, citoyenne, j’ai toujours refusé de signer un chèque en blanc pour 7 ans et puis 5 ans.
    Aujourd’hui, je me sens cocufiée, trahie, déconsidérée comme l’ont été ceux qui ont voulu réagir, accepter toutes les couleuvres qu’il a voulu nous faire avaler.
    L’inventaire est déjà fait, sinon pourquoi tant d’électeurs refusent ils de voter pour un PS malade, à l’agonie car les lentes dérives, les renoncements répétés, l’ont amené au bord du gouffre. Ceux qui ont résisté méritent d’être salués car quitter la maison est toujours douloureux. Oui, le courage c’est de chercher la vérité et de la dire… et d’en tirer les conséquences

  4. MOUNIC

    Comment ce peuple ignorant
    a-t-il voter pour un sanguinaire

    1. Bernadette

      Le droit du sol n’est pas le droit du sang. Jospin n’est pas un sanguinaire, il n’à tué personne. Il a simplement empêché la classe moyenne de vivre équitablement.

  5. Sanz

    Merci pour ce rappel des propos de Jaurès.
    Le courage de la vérité, c’est aussi, le titre d’un livre de Michel Foucault, sous titré « Le gouvernement de soi et des autres » (Cours au Collège de France. 1984). Il y développe quatre modes de véridictions, qui impliquent pour chaque, des personnages, des modes de parole et des domaines, tous différents et spécifiques. Passionnant pour tenter d’approcher ce qui peut être pris pour vrai, ou bien ce qui est considéré comme vrai.
    Revenant aux prochaines élections présidentielles, quelques soient les vérités résultant des programmes politiques d’hier, je veux tenter de résister tant bien que mal à la rancœur. La rancune ne fait pas progresser. Ne pas porter un poids de plus. Chercher à délester les dégâts, non pas ceux d’hier (ils ont été faits), mais ceux de demain, pour après-demain, pour anticiper autant que faire se peut, un avenir viable et enviable. C’est pourquoi, résistante malgré mes maigres forces, j’en tire la conséquence personnelle de considérer les propos et non la couleur politique du candidat. Voilà le document qui, à ce jour, m’accompagne (consultable ici : https://www.benoithamon2017.fr/wp-content/uploads/2017/03/projet-web1.pdf ).
    Dans le contexte international qui est le nôtre, pour qui que ce soit, fut-il président de la République, le chemin est sans nul doute escarpé. Prendre le chemin. Voilà ce qu’enseignent les propositions du candidat qui a retenu mon attention. C’est tout ce que je veux retenir de lui.
    Cordialement

    1. Sanz

      erratum :
      Il faut lire : j’en tire la conséquence personnelle de considérer les propos actuels du candidat et non les déceptions ressassées qui sont associées au parti politique auquel il appartient.

    2. Bernadette

      @sanz Bonsoir,

      Que l’internationaliste soit, à mon sens, il n’est pas question de placer notre pays, nos régions, nos départements, nos communes dans une mondialisation économique incompréhensible.
      Le Maire, le conseiller général et même la Région représentent l’État.
      Ce qu’il se passe c’est que l’État annexe les contribuables à diviser leur champ pour vivre ensemble, ce qui est pour moi impossible parce que chacun de nous a besoin d’espace et de plus c’est un fiasco autoritaire.

      Salutations républicaines

Laisser un commentaire