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Il existe vraiment un dilemme du Mondial

Le Mondial de football va débuter et c’est une certitude, bien des aspects de la vie sociale vont se mettre en sourdine face au déchaînement médiatique que provoque cet événement. On attend des milliers de pages de journaux consacrées aux prouesses des chevaliers de la balle ronde ou des milliers d’heures de radio ou de télévision relatant les moindres faits et gestes des Bleus ou de leurs adversaires. Par son universalité, le sport ouvre toutes les portes dans le monde désormais sur-médiatisé en étant diffusé d’un continent à l’autre, d’un peuple de football à une région où le ballon rond n’existe quasiment pas.
Le film de 1999 « La Coupe » résume parfaitement cet impact. Palden et Nyima, deux jeunes Tibetains, qui se sont enfuis de leur pays pour trouver refuge dans un monastère du nord de l’Inde. Ils reçoivent leur ordination et commencent l’apprentissage de la vie monastique. Leur vie contemplative est rapidement troublée par la fièvre que provoque la Coupe du monde de football chez leurs semblables. Palden est entraîné par Orgyen, son compagnon de chambre, dans une escapade au village voisin pour assister a la demi-finale du mondial. Leur maître les prend sur le fait mais finit par accepter de diffuser la finale au monastère. C’est leur victoire car le duo de moinillons fini par faire passer leur passion avant le rigorisme social. Il faut aussi reconnaître que bien des humains sont totalement insensibles à ce « spectacle » supposé être joué par des milliardaires (pas tous) mais justement par réaction ils se tourneront vers d’autres sujets pas forcément plus valables.
Le football est également accusé d’être le nouvel opium des peuples et de servir d’exutoire à un nationalisme grandissant. En fait la mondial représente la quintessence du système libéral puisqu’il donne la prépondérance à l’économie sur tous les autres aspects de la manifestation. D’abord dans l’attribution de la compétition où depuis une quarantaine d’années les paramètres du choix ne sont plus uniquement de portée sportive. Les enjeux deviennent planétaires puisque l’image du pays organisateur rejaillit sur ses dirigeants fussent-ils dictateurs ou simplement autocrates.
Pendant un mois (+ de 10 000 journalistes sur place et environ 35 milliards de téléspectateurs cumulés sur toute la compétition en moyenne attendus), il sera jugé sur une organisation sans faille, des infrastructures de haut niveau et de qualité. En fait bien plus qu’une « guerre » l’accueil de la compétition représente une opportunité pour redonner une fierté nationale et donc devenir un vecteur de cohésion sociale pour un pays. Poutine l’a compris. Poutine l’a fait et il sait que dans cette période de doute créée par l’agité du bocal éméché de Wasinghton il peut devenir le centre de l’attention mondiale et se fabriquer une image positive qu’aucun G7 ou G8 ne pourra lui conférer. L’état actuel de la Russie sera occulté car les envoyés spéciaux ne jugeront que sur la qualité des transports, des hôtels, de la nourriture, de l’accueil, des stades, de la sécurité. Des milliards de téléspectatrices (teurs) ne jugeront la Russie de Poutine qu’à travers les enceintes sportives et ne verra rien à coté !
Le coût estimé du tournoi pour la Russie se monte à environ 12 milliards de dollars en investissement et en fonctionnement mais comme dans un premier temps sont espérés un bon million de supporters dont beaucoup sont dotés d’un fort pouvoir d’achat (meilleurs hôtels, restaurants, déplacements, souvenirs…) puisque près de 80 000 billets ont été par exemple acquis par des représentants des diasporas sud-américaines vivant aux États-Unis ! Il est cependant fort probable que les dépenses seront largement supérieures au rentrées mais c’est comme quand une station de ski obtient une arrivée d’étape du Tour de France il s’agit d’un investissement de notoriété. Rappelons que les Jeux olympiques à Berlin (1936) ou les coupes du monde de football en Italie (1934) ou en Argentine (1978) avaient été confiées à des fascistes notoires en devenir ou installés au pouvoir. Ils acquirent une respectabilité qui dépassa largement le cadre de l’événement sportif.
Il faut alors faire un choix à partir de jeudi. Les intransigeants, les convaincus, les vrais militants, les anti-foot vont rester sur des positions fermes : pas de football ! C’est un peu comme si durant un mois il leur fallait vivre au milieu d’une soirée sympa avec du rosé à volonté et qu’il leur fallait refuser de trinquer. J’admire leur courage. Je loue leur motivation. Je partage leurs convictions. Je me sens coupable de manquer de courage.
Pour moi c’est trop tard. Je sais que je ne ferait pas de résistance. Je vais tenter dans un emploi du temps qui ignore les horaires des matches de me faire une cure de tacles, de feintes, de frappes, de tirs directs… car je pense que ça me changera de la politique ! Enfin presque ! J’ai vraiment envie de passer quelques moments sans trop me prendre la tête. Je succombe et je refuse de prendre des patchs ou aller aux supporters anonymes en cure de désintoxication. Mais pour autant…

Cet article a 3 commentaires

  1. Bernadette

    Bonjour,
    Pourquoi tant de haine contre Poutine. Est ce le fait qu’il soit président de la plus grande puissance mondiale ?
    L’opium du peuple est une expression de Karl Marx quant à la religion. Je pense que Marx avait raison mais c’est un avis très personnel qui ne concerne que moi.
    Pour cette coupe du monde, le fait de mettre un écran géant dans des petites communes rurales charentaises dotées d’un stade de foot est une bonne chose pour les jeunes et les moins jeunes. La vie associative c’est se mutualiser pour offrir un peu de vie.

  2. JJ Lalanne

    Pas à culpabiliser de regarder les matchs et je ne crois pas que Poutine ait besoin de se faire une notoriété vu les scores qu’ il obtient aux élections. De plus le G7 voulant dominer le monde sans la Russie mais surtout sans la Chine et l’ Inde, soit sans la quasi-totalité de la population mondiale, on est dans le ridicule! On a réussi à piquer l’ Ukraine à la Russie et on essaie de la virer de sa base en Méditerranée sous couvert de Syrie mais en même temps on se fait plumer par des Mittal, Indiens, et bien d’ autres,Chinois. Finalement le ridicule ça n’ a pas été Trump,en claquant la porte au G7, mais les Trudeau/Macron qui se comportent comme des roquets suffisants. C’ est peut-être pour ne pas avoir besoin du gaz russe que l’ on accroît massivement nos importations d’ huile de palme?

  3. Bernadette

    Les fonds de pension sont bloqués au royaume uni. Trudeau a investi ces fonds dans des infrastructures, Macron a investi dans le Capital. Desormais la retraite sera faite par capitalisation. Ces fonds de pension pourquoi ont ils été déplacés ainsi ?

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