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Une fuite « inoffensive » qui doit nous inquiéter

L’annonce de Nicolas Hulot sur la réduction en France de l’usage du nucléaire ont provoqué une grande déception parmi les défenseurs des énergies renouvelables. En effet plus on retarde l’arrêt des centrales actuelles et plus on évite de développer des alternatives crédibles. De retour d’un petit séjour en Sicile j’ai pu constater combien nous avions de retard en matière d’éoliennes et de champs photovoltaïques. Chez nous de trop nombreux projets sont abandonnés car les oppositions locales mettent un frein au développement de ces équipements. N’empêche qu’aux dangers connus en matière de production s’ajoute désormais le danger de la dissimulation dans certains pays des « fuites » susceptibles de mettre en doute la fiabilité des installations. En fait on part du principe que les conséquences sont stoppées par les frontières. On se souvient du fameux nuage de Tchenobyl qui aurait été arrêté par la ligne Maginot !
Cette fois du ruthénium-106 a été détecté dès fin septembre 2017 par plusieurs réseaux européens de surveillance de la radioactivité dans l’atmosphère, certes à des niveaux de l’ordre de quelques millibecquerels par mètre cube d’air mais il n’y a eu aucune alerte sur ce sujet. Et c’est certainement là le plus inquiétant. Les investigations de L’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (ISRN) permettent d’apporter des éléments sur la localisation possible de la source de rejet ainsi que l’ordre de grandeur des quantités rejetées. Personne n’a vraiment réagi à ce constat comme si elle ne mettait pas en cause une nouvelle fois l’incapacité des États à gérer le moindre accident.
Pourtant dès qu’il a eu connaissance des premières détections de ruthénium-106 dans l’atmosphère en Europe, l’IRSN a mobilisé l’ensemble de ses moyens de surveillance radiologique de l’atmosphère et a procédé à l’analyse régulière des filtres de ses stations de surveillance.
Pour la période du 27 septembre au 13 octobre 2017, seuls ceux des stations de la Seyne-sur-Mer, Nice et Ajaccio ont révélé la présence de ruthénium-106 à l’état de traces. Depuis le 13 octobre 2017, le ruthénium-106 n’est plus détecté en France : il s’est dilué ailleurs sur la planète ! Encore une fois plusieurs semaines plus tard il est assuré que les niveaux de concentration dans l’air en ruthénium-106 qui ont été relevés en Europe et a fortiori en France sont sans conséquence tant pour la santé humaine que pour l’environnement.
Les spécialistes situent la « fuite » dans la région de l’Oural et il y a fort à parier qu’ils en connaissent le lieux exact. La vétusté des installations russes est connue de tout le monde. Même si les analyses démontrent que cette « pollution » ne peut pas heureusement venir d’une centrale nucléaire notre pays se trouve confrontée à une menace n’ayant pas été signalée. Or dans la zone de rejet la plus plausible, la quantité de ruthénium-106 diffusée est estimée entre 100 et 300 térabecquerels et elles aurait entraîné en France la mise en œuvre des mesures de protection des populations sur un rayon de l’ordre de quelques kilomètres autour du lieu de rejet et pour les denrées alimentaires un suivi aurait dû être programé sur des distances de l’ordre de quelques dizaines de kilomètres. Est-ce que ce fut le cas… Nul ne le saura ! Bien entendu l’étendue du nuage et les kilomètres parcourus ont atténué ces conséquences ailleurs en Europe. La Roumanie, pays le plus proche de l’accident, a été logiquement le plus contaminé.
En fait quelle que soient les assurances qui sont données il n’existe aucune véritable garantie sur la protection des populations vis à vis de catastrophes venues d’ailleurs. D’ailleurs ce phénomène serait le fruit du… hasard puisque dès le début, la Russie a rejeté toute responsabilité, son agence atomique Rosatom déclarant que « la situation radioactive autour des installations nucléaires russes se situe dans la norme ». Le Kazakhstan a, lui aussi, écarté toute implication… alors que les spécialistes parlent d’un accident dans une installation du cycle du combustible nucléaire, telle qu’une usine de retraitement de combustibles usés, ou dans une unité de fabrication de sources radioactives, le ruthénium étant notamment utilisé dans le domaine médical, pour des traitements par curiethérapie. Ce qui paraît inoffensif ou au moins peu dangereux pose le problème du suivi et de la transparence de toutes les industries utilisant des produits issus de la filière nucléaire. Il n’est pas certain du tout que toutes soient soumises à des mesures de sécurité suffisantes en quantité mais aussi en qualité. Le danger n’est plus national mais planétaire… et nous sommes toutes et tous impuissants dans une société de la sur-consommation conduisant à ignorer tous les dangers pour un confort illusoire !

Cet article a 8 commentaires

  1. Alain E

    « Errare humanum est  » et , c’ est bien le problème , on aura forcément un ou plusieurs accidents nucléaires majeurs ,( d’ ailleurs , on a déjà frôlé la catastrophe plusieurs fois) l’ homme est faillible et la nature comme à Fukushima peut nous réserver de mauvaises surprises également.
    Que faire aussi de tous ces déchets qui nous survivrons des milliers d’ années ?
    Il faut arrêter le nucléaire partout sur la planète , et le plus tôt sera le mieux , car la radioactivité, elle ne connait pas les frontières…..

  2. JJ Lalanne

    Chaque fois qu’ une annonce est faite,il y a de tels tollés politicards ou hystériques de la part d’assos écolos relevant plutôt des sectes (voir leur condamnation de tout esprit cartésien) qu’ il apparaît impossible d’avoir la transparence. Essaie de dire que après tout, bof, le nucléaire… et compte ensuite le nombre d’ amis qui te tournent le dos. Pendant ce temps,les grands groupes de travaux publics qui construisent ces centrales se frottent les mains, que du bonheur pour eux… Quand on refuse le débat, où peut être la démocratie? Une amie russe me confiait que, contrairement à ce que l’on croit, les russes pouvaient être en désaccord dans des discussions politiques sans être mis à l’ index comme chez nous. La violence de nos rapports l’ étonnait. Dans des conditions pareilles comment imaginer un instant que l’ on puisse avoir une info crédible? On a la démocratie que l’ on mérite.

  3. J.J.

    « La vétusté des installations russes est connue de tout le monde. »
    Contrairement aux installations françaises flambant neuves et exemptes de toutes critiques quant à leur état irréprochable……
    Quant aux éoliennes, elles sont maintenant de surcroît la cible de l’armée de l’air qui veut les interdire, car elle les juge dangereuses pour ses coûteux coucous.
    J’ai visionné récemment une émission enregistrée sur Arte, à propos de la mafia calabraise(N’Drangheta), qui a la haute main sur la gestion calamiteuse des déchets nucléaires européens, qui empoisonne la population locale en réalisant de monstrueux profits, face à une administration impuissante.
    Edifiant et rassurant.

  4. JJ Lalanne

    Que faire des déchets? Le « combustible » nucléaire a été produit en concentrant des produits présents dans la nature. En montagne vous randonnez dedans et si vous pénétrez dans une cabane non ventilée ou une grotte vous avez droit à une inhalation de radon (ne dépassez pas la dose prescrite). Pour concentrer les matériaux inoffensifs et obtenir des matériaux fissiles dangereux les financiers se bousculent. Après usage pour les diluer, les rendre à nouveau inoffensifs et retour à la situation originelle plus personne. Ça ne rapporte pas. Débrouillez vous. Il faut obliger le producteur à une obligation de reprise (sous contrôle) comme pour tous les appareils potentiellement polluants même si ça coûte. Après tout c’ est bien sa spécialité inversée. On me rétorquera que de nouvelles matières ont vu le jour mais le danger encore là, ç’ est la concentration, ç’ est tout. Les militaires ont déjà des crédits pour les matières les plus dangereuses, telle le plutonium, ils utilisent, de même que bien des navigateurs, les « restes » en uranium appauvri (radioactivité plus faible). Si on était sympas on pourrait leur confier le tout mais là, pour la transparence ce n’ est pas la bonne adresse et le retour au producteur semble à privilégier.

  5. bernadette

    Quelle drôle d’idée de fermer les centrales nucléaires. Pourquoi ?
    Comment va t’on s’eclairer ?
    La fermeture de ces centrales vont provoquer beaucoup de chômage.
    La privatisation d’EDF a fait monter considérablement les factures.
    Non il faut moins consommer. Les petites guirlandes de Noël doivent être supprimées. Les écolos et leur Ministre haut de gamme n’auraient jamais dû admettre d’ouvrir les magasins le dimanche. Ce sont les clients la facture.
    Tout le monde s’en fout, les élus dovient imposer des restrictions d’éclairage dans leur commune.

    1. J.J.

      Quelle drôle d’idée de fermer les centrales nucléaires. Pourquoi ?

      Le jour où se produira un « incident »genre Fukushima ou Tchernobyl dans une de nos centrales, à Braud (comme ça a failli en 1999) ou à Civray, vous comprendrez pourquoi il aurait mieux valu trouver avant des solutions alternatives, car il sera trop tard, et de toute fa9on, on n’aura plus d’électricité.
      La question n’est pas de savoir SI une catastrophe nucléaire aura lieu, mais OU et QUAND.

      1. François

        Bonjour !
        Non J.J, ce n’est point OU et QUAND mais faire en sorte qu’elle N’EST PAS LIEU ! ! ! !
        Car on a, effectivement, les exemples de Fukushima ou Tchernobyl qui nous démontraient que les nuages ne connaissent pas les frontières !
        Cette action porte le nom de prévention … sous toutes ses formes et là ….! !
        Cordialement.

  6. bernadette

    Ce sont les clients qui paient la facture * rectif

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