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Des histoires d’eaux pas très propres

Rappelons que la France a été condamnée par la Cour de justice de l’Union européenne, pour son incapacité à améliorer la qualité de ses eaux. Elle fait face à deux contentieux pour n’être jamais parvenue à respecter la directive de 1991 sur les nitrates et les pollutions d’origine agricole. La Commission européenne, qui a fini par saisir la justice de Luxembourg après moult avertissements, estime en effet que Paris a sous-estimé le problème en ne prenant pas la mesure des zones vulnérables, ces régions sérieusement polluées par les effluents agricoles où il serait urgent d’agir. Ce qui lui a valu une première condamnation en 2013 puis en 2014…. Le Ministre de l’Agriculture de l’époque avait élaboré à la hâte un plan de résorption de ces constats environnementaux et obtenu une remise de peine de Bruxelles.
Or rien n’a été véritablement résolu malgré l’abandon de plus de 2 000 points d’alimentation. Quant aux 500 captages à protéger en priorité – une initiative inscrite dans la loi depuis… 2009 – près de la moitié d’entre eux disposent d’un plan d’action pour leur sauvegarde, mais seuls 17 % sont validés par un arrêté préfectoral. Rien ne va plus et la situation empire ! L’eau va devenir sous toutes ses formes et surtout celle réservée à la consommation humaine rare dans les prochaines années. Un récente étude de l’UFC-Que Choisir démontre que maintenant les pesticides sont de plus en plus présents et dépassent la norme définie pour l’eau potable, dans les cours d’eau de la moitié du territoire français et dans le tiers des nappes phréatiques !
S’agissant des nitrates, la proportion des nappes phréatiques fortement contaminées (plus de 40 mg/l) a augmenté de moitié entre 1996 et le début des années 2010, avec comme conséquence que 43 % des nappes désormais dépassent la valeur guide européenne. La responsabilité de l’agriculture intensive quant à la pression quantitative sur la ressource. En effet, la carte des restrictions d’eau de cet été (84 départements touchés dont 37 en situation de crise) se confond avec celle de l’irrigation intensive… mais on va continuer comme si de rien n’était !
Des pratiques agricoles toujours aussi intensives : malgré la multiplication des plans et initiatives volontaires nous promettant une agriculture à la fois intensive et respectueuse de l’environnement, les données fournies par les professionnels eux-mêmes montrent que les quantités d’engrais à l’origine des nitrates n’ont pas baissé en vingt ans et que l’utilisation des pesticides a même augmenté de 18 % en 5 ans.
L’irrigation, s’est justement développée dans les zones les plus touchées par les restrictions d’utilisation d’eau : le Sud-Ouest, la Côte Atlantique, le Val de Loire, le Centre, la vallée du Rhône, aggravant encore la pénurie et accentuant les concentrations nocives. Une situation alarmante qui ne semble pas avoir touché Bercy puisque dans le Projet de Loi de Finance 2018 les réserves financières des agences de l’eau attirent l’Etat qui, depuis 2014, réalise chaque année des ponctions présentées comme exceptionnelles. Or, cette pratique risque de se pérenniser et s’aggraver en 2018 puisqu’il est prévu prévoit un prélèvement de 300 millions d’euros par an, soit 15 % du budget prévisionnel des agences de l’eau pour des utilisations sans lien direct avec la gestion de l’eau ce qui constitue purement et simplement une forme d’escroquerie vis à vis du consommateur qui n’est pas le responsable des pollutions constatées et qui nécessitent des mesures drastiques.
Par le biais de leur facture d’eau, ils payent 88 % de la redevance ‘pollutions’ et 70 % de la redevance ‘prélèvement’, soit 1,9 milliard d’euros par an. Quant à l’agriculture, pourtant responsable à elle seule de 70 % des pollutions en pesticides, de 75 % des pollutions en nitrates et de la moitié des consommations nettes en eau, elle ne paie que la plus faible partie de ces sommes (7 % de la redevance ‘pollutions’ et 4 % de la redevance ‘prélèvement’) en violation flagrante du principe ‘préleveur-pollueur-payeur’ !
Des choix qui ne sont pas remis en cause et qui au contraire risquent de progresser dans les années qui viennent. Les intérêts économiques agricoles prédominent en effet dans toutes les décisions. L’agriculture intensive le sait et ne se prive pas de dicter les décisions des instances régionales ou des bassins versants des fleuves et de leurs affluents.
Bien évidemment les factures d’eau potable et de son épuration après usage domestique continueront à augmenter quand celles des véritables pollueurs resteront stables au nom de la nécessaire faiblesse des coûts des cultures devant trouver leur place sur le marché mondial ! La santé des consommateurs ? Pas grave… ils n;auront qu’à acheter de l’eau en bouteilles s’ils veulent survivre !

Cet article a 10 commentaires

  1. J.J.

    Comment faire autrement quand le secteur est contrôlé en vue de l’économie à court terme et du profit immédiat par les deux méga lobbys du M E D E F et de la F N S E A ?

    Il n’y a qu’à voir comment a été saboté, pour de petits intérêts particuliers, le projet (à la gestion privée contestable) de l’Ecotaxe, qui fonctionne parfaitement dans d’autres pays où il n’a pas mis personne « sur la paille »,comme le prétendaient les naïfs benêts rouges, habilement manipulés.
    Le plus croquignole, , c’est que la contestation a été envenimée par les ex UMP qui avaient lancé le projet.
    Cette mauvaise farce a coûté une fortune à l’état, donc à nous, contribuables, a réduit à néant les espoirs de chômeurs qui avaient trouvé du travail, à la région Moselle, bref, une véritable catastrophe économique.

  2. bernadette

    Il va falloir prier le ciel pour qu’il pleuve pendant les prochains 3 mois pour realimenter en eau les nappes phréatiques.

    1. J.J.

      ….mais si on continue à tirer sur les dites nappes, ça ne servira pas à grand chose, sans compter que l’efficacité du procédé est relativement douteuse !

      1. bernadette

        Si les rivières sont à sec, comment faire, il faut bien beaucoup de pluie pour arroser les champs de maïs (plus gourmand en eau). Tout dépend de la nature de la culture.
        Si vous étiez agriculteur comment opereriez vous ?

  3. Ch. Coulais

    Coiffé de son bonnet rouge, Paul rit jaune. Du coup, il ne met plus que 2 volumes d’eau dans son pastis !

  4. J.J.

    Les agriculteurs se sont laissés bouffer (comment faire autrement ?) par les technocrates sourds, aveugles et d’aussi mauvaise foi qu’un contribuable assujetti à l’I S F(espèce en voie de disparition).
    Ils obligent les producteurs à cultiver des végétaux inadaptés à nos climats et à la contestable utilité.
    Un peu de bon sens aurait évité d’en arriver à cette situation délicate, qui ne va pas tarder à tourner à la catastrophe.
    Preuve ce dette gabegie : les atermoiements à propos de l’interdiction du glyphosate, cancérogène possible (cela devrait suffire à l’interdire en attendant des confirmations), mais également l’homologation de nouveaux néonicotinoïdes, responsables probables de nouvelle hécatombes d’abeilles.

    Que feront-ils , les agriculteurs, quand il n’y aura plus d’eau pour iriguer, et plus d’abeilles pour polliniser les plantes ????
    .

    1. bernadette

      Mais JJ c’est un jeu tout cela, il y a bien longtemps que les petits agriculteurs disparaissent et on continue à les faire disparaître. Pas d’accord avec les écoles qui mettent les consommateurs contre les producteurs. Ça ne change pas et ne changera rien.
      Cela va aboutir à des exploitations aux normes environnementales très contraignantes et les petits qui bossent et qui ne peuvent plus suivre la démarche sont hors champs. Ils devront arrêter et s’employer à l’usine du coin

  5. J.J.

    « Pas d’accord avec les écoles qui mettent les consommateurs contre les producteurs.  »
    Faux.
    C’est après les distributeurs-pilleurs que l’on se rebelle, la preuve, le succès croissant des « circuits courts » qui ont de plus en plus d’adeptes et qui font la nique aux Lelliez, Muclerc, Carmarché et autres Interfour, quand c’est possible…. .

    « Ils devront arrêter et s’employer à l’usine du coin »
    Quelle usine du coin ?
    Il n’y a plus d’usine du coin (encore une au hasard, du début d’une longue série : Tuperware, qui va fermer et mettre tout le monde dehors).

    1. bernadette

      Ecolos et non écoles, veuillez m’excuser c’ est une faute de frappe

  6. bernadette

    Dans les temps très lointains, les agriculteurs étaient des écologistes comme les chasseurs cueilleurs. Ils se nourrissaient de gibiers et de plantes, il y avait aussi les poissons des rivières.
    C’est bien l’économie de marché qui a supprimé tout ce qui était utile à l’homme.
    Ils construisaient leurs habitations et travaillaient le cuir etc…..Il y avait des richesses produites.

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