You are currently viewing La qualité de notre alimentation en cause

La qualité de notre alimentation en cause

L’Assemblée a voté dans la loi sur l’alimentation l’article 11 prévoyant une part de 50 % de produits bio ou intégrant la préservation de l’environnement dans la restauration collective d’ici 2022. Facile car ça ne touche aucun problème essentiel de la qualité alimentaire pouvant contrarier les lobbies! Un « engagement présidentiel ambitieux », selon le ministre de l’agriculture ! Il faut le croire et surtout se poser la question de savoir comment cette mesure pourra être mise concrètement en œuvre. En effet par expérience je sais que ce n’est pas suffisant d’inscrire dans la loi un objectif quantitatif si on en prévoit pas les moyens d’accroître qualitativement la production nécessaire. Qu’est-il prévu pour préserver des terres agricoles correspondant aux critères « bio » dans les zones rurales ? Quand on sait que chaque minute 25 m² de terres arables disparaît en France on peut se poser légitimement la question de savoir comment on atteindra dans la proximité la mise sur le marché de légumes, d’oeufs, de viande possédant les qualité requise. Les terres agricoles sont en effet grandement en danger puisque une autre estimation indique que l’équivalent d’un département disparaît tous les cinq ans malgré un prix qui ne cesse d’augmenter : + 35% en dix ans ! Le foncier devient trop cher pour les jeunes agriculteurs qui n’ont plus les moyens de s’installer sauf s’ils héritent de propriétés existantes d’une surface suffisante.
Depuis quelques temps une véritable spéculation s’est même installée. On place de l’argent dans l’achat de terres ou de… bois dont on sait qu’ils vont se raréfier dans à moyen terme. Dans le centre de la France, en 2016, l’achat de 1 700 hectares par un Chinois a suscité un vif émoi politique. Il y a aussi de savants placements jouant sur des déficits d’exploitation permettant de diminuer l’imposition ou des mises en jachère participant à la rentabilisation de parcelles achetées à bas prix afin de recevoir des fonds européens. La plupart de ces investisseurs sont français et leur objectif n’a jamais été l’exploitation bio de leur propriété. Aucune régulation dans la loi en cours mais des vœux pieux quantitatifs. Le collège de Créon qui accomplit des efforts sur les entrées et les desserts en matière de bio atteint difficilement 12 % et a comme objectif de parvenir à 20 %. Comment trouver des matière premières pour plus de 800 rationnaires à des prix convenables dans une environnement proche.
Il faudra aussi un jour rappeler qu’un enfant de maternelle ou d’école élémentaire dans une commune appliquant la semaine de 4 jours va prendre 130 repas dans son « restaurant scolaire » sur 1095 (petit-déjeuner compris) qu’il peut absorber dans une année civile. Mange-t-il des produits sains, savamment cuisinés, équilibrés pour 88 % de sa consommation. Dommage par exemple que le gouvernement se soit opposé à plusieurs amendements rendant obligatoire la mention du Nutri-score (étiquetage avec un code couleur) sur tous les supports publicitaires pour les denrées alimentaires. Ils ont été rejetés sous l’influence des dirigeants des chaînes de télévision ayant peur que cette « simple mention nutritionnelle » ferait fuir leurs annonceurs. En fait ils pourront continuer hors des cantines à empoisonner les enfants par le sucre, les additifs gras ou les colorants. Quel est donc l’intérêt nutritionnel du bio dans la restauration collective ? L’obésité progresse de manière inquiétante.  la prévalence du surpoids (obésité comprise) reste trop importante en 2015 avec 49% des adultes et… 17% des enfants de 6 à 17 ans concernés. Or là encore de manière très hypocrite toutes les tentatives des députés pour réguler les publicités pour des produits alimentaires trop gras, trop sucrés ou trop salés à destination des enfants de moins de 16 ans. Le ministre de l’agriculture s’y est montré défavorable, affirmant qu’il fallait un texte « qui marche sur ses deux jambes » et souligné « le rôle de régulateur du CSA » dans ce domaine ce qui relève de la pure fiction.
Il faudra attendre pour que soit véritablement encadrée la mise à disposition du plus grand nombre d’une alimentation de qualité. Les lobbies sont tellement puissants dans une économie libérale que les modifications acceptées par l’industrie agro-alimentaire sont marginales et surtout elle ne porte jamais sur la consommation de masse. Il est en effet plus simple de faire reposer la modification de comportements sociétaux dangereux sur… les collectivités territoriales. C’est en effet à elles de proposer des repas de grande qualité nutritionnelle et de promouvoir le chou rouge, le céleri, le brocolis, le chou-fleur, la purée de pois cassés, les filets de poisson, la pomme tavelée ou le fromage des chèvres du village d’à coté. Il leur faut entretenir l’illusion que l’accès à la nourriture est avant tout quantitative pour certains qui ont d’abord faim et pas forcément qualitative pour les nombreuses familles qui vivent sous les seuil de pauvreté ! Pour eux le plat de pâtes, le poisson pané ou le jambon cuit sous cellophane resteront encore des menus de princes !

Cet article a 6 commentaires

  1. J.J.

    Toujours des effets d’annonce, des informations biaisées ou franchement tendancieuses, déformées et truquées, du bluff pour endormir ceux qui ne méritent plus le terme de citoyens, tellement on les a décervelés.

    Un bel exemple de « noyage » de poisson : les fla fla que l’on a fait à propos du non évenement que constitue le mariage d’un petit nobliau britannique.

    Ça me rappelle une chanson que Pierre Dac diffusait à la BBC pendant l’occupation :
    – Radio Paris…
    Cherchez le reste ….

  2. Bernadette

    Dans les syndicats agricoles, il y a des chargés d’études qui mettent le fruit de leurs etudes à disposition des lecteurs de la presse syndicale.
    Il me semble que la Fnsea avait signalé que tous les 10 ans disparaissait la valeur d’un département français de terre cultivable. Près de chez moi, il y a des terres non exploitées qui sont en jachère. Pourtant dans le passé, il y a bien eu des primes à la jachère pour ces terres non exploitées. Les agriculteurs se sont considérés fonctionnaires.

  3. J.J.

     » Les agriculteurs se sont considérés fonctionnaires. »

    Certains peut être, mais j’en ai entendu d’autres s’indigner de ces mesures qui dévalorisaient leur activité, les assimilant à des fonctionnaires, dans le mauvais sens du terme d’ailleurs, selon l’idéologie des réacs, bourgeois et « médéfiens » qui profitent largement des services publics mais ne cessent de les décrier.

    1. Bernadette

      Oui tout à fait. Cette agriculteur rencontré il y a déjà quelques années s’était indigné ainsi parce qu’il n’avait aucun droit sur ces terres.

  4. Bernadette

    La PAC verdissante demande à l’agriculteur de déclarer 5% de SIE. (Intérêt écologique)

  5. JJ Lalanne

    Certains agriculteurs ne veulent pas se faire assimiler à des fonctionnaires mais beaucoup après avoir craché sur lesdits fonctionnaires et avoir voté FN, avoir touché les fonds européens ou autres, demandent des prises en charge de l’ État pour cause de sécheresse, d’ inondation, de grêle… Même vu un maire dans les Pyrénées relancer un éleveur pour qu’ il remplisse un dossier dans le but de toucher des subventions dont il n’ avait pas besoin (aux dires de l’éleveur lui-même)! Pas fonctionnaires? Sous-traitants? Pour le naturel de proximité,me souviens de troupeaux français qui migraient entre la France et l’ Espagne dans des zones peu fréquentées. La quantité de seringues laissées au sol dans un secteur de haute montagne était telle que c’ était quasiment un tapis. Époque révolue? Ailleurs,tel berger, bien âgé me montrant la seringue qu’ il avait dans la poche en me disant: « moi aussi, j’y suis venu… » Il y a bien des éleveurs écolos (ou pas) qui respectent la nature mais il faut être un randonneur béat pour ne pas voir qu’ il n’ y a pas que…

Laisser un commentaire