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Photo L'Equipe /Pichon

Mondial (9) : la longue nuit d’absence des Bleus

Après la campagne plus qu’honorable du Mexique les journalistes du foot de la rédaction de Sud-Ouest eurent à vivre une longue période de disette qui profita amplement au… rugby. Jamais les Bleus n’avaient eu autant de mal à exister puisqu’ils allaient manquer deux rendez-vous mondiaux successifs. Celui de l’Italie (1990) et des États-Unis (1994) se déroulèrent en effet sans la présence des représentants du football professionnel hexagonal. Il était donc presque inutile de dépenser de l’argent pour envoyer des journalistes rendre compte de confrontations dénuées de tout « chauvinisme ». Notre pays n’est pas véritablement accro au football, au sens générique de ce sport. Il ne vit que sur des coups de cœur et un « patriotisme » ponctuel. et donc sans Français la Coupe perdait de son intérêt. On ne s’intéresse massivement aux Bleus en France que quand ils obtiennent des résultats exceptionnels et encore à travers la télévision. Hors des frontières il n’y a jamais eu la ferveur populaire que génèrent quels que soient leurs résultats, les formations britanniques, sud-américaines, espagnoles, italiennes ou même islandaise. Vite vouées aux gémonies les troupes d’Henri Michel n’arrivèrent ps en en 88 et 89 à franchir les qualifications. Difficile de rendre compte au lectrices et aux lecteurs de piteuses performances…surtout que la génération dorée avait disparu et que les nouveaux venus n’étaient pas à leur hauteur sur le plan du jeu et de la solidarité. En fait le navire sombra à Chypre ! On attendait un succès sans problème et le match se soldera par un piteux score de parité (1-1). Une véritable humiliation. Les Bleus avaient pourtant bien commencé en l’emportant 1-0 contre la modeste Norvège. Or le 22 octobre 1988 tout a dégénéré.
Depuis des semaines une crise couvait. Henri Michel avait eu la « mauvaise » idée de be pas retenir quelques mois auparavant le « caractériel » Eric Cantona pour un match amical face à la Tchécoslovaquie. Il essuya une réplique sans nuances de l’enfant terrible du football français par presse interposée : « Je lisais un truc de Mickey Rourke, parce que c’est un gars que j’adore, qui disait que le mec qui s’occupe des Oscars est un sac à merde. Je pense qu’Henri Michel n’en est pas loin ». Il essuiera dix mois de suspension mais la crédibilité du sélectionneur sera largement entamée. Il affronte le doute !
Au journal Sud-Ouest tout le monde sait qu’un homme est dans l’ombre. Moustachu tel un bandit des grands chemins d’antan, rond dans les formes mais tranchant dans les avis malgré une élocution difficile, intrigant et ambitieux Claude Bez Président des Girondins n’aimait pas le caractère un tantinet détaché du responsable de l’équipe de France. Il préparera donc un coup d’État en faveur de Michel Platini. Il ne ferait rien pour sauver les Bleus et au contraire il saisirait le moindre faux-pas pour renverser la table. Il n’hésitera pas longtemps après le fiasco de Limassol. Incapables de faire le jeu, malmenés sur le plan de l’agressivité, sans aucune unité la France avait ouvert miraculeusement le score par Xuereb et était rejointe à moins de dix minutes du coup de sifflet final par une formation chypriote obtenant le seul point de son histoire en qualification pour la Coupe du monde.
Claude Bez n’hésitait pas un instant : il flingua le sélectionneur et s’arrogea le poste de super-intendant de l’équipe de France. Il l’obtint en novembre 1988 et ramèna le jour de la Toussaint « Platoche » dans ses filets alors que la France comptait pourtant une victoire et un nul. J’avais rencontré ce dernier lors du jubilé de Dominique Rocheteau à Royan le 18 août… Sûr de lui, distant, se foutant parfois de moi il m’avait accordé au restaurant où déjeunaient les joueurs de l’équipe des « vrais verts de Saint-Etienne » et du Variétés Football Club un maigre entretien. Des réponses dilatoires et un vrai sourire moqueur lorsque fut évoquée l’équipe de France il ne m’accorda que quelques minutes pour ne pas dire grand chose ! Or tout le monde savait que déjà il guignait vers le fauteuil occupé par son aîné nantais.
L’ayant obtenu il fera pas de miracles puisque les Bleus perdront contre la Yougoslavie (2-3) réaliseront un piteux nul (0-0) contre l’Eire, seront battus en Ecosse (0-2) avant de ne pas pouvoir vaincre les « Yougos » (0-0) et enfin remporter leur premier succès en amical en Suède. Un nul contre la Norvège à l’extérieur et deux victoires sur l’Ecosse et Chypre seront insuffisants pour renvoyer… Michel Platini en Italie à la tête d’une sélection nationale ! Il n’ira d’ailleurs jamais à la Coupe du monde mais (et c’est prémonitoire) à la fin du mois de novembre 1988, Michel Platini se rendit dans le golfe Persique (tiens donc) pour assister au match d’ouverture de la coupe d’Asie des nations de football se tenant… au Qatar le 2 décembre. Il y était convié par l’émir du Koweït au match Koweït-URSS le 27 novembre et joua ce match dans l’équipe de l’émir obtenant ainsi une sélection officielle dans ce pays.
En janvier 1990, c’est l’équipe de France qui se « produit » dans l’émirat koweitien, lors d’un tournoi à trois. Le Koweït est battu (0-1) et l’Allemagne de l’Est aussi (0-3). Ce déplacement a été effectué en raison de l’amitié lian Michel Platini et le cheikh Fahad Al-Ahmed Al-Jaber Al-Sabah, celui qui avait interrompu le match de la Coupe du monde 1982 France-Koweït pour obtenir l’annulation du but de Giresse. Il en restera président de la fédération koweïtienne jusqu’à son exécution lors de l’invasion irakienne…. amis on reparlera beaucoup plus tard du Qatar dans le football mondial. Et on en reparlera encore…

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