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Le terroriste n’est pas toujours celui que l’on qualifie ainsi

Il existe des facilités de langage qui permettent tous les abus. Ainsi depuis maintenant quelques décennies les tenants du pouvoir quels qu’ils soient, utilisent à satiété le mot « terroriste » qui a un double effet : effrayer une opinion publique sous influence continuelle et justifier tous les abus ou même parfois tous les échecs. En fait le Larousse en 10 volumes en donne une définition précise : « partisan ou agent du terrorisme » avec un ajout simple pour ce dernier terme «  ensemble d’actes de violence commis par des groupements révolutionnaires »… Ainsi on en arrive à coller cette étiquette à des malades mentaux, à des fanatiques religieux, à des mafieux récupérateurs, à des opposants politiques et même maintenant à des « manifestants » utilisant des moyens violents extrêmement limités (fronde, cailloux, pierres,
Ainsi l’ambassadrice d’Israël en Belgique a franchi un échelon supplémentaire dans l’utilisation de ce qualificatif en tentant de justifier les actes injustifiables de son pays lors des affrontements de Gaza. «Je regrette beaucoup pour chaque humain décédé même si ce sont des terroristes, 55 terroristes qui viennent près de la barrière pour essayer de passer sur le territoire israélien» a-t-elle déclaré sur une radio ! La dérive est épouvantable car elle transforme des êtres humains ayant leurs mains et quelques pierres en cibles potentielles pour un carnage aveugle. D’ailleurs les snipers de l’armée israélienne d’après des témoignages impartiaux ont sciemment abattu des enfants, des femmes et des hommes en raison disent-ils de leur dangerosité pour la sécurité de leur pays ! Il faut peut-être rappeler que l’une des victimes avait… 8 mois ce qui dénote à quel point le mot « terroriste » perd tout son sens ! Inqualifiable ! Injustifiable ! En fait il devient un alibi à des actes qu’en d’autres temps, en d’autres lieux, en d’autres circonstances, ont été considérés comme des crimes de guerre !
Il y avait donc des faits de « terrorisme » avec des explications d’une autre époque. L’Etat hébreu explique qu’il « fait ce que ferait tout pays souverain : protéger ses frontières, protéger ses territoires, et le plus important, protéger son peuple ». L’auteur de cette justification a ensuite critiqué les dirigeants de l’Autorité palestinienne et du Hamas « qui organisent ces manifestations ». « Ils disent clairement que leur but c’est de faire une brèche dans la clôture frontalière (sic) et d’envahir le territoire israélien (sic), et cela aucun pays ne l’accepterai ». Quand on connaît les moyens matériels et humains qui sont utilisés pour verrouiller et étouffer le territoire de la bande de Gaza il faut vraiment être un partisan fanatique pour croire que les Palestiniens peuvent « envahir » Israël.
D’ailleurs le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme a estimé que tout Palestinien manifestant à Gaza, qu’il représente une menace imminente ou non, pouvait être « tué » par les forces israéliennes. « Il semble que n’importe qui -pouvait- être tué », a déclaré aux médias à Genève un le porte-parole du Haut-Commissariat en expliquant que le droit international prévoyait clairement que « la force létale ne peut être utilisée qu’en dernier recours ». « Ce n’est pas acceptable de dire : il s’agit du Hamas, donc c’est ok », a-t-il ajouté. Tirer à vue sur une foule, tuer sans sourciller des personnes s’approchant d’une barrière réputée infranchissable, blesser des milliers d’autres au nom d’une légitime défense constituent de vrais actes condamnables autrement que par des déclarations « diplomatiques » !
Nous ne sommes plus loin de l’application de l’étiquette de « terroristes » à celles et ceux qui le « mériteraient » par des comportements « révolutionnaires » basé sur le terreur (ça ne vous rappelle rien). Leurs actes sont souvent simplement inspirés par la « haine », le « fanatisme », la « folie », le « cynisme », la « cruauté », le « mépris de la vie humaine », le « racisme » ou un effrayant sentiment d’impunité. Comme les mémoires sont courtes elles ne permettent plus de faire aucun rapprochement avec des actes antérieurs que l’Histoire a qualifié de crimes contre l’Humanité !
Certaines personnes qui se révoltent contre l’injustice sont de plus en plus souvent traités de « terroristes ». Sont-ils plus mauvais ? Non, ils n’ont pas trouvé souvent d’autre issue qu’une forme de violence pour extérioriser leur révolte intérieure. Pour un camp ou l’autre ils deviennent pourtant systématiquement des « terroristes » alors que parfois ils peuvent être des « victimes » ou des « assassins ». Mais ces mots là ne sont pas suffisamment diplomatiques ou exploitables médiatiquement…alors on les oublie. La soixantaine de victimes anonymes qualifiées honteusement de « terroristes » de Gaza s’effaceront en fin de semaine sous les images lénifiantes d’un mariage princier qui pose moins de questions morales. C’est peut-être là que se trouve la plus insupportable violence de ce monde envahi d’abord par l’effroi ensuite par l’indifférence avant de sombrer dans l’oubli. Peut-être qu’un tweet de voeux de bonheur et de prospérité de Trump viendra égayer la fête !

Cet article a 6 commentaires

  1. J.J.

    Le régime israélien, et oui, il faut appeler les choses par leur nom (gouvernements qualifiés de « régime »: Corée, Cuba, Venezuela, etc…) a bien appris les leçons de ceux qui avaient envisagé de mettre en place une « solution finale ».

    En plus, le dit régime emploi un système de défense incohérent : ou bien les manifestants palestiniens sont considérés comme des civils, et en ce cas, c’est à la police, avec les moyens appropriés, d’engager les opérations de « maintien de l’ordre ».
    Ou bien les manifestations doivent être considérées comme des actes de guerre (y compris une manifestante de 8 mois !) et en ce cas, l’usage des armes chimiques : lacrymogènes, est proscrit par le protocole de Genève.
    On a entendu crier assez fort à propos de leur emploi supposé en Syrie, suite à des reportages et des allégations d’une très douteuse sincérité et en l’absence de toute preuve.

    En tout état de cause, l’emploi de munitions spéciales, type dum dum, ou à fragmentation etc… sont prohibées depuis 1899.
    Leur utilisation par l’armée du régime israélien constitue une présomption de crime de guerre, voire, contre l’humanité.

  2. JJ Lalanne

    J’ ai entendu aussi cette ambassadrice et je reconnais que c’est sidérant. Pour elle les extensions colonisatrices israéliennes sont normales puisque ceux qui le font ont besoin de vivre(!) et s’il n’ y a pas de négociations avec les palestiniens c’ est parce qu’ ils ne sont pas d’accord. Curieux sens de la négociation où on ne négocie qu’ avec des gens qui sont préalablement d’accord avec vous. Les palestiniens devraient sans doute venir aux négociations comme les Bourgeois de Calais, en djellaba avec une corde autour du cou…

  3. bernadette

    Bonjour,
    Tout ceci est pour moi du fanatisme au sens très général pour lequel il serait souhaitable que chacun de nous en décline toutes les analyses par rapport à lui même.
    Il va bien falloir sortir un jour de cette domination.
    Bonne soirée

  4. LABANSAT Philippe

    L’emploi du mot « terrorisme » nous est effectivement servi à toutes les sauces, à tort et à travers, jusqu’à la nausée.
    Au départ, le terrorisme est un mode de lutte, de faible à fort. Il cherche à – terroriser – l’adversaire, en particulier par des massacres et attentats sanglants et aveugles.
    Les fondateurs de l’Etat d’Israël, connaissent bien le terrorisme, eux qui l’on pratiqué contre les britanniques et les arabes palestiniens, par l’intermédiaire de l’Irgoun de Menahem Begin – futur premier ministre d’Israël.
    Ceux-ci organisèrent, en 1946, l’attentat terroriste de l’hôtel King David à Jérusalem, dans lequel périrent 91 personnes. Mais, on peut aussi parler de l’attentat de la porte de Damas : 20 morts en décembre 1947, ou le massacre de Deir Yassin qui fit plus de 100 morts, et on peut multiplier les exemples.
    Alors, aujourd’hui, à Gaza, les lanceurs de pierres contre des chars, les adolescents désarmés qui s’approchent de barbelés ou même un bébé de 8 mois, tué lui aussi, sont des « terroristes » ?
    L’histoire de notre pays peut nous permettre d’en douter, même si, à Tarnac, il a essayé, lui aussi (mais heureusement sans succès), de faire passer des possesseurs d’escabeau pour des « terroristes ».
    Aujourd’hui, les média seraient bien inspirés de n’utiliser ce mot qu’avec mesure…

  5. bernadette

    L’empire britannique et son état de droit se justifient ici. Tous les états dépendants de cette empire proclame la linguistique : l’anglais et demande d’annexer le territoire de Palestine à l’Israël. C’est une guerre des territoires où les peuples sont tenus de s’y référer.

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