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Le lait contaminé : les excuses bidons du producteur et des distributeurs

Il s’agit d’un véritable scandale mais il finira comme bien d’autre par s’éteindre de sa belle mort puisque une convocation à Bercy des producteurs du lait contaminé et des « distributeurs étourdis » suffira à calmer la colère légitime d’une population ayant la mémoire courte. En fait le cas Lactalis n’est qu’une illustration du système économique libéral dans ce qu’il peut avoir de plus outrancier. Lentement le système capitaliste a pris le pouvoir face à un politique tributaire des résultats que pouvaient obtenir des industriels ou des transformateurs soit-disant indispensables pour donner du travail ! A ce titre ils ont fini par s’affranchir de toutes les règles liées aux exigences sociales sous sanitaires. Il faut réduire les « frais » et il faut surtout accroître les profits en cherchant à diminuer à tout prix les obligations sur la qualité des produits ou taper sur les salariés. Cette réalité ressort dans la contamination du lait pour les enfants.
Le groupe Lactalis ayant étranglé la filière laitière française il y a quelques mois a exploité le filon ! Baisser le prix d’achat des denrées de base, travailler sans trop se soucier des auto-contrôles obligatoires puisqu’au nom de la fameuse liberté d’entreprendre on s’est réjoui de la suppression de milliers de postes de fonctionnaires ayant la charge de vérifier l’application des précautions sanitaires. On a appelé cette destruction du service public la RGPP appliquée avec l’assentiment du contribuable-consommateur toujours heureux quand on détruit la fonction publique. Ce même « ex-citoyen » ne se réveille que quand il est victime directe ou indirecte des lourdes carences en personnel !
Sur France Info le secrétaire général du syndicat Solidaires-CCRF, au sein de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), a résumé la situation que révèle l’affaire Lactalis : l’État a « un problème de moyens » pour assurer les contrôles sanitaires, aggravé par « la suppression d’emplois dans les administrations de contrôle » comme la DGCCRF. « Le travail qu’on pouvait faire il y a quinze ans, on ne peut plus le faire aujourd’hui », a-t-il ajouté.  « C’est une volonté très large, on l’a encore vu pour ce qui concerne le dernier budget de la DGCCRF : on a moins 45 emplois. On était 3 833 en 2002, on se retrouve aujourd’hui à 2 800 agents. » Dont acte ! Un contrôleur qui débarque dans l’intérêt général est un « emmerdeur » ou « un sale con ! » alors autant voter pour les tenants de la disparition de toutes ces procédures qui entraveraient la libre entreprise. Plus de crédits pour les analyses. Plus de frais pour les déplacements. Plus de véritables poursuites en cas de fautes avérées.
Le syndicaliste lucide précise que l’avenir ne s’annonce guère rassurant puisque faute de fonctionnaires il va falloir… privatiser les contrôles dans tous les domaines. C’est à dire que le système va financer et créer ses propres organismes pour se… sanctionner en cas de faute grave ! « On parle de sécurité et de santé, mais il y a tout un tas de choses aussi dans le domaine de la protection du consommateur, qui n’ont pas été faites. Tout un tas de choses se succèdent et nos politiques n’ont pas l’air de prendre conscience de la problématique et de la demande des consommateurs d’avoir plus de protection, tant économique que de santé. Dans les projets en cours dans le cadre de la réforme de l’État, ce que le gouvernement appelle « Action publique 2022″, il est question de déléguer à des entreprises privées dans les métiers de bouche et dans la restauration, des contrôles qui seront payés par les professionnels à des sociétés qui seront chargés de les contrôler. Autant vous dire qu’on a des doutes sur l’hygiène et la sécurité sanitaire dans tous ces restaurants, ces entreprises, ces commerces ». Il visent surtout lucidement les grandes surfaces qui ne veulent pas perdu un euro et maintiennent par des subterfuges « divers et avariés ». ils savent bien qu’ils ne risquent rien ou presque !
En fait derrière les excuses, les flagellations les grands groupes de distribution savent que le non-retrait de produits non-consommables constitue une infraction de cinquième catégorie avec à la clé des amendes insignifiantes. Comme ils sont tous concernés et que leur système d’alerte a été défaillant ou… retardé avec des arrières-pensées mercantiles leur image diluée n’en pâtira guère. Leclerc a même marqué des points en ayant l’habileté d’un mea-culpa anticipé qui lui vaut d’avoir conforté son profil de distributeur « honnête » quand les autres ont été contraints les uns après les autres d’avouer les mêmes fautes mais après qu’il ait donné l’exemple.
Inexorablement le système républicain se délite mettant ne danger les plus fragiles (Santé publique France recensait 35 nourrissons atteints de salmonellose et ayant consommé un lait ou un produit d’alimentation infantile. Dix-huit nourrissons ont été hospitalisés, mais tous sont sortis de l’hôpital)
Il n’est pas inutile de rafraîchir les mémoires en rappelant que nous avons eu la vache folle, le bœuf aux hormones, le poulet à la dioxine, les lasagnes à la viande de cheval… et tant d’autres actions criminelles dont nous ignorons tout. A au fait contrairement à toutes les lois le groupe Lactalis ne publie jamais ses résultats… Comme il n’y a là-aussi plus aucun contrôleur…

Cet article a 11 commentaires

  1. MOUNIC

    claude mounic a suprimé le lait de son alimentation
    ainsi que tout a liment a base de lait yaourt beurre etc……
    J’ ai repris le thé

  2. bernadette

    Jean Marie utilisait dans son précédent billet le terme : croissance démographique, qu’est ce que la croissance démographique, les divers instituts nous parlent de croissance économique.
    Moi même suit une minorité minuscule de cette soi disant croissance.
    La Dgccrf a parait il ordonné de detruire toutes les petites unités de production non normalisées, il ne reste plus que les plus gros producteurs.
    Bravo !!!!

  3. J.J.

    22 nivôse 226
    Qu’il est laid le débit de l’eau,
    Qu’il est beau le débit de lait….
    Enfin de bonnes résolutions ! Ils ne recommenceront pas, jusqu’à la prochaine fois.

  4. LABANSAT Philippe

    En passant à table, on ne se souhaite plus « bon appétit », mais « bonne chance ».
    Tout est dit. Ancien des Finances Publiques, je n’ai pas à en rajouter sur la destruction des services de contrôle comme la DGCCRF.
    On peut par contre souligner la réorganisation de ces services au niveau régional : un peu de vétérinaire, un peu d’inspection du travail, un peu de concurrence, on enlève un autre secteur, etc. ; on secoue bien et on obtient des DIRECCTE auxquelles on ne comprend plus rien. On voudrait couper les ailes à tous les services de contrôle (on pourrait dire la même chose pour le contrôle fiscal), on ne s’y prendrait pas autrement.
    Alors imaginez l’efficacité sur fond de saignées dans les emplois.
    Maintenant, après un petit coup de fatigue, on est tentés de dire que les français ont l’alimentation qu’ils méritent, les services publics qu’ils méritent, les institutions qu’ils méritent, et les dirigeants qu’ils méritent…

    1. bernadette

      Pas d’accord Philippe, les français et leurs enfants ne meritent pas ce qu’ils subissent.

      1. bernadette

        Les français et leurs enfants ne sont pas responsables de la malbouffe offerte, ce sont les restructurateurs du capital public qui ont participé à l’autodestruction des services de contrôles. Bien sûr ces derniers étaient rémunérés à l’unité de production détruite. Plus on autodetruit et plus on gagne de pognon. Ca fait 50 ans que tout à commencé.

  5. Yvon BUGARET

    Excellent ton article Jean-Marie et bravo pour tous les commentaires. La privatisation accélérée des contrôles et de tout ce qui est public, bien commencée sous le précédent quinquennat est inacceptable pour l’avenir de tout ce qui sera commercialisé. On a certainement pas tout vu avec une opposition politique pratiquement inexistante. La France risque de ne plus être la même dans 5 ans.

  6. J.J.

    Labansat Philippe @ « On voudrait couper les ailes à tous les services de contrôle (on pourrait dire la même chose pour le contrôle fiscal), on ne s’y prendrait pas autrement. »
    Mais ce n’était pas le souhait non déguisé du petit marquis hongrois ?
    Sarkozy l’a rêvé, Hollande l’a continué, Juju premier val’achever.

  7. bernadette

    Il n’y a pas d’opposition politique, c’est la pensée unique. Très déçue de voir le comportement des Maires et de leurs adjoints, c’est de pire en pire. C’est très curieux parce que ces maires se sont laissés photographiés dans des manifs de revendications en étant bien assis dans leur fauteuil. Attention aux faux amis……

  8. Michel Frindel

    Sans compter que la 13 ème entreprise française a fait déja 200 chomeurs à temps partiel qui attendent des nouvelles avec l’inquiétude qu’on imagine bien
    MF

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