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Nous allons vraiment finir dans un triste Etat !

Pour la seconde fois dans la même semaine, je suis alerté par une association à but non lucratif créonnaise sur les conséquences de la suppression des emplois aidées destinés à remplir des missions de services d’intérêt général. Brutalement les responsables viennent de prendre conscience des conséquences qu’aura à court terme l’absence de soutien apporté aux bénévoles par des femmes et des hommes en recherche d’un réinsertion professionnelle sur une durée permettant d’acquérir des compétences ou même parfois un diplôme. Les engagements vis à vis du public ont été pris sur l’année scolaire par exemple dans le domaine du soutien scolaire dont on sait fort bien qu’il ne peut pas être « rentable » quand il s’adresse aux enfants en difficulté et ils ne peuvent plus être tenus. Dans ce secteur les comparaisons sont intéressantes car elles démontrent que de telles mesures théoriquement destinées à économiser des deniers publics vont en fait augmenter les charges publiques.
En effet le soutien scolaire (que nous appelions « l’étude ») après les cours ou la classe peut être effectué à domicile en recourant à une entreprise privée « louant » des personnels dits de maison. La subtilité c’est que si la famille paye des impôts sur le revenu les salaires versés sont déductibles quand, dans la maison voisine, pour le même service payé plein pot il n’y aura aucune déduction si les parents ne sont pas imposables. En fait l’Etat paye indirectement le service privé alors qu’il considère que son rôle n’est plus de soutenir à l’emploi aidé qui permettait à tout le monde de bénéficier du même service. La situation devient paradoxale puisque l’on sait que celui qui a peut-être besoin de l’appui scolaire est probablement l’enfant qui traverse des difficultés sociales. Le système associatif qui par le bénévolat et l’absence de volonté de produire des bénéfices, ne pourra jamais prendre le risque de mettre ses tarifs de séquence collective au niveau du secteur privé.
Malgré des subventions publiques les tarifs sont sans comparaison puisque calés sur le quotient familial. La raréfaction du bénévolat avait été compensée par l’utilisation de personnes en besoin de reconnaissance sociale, de retour vers un rythme d’emploi oublié après souvent des mois voire des années d’un chômage réputé conjoncturel alors qu’ils s’installe dans une ligne structurelle. Le désarroi est grand car en quelques jours il est impossible de dénicher des personnes susceptibles de se substituer à des départs déjà réalisés ou programmés pour les prochaines semaines.
En fait l’explication fournie par l’État se veut rigoureuse : «  il n’appartient pas à l’Etat de payer des emplois créés avec l’accord ou directement pas les collectivités locale ! » Dont acte. Mais que dire des sommes payées par les collectivités territoriales pour permettre à l’État de ne plus assumer ses compétences régaliennes. Ainsi il appartient à certaines communes désormais de prendre en charge avec un défraiement totalement insuffisant l’instruction des dossiers de cartes nationales d’identité et surtout des passeports numérisés ? Rappelons que les services des finances prennent sur la feuille d’imposition locale un pourcentage (5 %) de réalisation du calcul et d’envoi éventuel de l’appel au versement. Ils collectent ainsi pour « frais de gestion de la fiscalité directe locale » qui lui assure un substantiel revenu pour payer ses propres employés… Dans de multiples autres secteurs l’Etat est défaillant ou incapable d’assumer ses tâches. Il suffirait par exemple que systématiquement les collectivités refusent de compenser des défaillances lourdes de l’État qui n’a vraiment aucune leçon à donner et on s’apercevrait du rôle irremplaçable qu’elles jouent dans l’équilibre social.
Les associations souvent soutenues exclusivement par les communes, les intercommunalités, les départements ou les régions entrent dans une zone difficile alors que depuis des années ont empilent sur leur tête des normes, des contraintes, des contrôles (toutes celles de Créon ont subi ou vont subir – le cinéma- un contrôle URSAFF qui a démontré ou démontrera leur parfaite gestion) qui découragent le bénévolat. Comme elles ne sont pour Bercy que des anomalies à la concurrence libre et non faussée européenne elles se retrouvent la cible directe d’un État méprisant pour leur action en matière de lien social non quantifiable économiquement. L’économie sociale et solidaire (que je préfère pour ma part appeler l’autogestion associative citoyenne) sur une commune comme Créon représente près de 200 emplois à temps complet ou partiel dédiés à des missions d’utilité publique et un budget global de 3 millions d’euros ! Comme jamais les collectivités ne pourront assumer cette réalité ancrée sur le territoire, il faut s’attendre à une crise forte dans des structures fonctionnant pourtant parfois depuis des décennies à moindre coût pour les utilisateurs ou les adhérents.
Une inégalité territoriale flagrante a été accentuée en quelques semaines. Une fracture sociale angoissante s’annonce. Une course à la privatisation outrancière est ouverte. La République égalitaire et fraternelle a du plomb dans l’aile !

Cet article a 6 commentaires

  1. Puyo Martine

    Bonsoir,
    je crois que le gouvernement est tombé sur la tête. Le Président a roulé tout le monde dans la farine et surtout ceux qui ont espéré en l’élection de ce jeune homme, bien sous tout rapport. Donc ne reste que le Sénat, que l’on voudrait supprimer, pour lui tenir tête. Je crois que nous allons avoir de beaux échanges verbaux !
    Bonne soirée

  2. bernadette

    Bonsoir,

    Concernant le soutien scolaire pour les enfants difficulté concerne l’Éducation Nationale. Ce n’est pas nouveau, jadis il y avait eu quelques propositions verbales mais rien n’à été initié. Si une partie de la communauté éducative n’est pas pas capable d’assumer son boulot d’enseignant je ne vois pas comment
    des contrats aidés vont le faire.
    C’est une faille de l’éducation nationale (instruction publique c’est mieux)

  3. bernadette

    Les élèves sont des futurs travailleurs et ils doivent recevoir une éducation qu’ils doivent tous acquérir.

  4. J.J.

    La situation du peuple de France va bientôt redevenir comparable à celle d’avant 1789, avec ses privilégiés : le secteur privé qui se prend pour une prétendue noblesse.

    Ne restera plus qu’à faire la Révolution. Et plus tard l’histoire s’ étonnera de la violence bruyante du peuple, qui aura subi auparavant la sourde oppression des privilégiés.
    Ah ! Ça ira !

  5. Jean-Jacques Lalanne

    Après la prise de contrôle de notre industrie ferroviaire par l’ Allemagne, la gouvernance de notre industrie navale par l ‘ Italie, peut-être veut-il faire mettre carrément services publics et associations sous tutelle du privé d’ un autre pays. Même si sa côte bat des records à la baisse, le temps que le pays réagisse les dégâts seront là et irréparables. Après, je crois que l’ on peut avoir de grosses inquiétudes pour les élections présidentielles suivantes. Il a fait croire à certains qu’ il allait tout changer mais une fois réveillées qu’ est-ce qu’ il restera à ces personnes comme choix pour le vote (si elles ont encore envie de le faire après une telle douche). Le système français étant tellement centraliste, si on dévalue le vote il ne restera plus que le fascisme. A force de prendre les gens pour des c… ils le deviennent et se comportent comme tels.

  6. J.J.

    Ne pouvant s’attaquer de front au Suffrage Universel, acquis après tant de luttes, (Suffrage Universel qui a remplacé le suffrage censitaire, qui ne permettait qu’aux nantis de voter), les politiques ont agi, consciemment ou non, de telle sorte que ce même suffrage a été dévalorisé et ne représente donc plus rien.
    On est revenu sournoisement à la situation précédente.

    Conséquence : inutile de se déplacer ça ne sert à rien.
    Et qui se déplace en majorité pour aller voter, sinon une forte proportion de réactionnaires(qui ne représentent qu’une faible proportion des électeurs potentiels) ?
    Quant on observe qu’un escroc reconnu a recueilli 20% des suffrages au premier tour, on ne se pose guère de questions sur l’avenir de la République, hélas.

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