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Le Tour : d’abord une vraie pompe à fric justifiant tous les excès

Quoi qu’on en disent ses détracteurs le cyclisme sur le Tour de France demeure un sport exigeant. Certes son image globale a été singulièrement altérée par des affaires, des scandales et des compromissions logiquement démultipliés par un système médiatique très regardant avides de jeter à bas de leur « pédalier » les idoles qu’il avait créées puis hâtivement encensés. Le dopage qui a souvent été présenté comme l’apanage de deux activités sportives (le vélo et l’athlétisme) a des origines strictement économique. La soif de notoriété a toujours été personnelle mais il n’est pas vain de rappeler que derrière chaque victoire, chaque exploit, chaque envolée spectaculaire on trouve depuis des décennies la pression constante du milieu économique.

En fait l’investissement dans une équipe n’a rien de la mesure philanthropique et donc elle doit pouvoir être quantifiée par des heures d’exposition d’une marque, par des citations ressassées d’une marque ou par une image valorisée par des exploits médiatisables. Le coureur prêt à tout pour justifier ses primes, ses gains, ses contrats se laisse tenter par des dispositifs artificiels dans un contexte de complicité flagrante entre de nombreux partenaires ayant intérêt lié. On assiste donc souvent au pire puisqu’une étape remportée, par exemple sur le Tour, constitue vraiment un retour sur investissement exceptionnel.

Plus de 2 000 journalistes accrédités suivent la grande boucle. Il faut 60 kilomètres de câbles pour mettre en réseau tous les postes des commentateurs de télévision. La diffusion en direct ou en différé s’effectue sur 190 pays différents. Le chiffre d’affaires du Tour pour la société organisatrice est estimé à 150 millions d’euros. Parmi les clients du Tour les plus rentables, figurent les chaînes de télévision qui payent très chers les droits de retransmission de la compétition cycliste. A titre d’exemple, France Télévision débourse chaque année près de 24 millions d’€ (redevance publique) à ASO pour diffuser le Tour.

Les villes qui accueillent une étape du Tour, que ce soit pour un départ, une arrivée ou les deux, doivent aussi payer un forfait à l’organisation du Tour de France. Pour une ville qui sera ligne de départ d’une étape, le forfait est d’environ 60 000 euros. Une ville qui reçoit la fin d’une étape doit payer 110 000 euros aux organisateurs. Il faut y ajouter tous les frais indirects (personnel, réfection voirie, sécurité). ASO loue la voirie empruntée et peut donc imposer librement les occultaions de publicités normales et par contre mettre en place celle qui lui est propre.

Malgré la contribution forfaitaire élevée que doivent payer les communes accueillant une étape du Tour de France, l’événement sportif est une source financière très importante. La ville qui a l’honneur de donner le grand départ du Tour accueille automatiquement plus de touristes dans les jours précédents le départ que parfois durant toute l’année. Les retombées avoisinent les 15 à 20 millions d’euros. A titre d’exemple, précise-t-il, tous les hôtels et gîtes sont complets depuis plusieurs mois quelques fois dans un rayon de 50 kilomètres car il faut loger 4 500 personnes constituant la totalité de cette immenses caravane qui se déplace quotidiennement.

Le Tour étant diffusé dans 190 pays, les communes mettent en avant leur patrimoine et se servent du Tour comme une publicité pour les touristes du monde entier avec des retombées qui durent parfois dans le temps (surtout pour les stations de ski qui se battent pour arracher une arrivée sur leur territoire). La course devient parfois un alibi pour ce business exceptionnellement rentable.Ainsi pour la première fois, la totalité de la course sera retransmise en direct. Derrière l’écran, quelque 500 personnes travaillent pour les équipes de production et la zone technique d’arrivée s’assimile à une immense fourmilière. Les 5000 m2 du site abritent 120 camions qui sont de plus en plus géants et sophistiqués. L’impact sportif de la retransmission intégrale (105 heures de direct) tend à provoquer souvent de longues échappées pour « montrer le maillot » et avoir un temps exceptionnel d’exposition médiatique. Personne ne peut lutter en terme d’audience. La troisième étape du tour a été suivie lundi par 1.768.000 personnes, soit 18,8 % du public alors que la veille, le rendez-vous des passionnés du cyclisme sur France 2 avait convaincu 3.370.000 personnes, soit 26.2 % de part de marché.

Un abandon peut devenir rentable s’il est bine mis en scène. Une chute générale sera aussi profitable qu’une longue procession du peloton. Il faut cependant avouer que, par exemple l’exclusion vraiment mérité de Sagan, va priver ses annonceurs dans les jours prochains d’une belle publicité, même si son geste indigne va avoir des effets profitables sur le nombre de fois où sa marque titre sera citée. Dans le fond le Tour se suffit à lui-même… quant aux coureurs ils ne sont que les alibis d’une splendide pompe à fric qui dit-on commence à intéresser les Chinois !

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