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Concentration et étalement les obstacles à la mobilité girondine

Il est totalement impossible de parler de « mobilité » sans évoquer la question essentielle de l’urbanisme. Tous les jours des milliers de Girondines et de Girondins se tirent tant bien que mal des bouchons créés par des goulots d’étranglement routiers disposés sur leur trajet domicile-travail. Bien évidemment tout le monde y va de « sa » solution consistant à élargir une rocade, à interdire tel ou tel véhicule, à créer des giratoires, à créer des déviations, à ralentir ou à accélérer le trafic… mais on évite soigneusement de revenir sur les causes profondes de cette embolisation de la circulation routière vers la métropole. Il en existe deux contradictoires mais permettant d’expliquer le coté irréversible de la situation. La première repose sur la concentration voulue et planifiée des emplois, des services et des commerces depuis la fin des années 60 et le début 70 sur l’aire métropolitaine bordelaise située « intra-rocade » construite ultérieurement. La seconde est celle de l’étalement urbain ou « rurbain » provoqué volontairement il y a une vingtaine d’années par des choix urbanistiques d’opportunité. Il est trop tard pour revenir en arrière et modifier cet état de fait renforcé par l’arrivée chaque année de près de 20 000 habitants nouveaux en Gironde dont près de 13 000 vont résider hors du territoire métropolitain confortant ainsi le nombre de trajets quotidiens ou occasionnels entre leur lieu de résidence et leur activité.
Sur le premier point tous les paramètres confirment que si l’on habite hors de la ville on n’abandonne pas son travail, ses habitudes d’achat, ses études sur la zone urbaine. En effectuant par exemple le choix de placer de grands centres commerciaux en bordure de la fameuse « rocade de l’immobilité quotidienne » (la carte de la répartition des surfaces dédiées aux commerces en atteste) les élus solidaires de l’ex-communauté urbaine avaient opté pour une accessibilité réputée facile à des espaces de consommation rapportant via la taxe professionnelle mais ramenant la clientèle partie habiter en zone rurale. C’est ainsi que plus de 60 % des achats se font encore sur une métropole qui ne représente pourtant qu’un peu moins de 50 % de la population girondine. Avec les employés de ces lieux de vente ayant opté pour un domicile à parfois des dizaines de kilomètres et la clientèle extérieure attirée par la diversité de l’offre on obtient un nombre non négligeable de déplacements individuels en automobile supplémentaires.
Si l’on y ajoute le fait que les grands lycées (tous intra-rocade eux-aussi) avec des internats trop réduits recrutent dans le périurbain (30 kilomètres de rayon), que les étudiants ayant désormais beaucoup de mal à se loger (rareté et coût) sont contraints à des aller-retour quotidien vers un domaine universitaire centralisé ont amplifié les effets des trajets domicile-travail des utilisateurs les routes et des grands axes. La quasi totalité des services de l’Etat, les grandes collectivités territoriales, le centre hospitalier, toutes les cliniques représentant environ 14 000 fonctionnaires ou salariés et les usagers quotidiens qui même s’ils utilisent, après leur entrée dans Bordeaux, les transports collectifs doivent tout de même franchir ou parcourir la « ceinture » de la rocade…devenue ainsi une voie de desserte répartissant sur certains tronçons de la circulation de proximité. Restreindre l’accès des automobiles au centre ne changera rien aux embouteillages puisque il faut obligatoirement, pour atteindre les aires d’échange, parcourir quelques kilomètres ou hectomètres sur le contournement urbain fut-il à 3 voies ce qui accentue sa thrombose quotidienne.
Par ailleurs le foncier pour bâtir se raréfiant dans le périurbain proche il devient inaccessible financièrement aux ménages d’actifs et donc les primo-accédants sont repoussées toujours plus loin plombant leurs budgets fragiles par des frais de trajet quotidien avec une voire deux ou trois automobiles. Le mitage pavillonnaire a aussi surchargé des routes communales ou départementales anciennement réservées à la desserte locale qui n’absorbent plsu un mélange de déplacements de prximité et pendulaire ! Faute d’avoir accepté la densification des villages possédant des services (opposition des riverains à la constitution de bourgs centres, vente de vastes terrains agricoles non utilisés, culte du lotissement en raquette cul de sac, ouverture à l’urbanisation de communes dépourvues de tous services…) on a renforcé les déplacements de proximité intra territoire par l’automobile. Il faut aussi souligner que beaucoup des politiques volontaristes locales de mobilité alternative ont été abandonnées (pistes cyclables pour le trafic quotidien oubliées, cheminements piétonniers sécurisés, circuits de ramassage scolaire allongés, absence de bornes de recharge des batteries…) faute d’argent ou de motivation ce qui ne permet plus de ralentir la progression de l’utilisation et la place des automobiles.
En fait il est quasiment impossible de trouver une solution à la totalité des difficultés actuelles et on ne les trouvera pas avant deux ou trois décennies dans le meilleur des cas. Il faut donc dès maintenant mettre en place de multiples politiques courageuses reposant sur une nouvelle vision citoyenne de la mobilité : incitation forte -exonération fiscale et accès privilégié- au covoiturage avec un maillage accéléré des aires en amont de la rocade, développement du vélo électrique avec un soutien à l’achat, gratuité des transports collectifs les jours de pointe ou aux horaires de pointe, voies réservées sur les grands axes hors métropole au covoiturage et aux bus, choix prioritaire de la proximité pour des nombreux équipements collectifs, renforcement de l’armature commerciale hors métropole, développement facilité des tiers-lieux pour le travail à distance, taxation du transit, décentralisation des futurs établissements scolaires de référence, taxe transport augmentée sur la Métropole… Bref il faut agir à court terme et pas repousser les solutions à la moitié du XXI° siècle !

Cet article a 15 commentaires

  1. bernadette

    Bonjour,

    Si les entreprises s’installent autour du centre urbain c’est qu’elles reçoivent des exonérations fiscales. L’urbanisation ne peut pas être mise en cause.
    Les zones franches urbaines existent et ils devient nécessaire aux élus de réfléchir à une delocalisation vers les lieux de vie des automobilistes qui viennent travailler à la ville.
    Pour cela il convient de faire des études sérieuses pour d’éventuelles propositions tant aux entreprises qu’à leurs salariés.

  2. bernadette

    Et puis la voiture particulière est devenue un choix de vie pour nombre d’habitants. L’usage de la bagnole rapporte aux constructeurs mais endette considérablement les propriétaires de ces véhicules. Dans les campagnes il devient utile de changer les habitudes quotidiennes pour aller à la ville bosser lorsque c’est possible.
    Et puis les élus ont laissé faire.

  3. bernadette

    Dans ma campagne aucune évolution, aucune incitation pour les transports collectifs. Évidemment rentabilité obligé pour ces transports collectifs.

  4. JJ Lalanne

    Les bus transgironde sont à développer, c’ est une solution aux déplacements d’ avenir. Une file réservée aux bus sur les axes surchargés type Libourne- Bordeaux inciterait à les utiliser quitte à créer une voie supplémentaire. Tant que les bus resteront bloqués avec les voitures dans les embouteillages, la voiture restera privilégiée. En finir avec ces permis de construire pour un habitat dispersé. Trop de petites maisons avec le petit jardin,la petite clôture au mépris des considérations écologiques. Venez vivre en ville, on ne mord pas, on n’ est pas obligés de prendre sa voiture à tout bout de champ comme à la campagne, vous aurez accès à presque tous les services (encore qu’ avec Internet ça devient un mythe), vous aurez des amis même et surtout dans l’ ascenseur et vous aurez la satisfaction de lutter contre l’ aggravation du réchauffement climatique en polluant moins. Autre problème: Tant que TOUS les véhicules voulant se rendre en Espagne ou en Afrique via le Pays Basque seront obligés de passer par la rocade, je ne vois pas comment la désengorger. Circuler en Espagne pour un Français est un bonheur. L’ habitat concentré pour des raisons géologiques, géographiques, politiques et une mentalité moins individualiste fait qu’ ils n’ ont pas besoin d’ un réseau routier aussi dense que le notre. Résultat: de bonnes autoroutes gratuites (sauf si vraiment vous tenez à en prendre une payante) , des tunnels et des ponts qui évitent les virages que, nous, nous accumulons pour éviter de contrarier nos propriétaires. Des constructions rapides inenvisageables chez nous pour cause d’ étude, contre-étude, annulation au tribunal administratif, reétude, etc. La protection de notre individualisme fait notre malheur.

    1. bernadette

      Et pourquoi ces entreprises ne viendraient elles pas s’installer à la campagne ?
      La concentration urbaine n’est pas viable sans transport collectif aujourd’hui.

    2. bernadette

      Ce qui a été oublié est de mettre des navettes depuis la gare St Jean pour aller vers les entreprises de Gradignan, Pessac, Merignac tout autour de Bordeaux. Évidemment ça ne répond plus au voeux pieux de M. Juppe. Il y a des gens qui viennent de la Région Poitou Charentes bosser dans les entreprises de Bordeaux et sa Métropole.

  5. JJ Lalanne

    Les problèmes de transports collectifs au sein de l’ agglomération bordelaise sont quand même minimes. Je ne suis pas un chaud partisan du maire de Bordeaux (c’ est un euphémisme) mais quand même et tout n’ est pas dû à sa personne. A moins d’ être handicapé, on peut marcher un peu,ça n’ a tué personne jusqu’à présent au contraire. Quand je vais chez des amis à la campagne je suis toujours étonné qu’ ils prennent leur voiture pour des distances que l’ on fait très couramment à pied en ville. Les problèmes de stationnement ont fait que l’ on a redécouvert ou plutôt maintenu la marche. Une étude (de plus), récente, montre que c’ est en ville que l’ on marche le plus. La planète et la sécu peuvent nous remercier

    1. bernadette

      Vous avez un comportement dogmatique. Ce que vous dites est forcément certain. Il ne faut surtout pas être autrement. Une idéologie très étroite.

  6. Philippe LABANSAT

    Le marché gouverne (en l’occurence, le marché immobilier), le monde économique mène sa vie à sa guise, les politiques tentent replâtrer et les grouillots perdent leur vie à la gagner…

  7. Christian C

    @JJ Lalanne « Quand je vais chez des amis à la campagne je suis toujours étonné qu’ ils prennent leur voiture pour des distances que l’ on fait très couramment à pied en ville »
    Nous pouvons remarquer qu’à la campagne, les riverains(-automobilistes) ont peur d’être à pied, le long de bas-côté enherbé (et c’est très bien ainsi), peur que les enfants se rendent au village à pied, en vélo, car leur « con »frères et sœurs automobilistes ne partagent pas leur chaussée !
    Et comme on ne voit plus aucun gendarme sur les bords des routes, si ce n’est que de temps à autre derrière un radar, pour le reste, c’est au plus gros qui s’impose aux autres…
    Dans ma commune, comme élu, j’avais proposé aux parents d’élèves, Pédibus et Vélibus pour les élèves habitant le plateau, (800 mètres maxi à vol d’oiseau pour 80% du primaire et maternelles). Ils n’en n’ont pas voulu !
    Pour ma part, quant je dois quitter mon hameau en voiture, je m’efforce à réaliser 3 actions dans ma même sortie ! (la poste, courses, transport enfants, dépôt des bouteilles verre, des vêtements, etc., etc.)

  8. JJ Lalanne

    Je suis bien d’ accord qu’ il est plus facile de marcher sur un trottoir même encombré et souvent chevauché par des véhicules en stationnement que sur un bas-côté herbeux ou face à des véhicules qui ne ralentissent pas à votre approche et je ne condamne pas ceux qui préfèrent prendre leur voiture dans cette configuration, je parle de personnes adultes qui le font systématiquement alors qu’ ils empruntent à pied des voies semblables si on appelle ça randonnée. Cet exemple du refus de Pedibus et Velibus est navrant mais il faut souhaiter que des personnes convaincues finissent par entraîner les autres. Ça tient souvent à peu de choses. Pour l’ utilité de transgironde j’ en suis persuadé et quand aux transports en commun de la communauté urbaine de Bordeaux, même si ça doit me faire considérer comme dogmatique (?) et même s’ ils sont perfectibles, ils sont bien pratiques. Pour ce qui est des bouchons tant que contrairement à l’ Espagne on fera passer les axes dans les villes, on satisfera les électeurs en ne les expropriant pas mais on n’ en sortira pas. En dehors du cas de Créon, on peut prendre le cas aussi d’ Arès ou pour faire le tour du Bassin (il n’ y a pas que des vacanciers) on ne peut éviter sauf être initié le tour de l’ église. C’ était vrai en 1967, c’ est vrai en 2017. A éviter aux jours et heures d’ affluence et malheur à celui qui n’ a pas le choix.

  9. bernadette

    Lorsque le carburant sera mieux raffiné et moins cher les pannes disparaitront.
    Sur la photo au tout début de ce billet existent des autos à gauche sans voie d’urgence à gauche. Les voies d’urgence à droites sont d’un écartement inférieur à la normale. Imaginons une panne d’un véhicule située à gauche. C’est la galère et il y a danger pour l’automobiliste. En fait l’automobiliste a payé son carbu dégueulasse et devra payer son remorquage jusqu’au garage et en plus une grosse frayeur.
    Demeurant à la campagne, les accotements sont pratiquement inexistants, seule la route existe avec ses flux de véhicules plus denses le matin et le soir. Heureusement un ralentisseur a été construit. Le coût se trouvant être à la charge de la commune paraît il.
    Y a t’il une législation pour les RD ?

  10. Puyo Martine

    Bonsoir,
    et si on utilisait les pistes cyclables le matin et le soir pour des transports propres avec des véhicules genre « petits trains » les gens pourraient gagner du temps et laisser leurs véhicules sur des parkings de départ. exemple une ligne Sauveterre-Créon-Latresne , sur l’ancienne voie ferrée, et utiliser les autres pistes partant de divers points cela allégerait les routes départementales.

  11. JJ Lalanne

    La plupart des grandes pistes cyclables ont été faites effectivement sur des anciennes voies ferrées et c’ est dommage de ne pas les utiliser pour les transports collectifs. Au lieu de nous matraquer avec le réchauffement climatique ce sont des solutions comme celle là qui seraient logiques. Ces voies ont existé et avec tous les moyens actuels on est incapables de les refaire ou d’en ouvrir d’ autres. C’ est ça la régression

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