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Le monde du travail devient de plus en plus déshumanisé

Le monde du travail en général est devenu abstrait, froid, régenté, encadré, aseptisé et il est certain que la montée en puissance de la nécessité du profit en a exclus des principes réputés néfastes au rendement alors qu’ils participaient au bon fonctionnement antérieur des entreprises , des bureaux ou des lieux où l’on exervce une activité. Cette évolution qui repose sur de grandes théories du « management » efficace a détruit tous les liens sociaux existants sur tous des lieux où il faut être à la hauteur tout le temps et toujours. Plus question d’empathie ou de partage réel de ce qui est l’essentiel de l’action puisque le poids du système hiérarchique est devenu prépondérant avec des codes stricts. Jamais le milieu du travail n’a été aussi cloisonné dans les comportements individuels et la notion historique de « compagnonnage » ayant prévalu durant des décennies n’appartient plus qu’à de rares métiers ! Le partage d’un objectif commun ou même d’un projet commun n’a plus grande chance de retrouver sa place dans la vie professionnelle. Rongés par des exigences strictement fonctionnelles et financières les principes de solidarité, d’échange, de coopération s’amenuisent en effet chaque jour davantage car ils sont considérés comme improductifs ou inutiles. Pire on en arrive à un relationnel qui devient suspect s’il mêle les niveaux de responsabilité.
L’automatisation des taches, les rapports humains que l’on n’entretient qu’à travers les réseaux informatique, des échanges purement virtuels et surtout un parcellisation outrancière du travail ont rendu les rapports entre travailleurs au sens large, illusoires. Même les moments pourtant essentiels autour de la machine à café (ou à thé) sont parfois interdits puisque de plus en plus considérés comme du temps perdu ou susceptibles de véhiculer une mauvaise image des gens qui le pratique. Tout est minuté et vérrouillé. La défiance s’installe vite. désomais on va chercher son café et on le déguste à sa place sans aucun échange avce les autres. Ces moments là comme d’autres où se construisaientt souvent la confiance, une forme de solidarité se traduisent par des pauses accordées pour aller « fumer » ou « s’aérer ». Dans les entreprises ayant analysé les situations productives le constat est implacable : les résultats sont qualitativement pourtant bien meilleurs dans un environnement ouvert que dans un espace étriqué.
Le système scolaire ne favorise pas cet apprentissage de la future vie commune indispensable à la réussite individuelle.
Cette dernière vient souvent d’un travail d’équipe et, il y a peu de grands succès sans plaisir et enthousiasme. En faisant de la place, du temps pour construire dans le respect mutuel, en cultivant dans les équipes l’envie de participer on récolte des bénéfices de manière exponentielle. Personne n’a vrai la volonté de se dépasser sans que ce soit plaisant ! Connaissez-vous des gens qui excellent à faire quelque chose sans que ce quelque chose ne leur soit plaisant ? Certains se dépassent pour atteindre, aux prix d’efforts parfois terribles, un objectif qui le valorise. Ils n’y parviennent que s’ils se sentent soutenus et surtout estimés.
Le monde du travail devient de plus en plus triste. Le dialogue se résume à des relations institutionnelles codifiées. Y déroger est parfois assimilé à une faute grave. Le déjeuner doit être de travail… alors que souvent il et plus utile sans ordre du jour mais pour un échange. Plus vous êtes élevés dans la hiérarchie et plus les échelons inférieurs vous incite à ne traiter qu’avec lui pour éviter que la réalité apparaisse ou que leur statut soit remis en cause. J’ai personnellement toujours plus appris en cassant la croûte en toute confiance avec des employés réputés de base qu’en réunissant un symposium sur un sujet précis. La vérité sort plus aisément dans un moment de détente partagé que dans un entretien formalisé. Prendre le temps d’écouter reste la qualité essentielle du décideur… mais il n’en a jamais le temps puisqu’il passe son temps justement à « décider » sur la base des éléments préparés à son intention que l’on soumet à son appréciation. Le monde du travail est devenu similaire à celui du pouvoir politique. A moins que ce ne soit l’inverse.
En tant qu’employeur il ne suffit pas de valoriser le travail d’équipe si on se contente pour le faire d’évaluer les performances individuelles cumulées. Les inter-relations humaines au travail deviennent décisives et il est essentiel de bien les cerner avant de décider. Désormais c’est un paramètre bien oublié car l’essentiel devient toujours l’atteinte de l’objectif et du résultat à n’importe quel prix. La méthode de ne compter que les échecs sans jamais valoriser les réussites conduit inévitablement à la défiance et à des rapports conflictuels. Ils augmentent.
En cette rentrée le monde du travail va aborder des situations purement matérielles : pouvoir d’achat, retraites, allocations chômage. Nul ne peut affirmer que c’est inutile. Mais l’émancipation du salarié, son rôle direct dans l’entreprise, la prise en compte d’évolutions pénalisantes (temps de trajet domicile-travail, horaires, rôle..;) d décisif pour l’avenir ont été soigneusement occultés dans des textes législatifs récents. Les revendications sur ces sujets ne sont pas suffisantes et se règlent souvent par des avancées financières très restreintes en ce moment mais qui évitent d’aborder les sujets essentiels. Les dossiers de « harcèlement » se multiplient. Les maladies psychologiques augmentent. Les burn-out sont des réalités croissantes. Les démissions transformées en rupture conventionnelle ne cessent de croître et masquent souvent de dures réalités. La médecine du travail effectue des constats qu’elle tente de réguler via la médecine de ville distributrice de pilules de bonheur artificialisé.

Cette publication a un commentaire

  1. faconjf

    Bonjour,
    triste constat que celui d’un retraité jugeant le travail d’aujourd’hui. Pas mieux le constat d’un ex-journaliste devenu député dans son rapport parlementaire François Ruffin dissèque les conséquences du burn-out et les pathologies psychiques dues au travail.
    Même constat pour cette avocate « Votre sujet a une importance énorme pour les salariés que je défends, estime Me Ducrocq, avocat en droit du travail au barreau de Lille. Pourquoi ? Parce que je suis dans une impasse totale, dont je ne suis pas très fière.

    J’ai des gens à défendre, je n’arrive pas à les défendre. Pour parler clair, les personnes que je reçois, ce sont des légumes. Alors, lâchement, qu’est-ce qu’on fait ? On les écoute, et puis on n’a plus qu’une solution : essayer de trouver un biais pour les sortir de l’entreprise. Ils se mettent en arrêt, le plus longtemps possible, je les envoie chez le psy, chez le médecin du travail, qu’on manipule, il va les déclarer en inaptitude, et puis la personne reçoit sa lettre de licenciement.

    Elle a perdu son boulot, elle est à l’ARE [allocation d’aide au retour à l’emploi], elle est détruite, donc il n’est même plus question qu’elle retourne sur le marché de l’emploi. Souvent elles va finir au RSA, et les carottes sont cuites pour elle. Je suis dans une impasse, et mes collègues sont dans la même impasse. Votre proposition de loi aurait le mérite d’instaurer une présomption d’imputabilité, dès lors qu’on a une maladie psychique liée au travail, à charge pour l’employeur de montrer le contraire. Ça changerait tout. »
    Faut pas rêver, l’heure est à la compression des coûts de ce que l’on appelle maintenant ressources humaines.
    L’un des leviers de management découlant de la politique RH (Rien d’ Humain) c’est l’évaluation ( tiens tiens ici aussi !!).
    L’évolution du travail ne date pas d’hier mais commence vers 1900 avec le Taylorisme ( Organisation Scientifique de Travail OST) jusqu’aux années 50, puis vient le management avec Drucker et la Direction Par Objectifs ( DPO), dans les années 70 c’est le modèle japonais avec la qualité totale, dans les années 80 apparaissent les analyses de Mintzberg apportant l’externalisation des tâches et les réorganisations qui en découlent et voici aussi la notion de gestion de ressource humaine.
    Alors c’est quoi la Gestion RH ?
    La gestion des ressources humaines intervient à tous les stades de la vie des collaborateurs dans l’entreprise, dont leur entrée et leur départ. Elle se décline ainsi en de multiples tâches : définition des postes, recrutement, gestion des carrières, formation, gestion de la paie et des rémunérations, évaluation des performances, gestion des conflits, relations sociales et syndicales, motivation et l’implication du personnel, communication, les conditions de travail, sélection, et équité (justice distributive, interactive, etc.).
    Le DRH ( Définitivement Rien d’Humain) devient l’ultime rempart de la direction le personnage dont la chemise est plus précieuse que l’avenir du salarié.
    Le DRH est la personne la plus importante après l’actionnaire car elle tient entre ses mains l’avenir professionnel, la rémunération, la formation et le statut du salarié. En cas d’extrême nécessité le siège du DRH est aussi éjectable offrant un ultime fusible au système en place.
    Alors c’est pas beau le progrès ???
    Salutations républicaines

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