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La face cachée de la non-reconduction des emplois aidés

J’ai maintes fois écrit et maintes fois raconté que pour ma part je n’ai jamais cru dans un vrai pouvoir politique en France car le véritable centre de décision du pays se trouve à Bercy ! Depuis des décennies les hauts fonctionnaires qui tiennent les cordons de la Bourse et qui sont en lien direct avec l’Union européenne ont absolument tous les moyens pour s’opposer aux annonces faites par n’importe quel membre d’un gouvernement. Il est même devenu totalement impossible de franchir une barrière mise par le Ministère des Finances. Et depuis que l’un des leurs est installé à l’Élysée ils se sentent tous comme détenteurs par procuration du pouvoir de décision. Pas une seule annonce qui ne soit immédiatement contredite sous prétexte qu’elle mettrait en péril les engagements pris à Bruxelles. Les conseillers de Bercy dénichent sans cesse des idées nouvelles pour détruire le système social français puisque pour eux les résultats comptables sont supérieurs aux dégâts humains. Le dernier exemple en date porte sur l’arrêt brutal de la mis en œuvre d’ici à la fin de l’année des « contrats dits aidés ». Bien évidemment Bercy a dissimulé ses intentions comptables, à travers une campagne de communication parfaitement orchestrée sur l’inefficacité des dispositifs permettant à des milliers de jeunes et de moins jeunes d’accéder à un travail d’utilité générale ou même économique dans une période où pas une personne qualifiée ne nie que les obstacles pour dénicher un premier emploi ou pour en retrouver un à un certain âge constituent la cause essentielle de la précarité.
Depuis que Raymond Barre en 1977 (un dangereux gauchiste!) puis Laurent Fabius en 1984 les gouvernements ont lancé les Travaux d’utilité collective (TUC) afin de favoriser l’inclusion d’une certain nombre de jeunes en détresse les oppositions n’ont cessé d’expliquer que le principe était condamnable sauf qu’arrivées au pouvoir, elles l’ont adapté et maintenu. Il est en effet impossible de prétendre que nous reviendrons, quelles que soient les réformes du monde du travail, à un chômage proche de zéro. Et c’est en ça que le revenu de base constitue encore une idée novatrice indispensable à mettre en œuvre mais il est arrivé dans la campagne trop tôt dans une société obnubilée par des poncifs relayés médiatiquement de manière superficielle.
En effet de très nombreux types de contrats aidés ont été conçus par tous les gouvernements successifs et mis en œuvre, pour atteindre des niveaux historiques sous les gouvernements Juppé (tiens donc!) et Jospin (attention il y a eu les emplois-jeunes) avec plus de 800 000 contrats aidés par an. Après le bas niveau des années 2012 et 2013, (ceci après 265 000 fin 2008) la progression est constante depuis le début de l’année 2013. On évalue à 542 000 contrats aidés qui ont donné lieu à des embauches en 2016. Ce n’est pas la réforme du codé du travail qui va faire miraculeusement entrer dans le monde du travail plus d’un demi-million de personnes travaillant dans les associations, les écoles, les collèges, les lycées, les EHPAD, les hôpitaux en permettant de pallier des déficiences croissantes des crédits alloués aux services publics ! Et ils ne seront pas dans la situation actuelle remplacés ! Le conseil départemental a en renfort sur dses temps partiels plus de 200 contrats aidés dans ses collèges qui toutes bénéficient d’une formation et d’une insertion en conduisant pour les plus motivés d’entre eux vers un emploi !
On trouve parmi ces gens soutenus par la puissance publique en 2015 par moins de 85 % des bénéficiaires sont des personnes considérées « en difficulté particulière d’accès à l’emploi » (les personnes de 50 ans et plus, inscrites à Pôle emploi depuis plus d’un an, les bénéficiaires de minima sociaux et les personnes de moins de 26 ans de niveau inférieur au baccalauréat), confirmant le bon ciblage de ces contrats  les femmes représentent 54 % des bénéficiaires, leur part atteint 70 % dans le secteur non marchand et elles sont sous représentées, de l’ordre de 43 %, dans le secteur marchand ; les plus de 26 ans sont fortement majoritaires avec 67 % ; 33 % sont des jeunes de moins de 26 ans ; 37% d’entre eux n’ont pas de diplôme niveau BEP CAP, et 16 % ont un niveau supérieur au baccalauréat ; les personnes handicapées représentent 7 % des bénéficiaires : ce sont des réalités que Bercy ignore ou surtout fait semblant d’ignorer ! Sauf s’il se défausse sur les conseils départementaux (via le RSA ou les allocations handicap, les services sociaux!) ou la sécurité sociale (maladies durables)… Les ordinateurs de bercy ne voient comme le veut une tradition politique française, que le coût comptable mais jamais ils n’évaluent le coût social indirect du retour au non-emploi de ces personnes ! Les « saigneurs » de Bercy savent aussi que si ces non-employés constitueront une marge de manœuvre intéressante pour que le secteur marchand renforce la précarisation en offrant après réforme du code du travail des emplois très partiels et rémunérés au minimum. a quoi servirait les ordonnances si dans le même temps ont augmenta pas le « matériau humain disponible » prêt à en accepter les contraintes par obligation ?
Les contrats aidés ont toujours permis de soutenir efficacement l’emploi puisqu’en 2015 pare exemple 21 000 d’entre eux ont été embauchés dont 13 000 dans le secteur non marchand et 4 000 dans le secteur marchand. Malgré les controverses sur le coût élevé en terme de dépense publique, l’effet sur l’emploi est réel par l’accélération des embauches, le maintien du capital humain et d’une offre de travail garantissant un salaire aux personnes sans emploi, ainsi que la contribution à l’amélioration des conditions de vie et de santé des bénéficiaires sont des acquis incontestables du volet contrats aidés des politique publiques nationales. Mais de tout ça Bercy n’en a cure ! Aucun de ses caciques qui vivent dans leur palais financier ne sait ce que c’est que de n’avoir que 4 ou 500 € par mois pour vivre !

Source : Analyses n° 021, DARES mars 2017

Cet article a 7 commentaires

  1. JJ Lalanne dit le chimiste

    Merci de le dire. Je suis profondément écœuré par le comportement de certains ex-membres du PS (selon leurs dires) qui l’ on immédiatement quitté après les primaires qui avaient consacré Hamon pour maintenant ne jurer que par la bourse et les investisseurs du Quatar! Je passe sur les discours anti-immigrés soient disant être la base du PS girondin qui me font me poser des questions sur des taupes FN au sein du PS ou manipulés par lui…

  2. Philippe LABANSAT

    Je partage totalement, le revenu universel compris.
    Cependant le contrat aidé (couplé à une vraie formation rémunérée également) ne doit être qu’une étape.
    En attendant de prendre Bercy, comme on a pris la Bastille, il ne nous reste qu’à pleurer sur notre sort ?

    1. bernadette

      Ce qui est regrettable ce sont des jeux de pouvoir qui génèrent une crise du politique.
      Bien cordialement

      1. bernadette

        Avec le vieillissement de la population, le seul « objectif » est le travail pour tous.
        Il faut travailler avec un salaire décent.

  3. J.J.

    Il est navrant d’entendre les perroquets technocrates medefo-bruxellois (issus de la société civile « sic ») du prétendu gouvernement annonner la leçon bien apprise et récitée sans conviction : les contrats aidés sont inefficaces dans la conjoncture actuelle.
    Ils sont aussi crédibles que lorsqu’ils affirment que la facilité donnée au patronat de licencier les travailleurs fera diminuer le chômage. D’ailleurs la ministre du travail actuelle en a donné une belle illustration au cours de ses prestations chez Danone (sujet traité »media voce » l’autre soir sur la deux, où nous avons pu assister à un
    sirupeux concert de louanges de sus nommée ministre.
    Oui, il faudrait prendre Bercy comme nos glorieux ancêtres on pris et détruit la Bastille.
    Fructidor an 225

  4. Puyo Martine

    je n’ai rien à ajouter.
    nous sommes en train de perdre espoir après avoir été trahi par le PS et les en Marche et ce Président que j’espérais au dessus du lot, malgré que je ne lui ai pas apporté ma voix.

  5. bernadette

    Il n’y a plus rien, c’est le grand déballage des uns et des autres qui semblerait aboutir vers un krach de la population.
    Moi même ai voté avec
    l’impression d’avoir été manipulée.
    En espérant qu’une révolution ne soit pas la solution.

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