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Le bassin de la Garonne va très vite manquer d’eau

Réunis dans une seule structure de surveillance et de gestion de l’eau sur les bassins de l’Adour , de la Garonne et de tous leurs affluents, même les plus modestes vont débouler dans l’actualité dans les prochaines semaines. Un rapport remis aux autorités et pour l’instant peu diffusé va être au coeur une rencontre au sommet entre les présidents des conseils régionaux et celui de l’Agence historique ayant en charge la régulation de l’eau sur ce vaste territoire. Le document est alarmiste et va nécessiter dans la décennie actuelle des décisions d’une ampleur exceptionnelle pour seulement garantir que tous les utilisateurs potentiels auront les volumes d’eau nécessaires à leurs activités : production d’énergie (barrages et centrale de Golfech), irrigation de l’agriculture extensive, dilution des rejets divers, alimentation en eau potable, maintien de la biodiversité dans les rivières, les fleuves ou les espaces naturels aquatiques… Présidée encore pour peu de temps par Martin Malvy ancien président de la région Midi-Pyrénées (il devrait passer la main à Alain Rousset les bassins Abour-Garonne vont se retrouver en 2050 dans une situation intenable avec un déficit considérable dû à la fois à l’augmentation des besoins et à la raréfaction de la ressource essentiellement liée au réchauffement climatique.
L’ingénieur au Ministère de l’Agriculture qui s’est penché sur l’avenir a rendu un diagnostic sans concession : «Le changement climatique est irréversible et va avoir de graves conséquences sur l’ensemble des activités, notamment l’agriculture . (…) Avant la fin du siècle, la moitié sud de la France va passer sous climat méditerranéen : augmentation des températures, excès climatiques, sécheresse des sols. Dans ces conditions, les besoins d’irrigation comme ceux de la population vont augmenter et nos territoires doivent s’y préparer dès maintenant…» Le spécialiste n’envisage pas vraiment des «manques de volumes», mais des «périodes de crises aiguës» notamment en saison estivale.
On irait donc vers des pénuries de longue durée avec des restrictions de plus en plus fortes.
L’étude parle de dizaines de millions de m3 manquants pour simplement réponde aux besoins de base ! Les difficultés viendront du contenu des propositions faites par ce document qui n’a pas encore beaucoup circulé. Il est ainsi affirmé qu’il n’y a que « deux leviers possibles : économiser l’eau et lancer un grand programme d’importantes réserves supplémentaires (plus d’une trentaine!). Rappelons que depuis une décennie aucune autorisation n’a été accordée sur le bassin de la Garonne. Et on sait fort bien qu’en matière d’économies volontaires c’est très hypothétiques surtout en matière d’irrigation.
Il faudra en effet rechercher des pratiques agricoles différentes (recherche de variétés spéciales, irrigation restreinte déjà de 30 %) car d’après l’auteur du rapport : « «Les producteurs devront y faire face car l’irrigation va devenir vitale sous climat méditerranéen et il faut donc accentuer les efforts de recherche et de maîtrise de cette ressource » sortie souvent des moindre cours d’eau et des rivières. Voici les prospectives à cours terme. L’agriculture ne peut pas compter sur des volumes prélevables supérieurs à ceux de 2021, soit 400 millions de m3 : elle doit donc s’adapter au changement climatique en réduisant les surfaces irriguées de 15 %. Les surfaces en maïs grain doivent diminuer, les cultures d’hiver se développer et des cultures moins gourmandes en eau en période estivale seront implantées. Pour assurer l’objectif décidé, en complément des 120 millions de m3 issus des réserves hydroélectriques qui servent au soutien d’étiage… il faut envisager la construction de nouveaux ouvrages dédiés au soutien d’étiage est décidée, à hauteur de 75 millions de m3 . On ne compenserait alors qu’à minima le débit d’étiage pourtant absolument indispensable pour maintenir la faune aquatique, empêcher la remontée du bouchon vaseux qui obstrue l’estuaire de la Gironde. Cette hypothèse ne réjouit personne.
Si on voulait rétablir un « courant » normal (celui de 2010 déjà contestable) il faudrait des mesures infiniment plus fortes. Le rapport parle en en moyenne sur une mobilisation de 760 millions de m3 d’eau (soit dix fois plus que l’option à minima) et il faudrait actionner tous les leviers. La gestion hydro-électrique en est un pour environ 400 millions de m 3 qui seraient dédiés au soutien d’étiage. Les 360 millions m 3 supplémentaires, qui seraient nécessaires pour couvrir le déficit de 760 millions de m 3 pourraient être fournis par la construction d’ouvrages collectifs de stockage supplémentaires, dédiés au soutien d’étiage, dans une logique de multi-usages. Cet effort d’aménagement est du même ordre de grandeur que ce qui a été construit sur le bassin ces 25 dernières années dans un contexte politique, économique, social et environnemental sans doute plus favorable. Il n’est d’ailleurs pas certain que l’on puisse trouver, sans impacts majeurs, des sites favorables à la hauteur de cette ambition… Il va falloir pourtant vite décider très vite alors que le gouvernement a repris toutes les réserves financières jugées trop importantes des agences de l’eau (200 millions pour l’agence Adour-Garonne). Comprenne qui pourra…

Cet article a 4 commentaires

  1. JJ Lalanne

    Est-ce que l’ on peut dire que ces gigantesques étendues de cultures(nécessaires à l’alimentation et autres besoins), arrosées à tel point que l’ on se croirait aux bassins de Versailles, c’est encore de l’agriculture? Parlons plutôt de champs d’ investissement. L’ actionnaire se préoccupe peu de ce qu’ il adviendra hypothétiquement ou visiblement en 2050. Il déportera ses fonds comme il a fortement commencé, au mépris des peuples, en Ukraine, Roumanie, Bulgarie, etc… Notre intérêt dans le temps et son intérêt divergent mais il joue sur du velours sachant que notre société place le respect de la sacro-sainte propriété avant le respect de la nature et des individus. Quand à construire des barrages, je suis bien d’ accord mais je crois que au point où c’ en est on va pouvoir faire entrer la spécialité ZAD aux Jeux Olympiques. Bien des matchs à voir sur nos petits écrans. Hélas, même si leur sport n’ est pas toujours insensé. Parlent de la biodiversité terrestre (ou de ce qui en reste) parce qu’elle se voit mais la biodiversité aquatique il n’ en reste plus grand chose. Les pêcheurs tiraient la sonnette d’alarme depuis longtemps mais les propos de « simplets illuminés » n’ étaient que source de sarcasmes. Seuls des rapports faits par des devins patentés peuvent être crédibles… La plupart de leurs chiffres chacun, ayant un minimum d’ intérêt à la chose, peut les avoir mais pour les prédictions, là, plus de considérations objectives (« scientifiques »), la foi et rien que la foi, dans un mini Nostradamus ou un pronostiqueur de PMU. Point de salut en dehors des rapports et commissions. Du salut pour qui, je n’ en sais rien mais certainement pas pour la nature. Elle pourrait s’ adapter au réchauffement climatique (j’ aurai peut-être une prime pour avoir placé « réchauffement climatique ») comme elle l’ a fait sur des millénaires qui ont vu de la verdure dans le Sahara ou des palmiers dans la Vallée d’ Ossau, mais elle ne se relèvera pas du réchauffement actionarial.

  2. bernadette

    Il aurait été opportun d’extraire les granulats, graviers etc des rivières, le dragage n’est plus d’actualités. Actuellement les graviers, granulats et autres sont extraits des marais qui sont un espace naturel.
    Aucun politique, aucun service publique ne s’est intéressait aux boues le long des rivières. Ces boues sont restées des années et la pollution est apparue.

  3. Jean-claude

    L’eau, à part quelques citoyens « farfelus » qui s’en préoccupe? Quel sont les usagers de ce fameux liquide se soucient quand, ils remplissent leurs piscines, quand l’eau de la douche coule à flot, surtout quand c’est l’eau des collectivités, et que dire des municipalités?
    Ou bien souvent, quand quelques citoyens les interpellent dont je fais parti pour dénoncer ces abus à la vue de « gaspi » s’entendent dire? De l’eau il n’y en a plus qu’il en faudrait.
    Je leur répond! Rendez-vous dans vingt ans. Et l’on verra! (Ah, cette société de consommation!)

  4. JJ Lalanne

    Si au moins cela pouvait accélérer les recherches, ou plutôt les réalisations, sur la dessalinisation de l’eau de mer. La quantité est quasiment infinie et l’ énergie solaire aussi. Le prix de l’ eau douce n’ est pas encore assez élevé pour intéresser les industriels…Dommage.

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