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La bouillie européenne au glyphosate est dure à avaler

Il faudra bien en convenir : le politique au sens noble du terme n’a plus aucun pouvoir réel dans une Europe dominée par les financiers et leurs affidés que sont les lobbies. Ne pas l’admettre c’est tout simplement être complice et bien des gouvernements le sont puisqu’ils transcrivent dans leur lois les outrances répétées d’un système totalement avarié. Je ne suis pas et je ne serais jamais un anti-européen primaire mais je condamne la manière dont avance cette Union dominée par des dirigeants soumis à la volonté des représentants du monde du profit. Tout le monde sait bien que malgré toutes les recommandations, tous les règlements les couloirs de la commission européenne et surtout les salles des restaurants bruxellois regorgent de représentants des plus grandes entreprises mondiales qui passent leur temps à rechercher des « arrangements » possibles avec tous les organismes dépendant de l’UE. Ils agissent directement pour infléchir les décisions et savent pouvoir compter pour y parvenir sur de hauts fonctionnaires uniquement préoccupés par l’influence de leur décision sur la rentabilité économique.
La Commission européenne vient ainsi de décider le renouvellement pour cinq ans de la licence du glyphosate, une molécule présente dans de nombreux herbicides, et considérée comme cancérogène probable. Le ministre français Nicolas Hulot souhaitait un renouvellement pour trois ans mais 18 autres pays lui ont donné tort. Alors que de plus en plus d’agriculteurs français dénoncent une « hécatombe » provoquée par les cancers liés aux pesticides, le principal syndicat agricole, la FNSEA, met tout en œuvre pour défendre l’usage du glyphosate, le plus longtemps possible, quitte à s’allier avec l’industrie des pesticides. Elle a fortement pesé avec son homologue allemand dans la décision prise par des représentants d’Etats soumis aux pressions de leurs agriculteurs. Les représentants de la FNSEA n’ont cessé de communiquer ces dernières semaines sur la non-dangerosité du glyphosate, s’appuyant entre autres sur l’avis de l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation. Pourtant, pour un syndicaliste honnête le constat est implacable : ses collègues ne participent plus aux épandages sur leurs champs des pesticides qu’ils sous-traitent à des entreprises spécialisées utilisant le plus souvent des intérimaires n’ayant pas le choix de refuser. On sait aussi que tout est fait pour que la Mutualité sociale agricole ne reconnaisse pas les maladies qu’ont contractés les salariés car il faudrait obligatoirement reconnaître un lien entre les produits utilisés et des maladies du sang. On évoque des raisons peu avouables de prises en charge financièrement trop lourdes pour la MSA… Alors pour le glyphosate une forte coalition de lobbies a mis tous ses atouts dans la balance de la Commission. Bizarrement 4 pays qui jusque là s’abstenaient ont suivi un revirement de l’Allemagne qui a décidé de voter en faveur de la prolongation de 5 ans de ce composant dangereux. Encore une fois l’Humain a été oublié, méprisé, enterré au profit d’allianceS politiciennes de cirocnstances.
Selon une enquête du journal Le Monde, qui a largement creusé le sujet ces derniers temps, l’omniprésence de Monsanto dans toutes les études scientifiques réalisées sur l’herbicide aurait permis d’éliminer les éléments les plus inquiétants. Il s’appuie notamment sur les travaux de l’ONG autrichienne Global 2000, qui caractérise de « plagiat » les travaux de l’institut de gestion des risques allemand, chargé d’examiner le dossier pour l’agence européenne des risques sanitaires, l’EFSA. Un « plagiat » des travaux de Monsanto, qui œuvre visiblement en interne depuis des années pour éliminer de la littérature scientifique tout élément évoquant la toxicité du glyphosate.
Une nouvelle analyse à 20 ans d’une étude réalisée sur plus de 50 000 agriculteurs et épandeurs américains utilisant le glyphosate était opportunément sortie juste avant. En apparence rassurante, elle exonère le glyphosate du risque d’augmentation des cancers ou des lymphomes non hodgkiniens, contrairement aux études précédentes mais fait un lien avec d’autres maladies dont celle dite de Parkinson. Par contre, ce qui n’a pas été beaucoup relevé par les observateurs indépendants, c’est qu’elle objective un doublement du risque de leucémie aiguë chez les agriculteurs et les épandeurs qui ont été le plus exposés au glyphosate.
La France a voté contre et maintenant souhaite réduire unilatéralement le délai à 3 ans en demandant de nouvelles études objectives. Une position apparemment courageuse mais dont on mesurera l’impact réel en 2020 au moment où il faudra passer aux actes. En attendant combien de vies auront été sacrifiées sciemment au nom de la nécessaire rentabilité du groupe Monsanto. Il faudrait avoir des actes pratiques plus conformes à la réalité. Il existe par exemple à Créon une entreprise préparant des macérations de plantes pour effectuer les mêmes opérations que les désherbants dangereux… or les services de l’Etat font tout ce qui est en leur pouvoir, au nom du principe de précaution environnementale, pour l’empêcher de commercialiser ses produits ou de les fabriquer. Ils sont d’une intransigeance absolue et d’une présence assidue ! Exactement comme dans le combat qu’ils mènent contre le glyphosate !

Cet article a 7 commentaires

  1. pc

    Un de mes amis est décédé en 2016 du « cancer des viticulteurs » ainsi que l’on appelé les cancérologues qui ont soigné sa leucémie.
    40 années passées dans des vignes sur-traitées ont porté leur fruit néfaste. Il le savait et en parlait en toute lucidité.
    Les industriels et les distributeurs qui s’enrichissent impunément avec ces produits se foutent pas mal de leurs conséquences car ils ne mettent jamais les pieds dans les champs où ils sont utilisés.

  2. LABANSAT Philippe

    Le scorpion ne peut s’empêcher de piquer la grenouille qui tentait de le sauver de la noyade : moralité, les 2 coulent.
    Inexorablement, nos dirigeants conduisent à la fin de l’humanité. Notre seule consolation : ils y passeront eux aussi…

    1. bernadette

      Oui Philippe, la vie n’est pas éternelle.
      Je connais une viticultrice qui est morte d’un soi disant cancer. Elle avait appris par internet que sa maladie ne se guérissait pas et a pris conscience de cet état de fait.

  3. J.J.

    Les partisans(naïfs) de la fondation de l’Union Européenne ont été trahis par son évolution en organisme de profit pour les nantis. Dans l’esprit de ses partisans, cette Europe devait assurer la Paix, l’Amitié, la Solidarité. Nous en sommes très loin.

    Pour ce qui est du glyphosate, je considère comme une galéjade l’argument des agriculteurs (FNSEA) qui prétendent ne pas pouvoir s’ en passer. Comment faisait-on avant qu’il existe ?
    Ce qui est consolant, comme écrit Philippe Labansat, c’est que les lobbyiste en créveront eux aussi.

  4. JJ Lalanne

    Démarche électoraliste du gouvernement. Dans 3 ans on dira que l’ on est obligé de prolonger, etc… Comment imaginer qu’ avec les services de renseignement et les moyens actuels on ne savait pas que la majorité serait pour 5 ans? Cela me rappelle quand Juppé a fait privatiser un grand organisme intercommunal de formation d’ apprentis. Les communes de « gauche » ont défendu en façade mais pour chaque vote où ils pouvaient parfaitement s’ opposer ils se sont abstenus laissant la mairie de Bordeaux porter le chapeau. Tu parles! Il y a longtemps que nous savions avec mon collègue de la CGT de Cenon que les communes faussement outrées avaient envie de se débarrasser des dépenses occasionnées par la formation de ces jeunes. Triste de voir donner le champ libre à des associations patronales, surtout quand on sait comment certains ont pu en profiter, mais compréhensible. Compréhensible mais le comportement a été « très mal perçu ». Même méthode pour le gouvernement. C’ est électoralement très porteur. Pour ce qui est du glyphosate, récemment un ami qui maudissait Monsanto allait désherber avec un gros bidon fourni par son gendre viticulteur. Je lui ai fait remarquer que ce n’ était pas « du Monsanto » mais que la molécule était la même. Glyphosate. Plus bien sûr d’ autres molécules en prime? Est-ce que vous croyez que ce gros bidon est parti à la décharge spécialisée? Vous pouvez toujours rêver. Monsanto n’ est pas innocent mais il sert beaucoup à nous dédouaner ou à cacher d’ autres produits comme le sulfate de cuivre de la bouillie bordelaise toxique certain et pas seulement probable du foie ( on en a tellement déversé dans les vignobles que l’ on pourra bientôt ouvrir des mines de cuivre en Gironde) et d’ autres pesticides qui par principe sont des neurotoxiques. Ces derniers sont encore plus catastrophiques car en dehors d’ être dangereux pour nous (une voisine est gravement et douloureusement atteinte à vie pour avoir été en contact avec un de ces produits en aidant dans des vignes), ils sont catastrophiques pour l’ environnement. Plus d’ insectes, plus d’ oiseaux, petits reptiles, batraciens, etc. Le glyphosate est à proscrire mais attention à la molécule qui le remplacera, elle doit être prévue. Si sa toxicité est avérée, ce qui paraît probable, ce sera de nouvelles études, discussions au plus haut niveau entre gens tout aussi incompétents qui se retranchent derrière des  » scientifiques » parce qu’il ne veulent pas se mouiller et préfèrent invoquer « dieu », et on recommence. Ne dites pas que c’ est du pessimisme, c’ est de l’ expérience. Quand à la substitution par des purins, je n’ ai pas encore assez de renseignements sur les produits cités mais attention parce la biologie n’ est pas sans danger. Il n’y a qu’ à demander aux bretons les dégâts causés par des purins (même si chez eux la dose est plutôt forte…). J’ ai utilisé il y a quelques années du bacille de Thuringe sur conseil d’ un spécialiste de la culture bio. Extraordinaire, j’ ai pu le pulvériser en maillot de bain, pas de risques. Extraordinaire, plus de chenilles, plus de coléoptères parasites. Extraordinaire, plus un oiseau, plus un insecte sympa. LA CATASTROPHE. Bio ne veut pas dire écolo. A toujours garder en mémoire.

  5. JJ Lalanne

    « Il n’y aura pas d’interdiction s’il n’ y a pas de produit de substitution ». Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement ce matin chez Bourdin. Qu’ est-ce que je disais? La balle est dans le camp de Monsanto (et des autres) et fin de la partie.

    1. Yvon BUGARET

      Bravo JJ Lalanne pour vos commentaires que je partage concernant le cuivre qui va nous réserver un véritable désastre écologique quand l’opinion publique et nos dirigeants politiques auront réussit à généraliser la culture biologique sur toute l’agriculture française et au-delà. Ayant fait une carrière de 40 ans à l’INRA de Bordeaux et terminé mes 10 dernières années comme responsable d’un Laboratoire de Recherche en Phytopathologie viticole, j’ai pu mesurer avec mes collègues agronomes les conséquences catastrophiques irréversibles du cuivre utilisé par les agrobiologistes. Le cuivre étant un métal lourd indestructible s’accumule dans le sol et fini par être toxique à toute culture mais plus grave ses résidus sont ensuite retrouvées dans les ruisseaux puis les rivières. ce n’est pas pour rien que la dangerosité du cuivre ait été classée au même niveau que celle du mercure, du plomb et du cadmium.
      Je m’interroge sur la réelle qualité des produits Bio mis sur le marché. Les mildious, très anciennes maladies cryptogamiques attaquent la vigne mais également la pomme de terre, la tomate et bien d’autres plantes. Ces maladies ne sont pas nouvelles, elles ont été introduites en France à la fin du XIXème siècle. C’est grâce à l’illustre Chercheur Bordelais, Alexis MILLARDET, qui a mis au point la Bouillie Bordelaise, mélange du sulfate de cuivre avec la chaux, permettant ainsi de neutraliser l’ensemble et d’éviter des risques de phytotoxicité sur les plantes. MILLARDET, qui a sa rue à Bordeaux, a été le sauveur International de l’agriculture au début du XXème siècle. A l’époque on ne se préoccupait pas des conséquences de l’utilisation excessive du cuivre et de la pollution irréversible des sols.
      Ma crainte pour le futur c’est que l’agriculture que l’on rêve d’avoir ne puisse produire assez pour une population qui ne cesse d’augmenter.

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